Cher Julien67,
Vous avez toutes les qualités pour réussir en politique, du moins dans une cantonale alsacienne, mais seulement avec des électeurs pas trop regardants. Votre discours correspond tout à fait à ce que veut entendre le courageux patriote de comptoir lecteur non critique des caricatures de Hansi. Ceci dit sans aucun antirépublicanisme (bien que les errements de la IIIe puis de la IVe, ...).
L'histoire ne s'écrit pas ainsi.
julienf67 a écrit:L'unique but de guerre des Prussiens en 1871 est l'unification allemande et la création du second empire.
But principal, pas unique. L'Alsace n'est pas "colonisée" mais c'est un Reichsland (propriété commune, afin de de pas l'attribuer à la Prusse et à ne pas faire de jaloux. Avec les jalousies princières ou grand-ducales, c'est un piège. Un vrai piège jaloux comme l'affirmait un philosophe de la vallée des lacs. Avec une évolution en 1911 mais passons.
julienf67 a écrit:des attaques de partisans (une grande hantise allemande, lors de cette guerre mais également des suivantes)
C'est le lot de toutes les armées d'occupation confrontées à des peuples fiers ... En principe les traités internationaux tentent de réguler les rapports occupants/occupés mais les dérives sont de tous temps et de tous camps, hélas. On peut aussi s'interroger, depuis 1962, sur le positionnement des FFI et autres partisans à (éventuel) brassard, ravitaillés par les populations. Pas simple.
julienf67 a écrit:L'annexion n'a été qu'une idée après coup de Bismarck, mais qui aurait pu être facilement balayée si les Français avaient voulu continuer la guerre.
Voilà bien le type de la reconstruction. La prise de la place forte de Metz et des crêtes vosgiennes entraient dans la même géostratégie que la récupération de populations très majoritairement germanophones. Consolider le Reich et casser le risque français.
julienf67 a écrit:un certain antirépublicanisme. Pour rappel la chambre qui abandonne l'Alsace Moselle est constituée aux 2/3 de monarchistes, 1/3 de fleur de lys, et 1/3 de bleu-blanc-rouge. La 3ème république ne commence vraiment qu'au milieu de la décennie 70
Jugement de valeur ... à rapprocher de l'absence de latitude de ces élus. Un roitelet aurait-il pu faire autrement ? On peut aussi évoquer le coup d'état parisien des républicains contre l'empire, tant qu'à faire.
julienf67 a écrit:La paix de 1871 et l'armistice de 1940 ont ceci de commun qu'ils permettent à des politiciens de bas étage d'accéder au sommet du pouvoir en trahissant leur pays et ses habitants.
??? Vous allez faire un tabac au café du commerce ! (si on peut encore employer cette expression depuis les lois & vins). Ce n'est pas sérieux d'insister ainsi sur cette "trahison" (à définir) et ce complotisme voulant pointer des élites décadentes et perverses face à un "peuple" forcément pur et victime. Et en 1940, PETAIN n'est pas du tout "de bas étage", ou alors je ne comprends pas la définition, mais de l'académie française, etc.
julienf67 a écrit:Pour ce qui est de 1940, à aucun moment la France de Vichy n'a fait quelque chose de concret pour s'opposer à l'annexion.
Je vais vous guider puisque vous enchaînez les platitudes. Vous ne voulez certainement pas creuser le dossier, c'est plus simple. Bien entendu il n'y avait pas de moyens militaires et il y avait la crainte d'un envahissement de la zone libre. Les intentions allemandes étaient claires depuis longtemps, et la visite d'AH à Strasbourg et à la Schlucht le 28 juin 1940 ...
- une douane allemande est instituée unilatéralement sur l'ancienne frontière : jamais cette frontière ne sera reconnue. Pas de douaniers ou fonctionnaires français. Vous n'en savez peut-être rien.
- maintien des structures administratives alsaciennes (préfectures, universités, évêché, services divers) depuis la zone libre. C'est gênant pour vous, donc vous éludez.
- financement de la résistance alsacienne (DUNGLER) mais aussi des actions du 2e bureau clandestin, affaire BAREISS. Quand l'équipe BAREISS a été capturée (juin 1942) et condamnée à mort pour trahison, qui intervient vivement et par écrit (avec succès) pour noter que BAREISS, sujet français puisqu'Alsacien ne peut pas avoir trahi d'Allemagne ?
- mentions très fréquentes du soutien aux Alsaciens-Lorrains dans les discours et déclarations publiques de PETAIN et Vichy. Voir aussi les actions en sous-main, via le livre de LAVAGNE, publié sous pseudo et d'ailleurs préfacé par un résistant alsacien (ou réputé tel par la bien-pensance d'après-guerre) Robert HEITZ. Bien entendu, Vichy n'a pas envoyé l'armée d'armistice en opération de guerre ... à votre grand regret.
- François DELPLA reviendra avec justesse sur la manipulation hitlérienne qui utilise la menace de l'annexion (entre autres moyens) pour saigner la France plus efficacement que par la violence. Connaissez-vous le manifeste des Trois-Epis et son utilisation ?
julienf67 a écrit: En 1871 le français reste une langue minoritaire en France chez les masses paysannes encore majoritaires. Le français s'imposera réellement avec l'école obligatoire de la 3ème République et dans les tranchées.
Je suis globalement d'accord (quoi que les patois francophones soient majoritaires), sauf que de sous la IIIe, les Alsaciens ne bénéficient pas de ces progrès indéniables. Par contre, vous pourriez le souligner, ils connaissent un développement économique hors normes, d'où une paix sociale et le sentiment de déclassement en 1919.
julienf67 a écrit:Enfin, la question de la langue n'a aucun intérêt ou poids pour savoir de quel coté penche l'Alsace ou la Moselle. [...] Une spécificité française est d'avoir créé le nationalisme, et les Alsaciens sont Français à 100% durant les 18ème et 19ème siècle. Les Alsaciens Mosellans ne peuvent se reconnaitre dans une unité allemande
Encore des généralités ! Les Alsaciens, sont composés d'élites bourgeoises plutôt francophiles et de masses paysannes ou ouvrières quasi 100% germanophones, assez insensibles à l'orientation politique. Ils sont de leur paroisse. Le Reichsland était très libéral pour le maintien de la langue française, la possibilité de conserver des propriétés, rien à voir avec les mesures d'expulsion et de ségrégation de 1919. Vous devriez en parler.
julienf67 a écrit:Pour rappel également, l'Alsace était peuplée de gaulois
On ne va pas remonter à la préhistoire ! Ces gaulois, étaient peut-être alémaniques ? Attention, à trop forte dose, MICHELET, MALLET-ISAAC, LAVISSE, c'est toxique.
julienf67 a écrit:Les Alsaciens Mosellans ne peuvent se reconnaitre dans une unité allemande qui vient d'apparaitre au bénéfice de le Prusse (état oriental et protestant, ces 2 points étant très importants car créant une différence irréconciliable).
Là, vous êtes encore à côté de la plaque ! La religion dominante en Alsace n'était pas le catholicisme mais un savant assemblage avec des luthériens et calvinistes (plus quelques mennonites, sans parler des juifs) qui, bien entendu, s'entendaient moyennement entre eux. Par contre tous les cultes étaient respectés et financés (concordat). On pourrait discuter des erreurs et provocations de nos radicaux laïcards et francs-maçons (HERRIOT) de 1919 à 1924 : résultat, une coalition de régionalistes, autonomistes de toutes tendances, du PC alsacien aux cléricaux et aux très proches de NS.
julienf67 a écrit:Le plus grand scandale politique du 2ème reich est d'ailleurs l'affaire de Saverne de 1913
Avez-vous déjà entendu parler de manipulations politiques, de récupérations et de journalisme aux ordres ? Parait que ça existe encore ...
Puisque vous voulez pointer "les erreurs", on peut aussi commencer à se pencher sur votre prose :
Triste leg de la barbarie du régime nazi, l’Alsace-Moselle est la seule région française a avoir sur son sol un ancien camp de concentration allemand. Le camp de Natzweiler-Struthof a été construit pour accueillir principalement des résistants et des opposants locaux, de la région annexée mais aussi des territoires proches. Cet outil permettait au nouveau pouvoir nazi d’oppresser efficacement la population en ayant la possibilité de déporter facilement pour quelques mois les récalcitrants. Une fois libérés, le triste état physique et mental des anciens prisonniers était un argument très efficace pour dissuader les éventuelles oppositions. En effet, les jeunes déportés cités précédemment sont rentrés chez eux en ayant perdu 30 kilos en moyenne.Consternante confusion entre le KL Struthof (vous oubliez le couplet sur la collection de squelettes juifs et les expériences médicales) et le Sicherungslager Schirmeck, camp régional à la main de la Gauleitung, bien en vue pour la rééducation des indigènes, puis destinés à réceptionner les résistants vosgiens.
Attendons les commentaires toujours truculents de notre ami Loïc.
J'en reste là, constatant que vous persistez à massacrer l'histoire en la caricaturant, tout en prétendant corriger nos erreurs ...
JD