François Delpla a écrit:Je vois une différence avec Oradour, outre l'échelle.
Oradour a valeur d'exemple national et préventif, quatre jours après le débarquement. Un gros village proche d'une grande ville, sans activité résistante connue, est intégralement passé par les armes ou le feu, des bébés aux centenaires. L'exécuteur est une unité SS visitée par Himmler deux mois plus tôt. Voilà qui invite à rechercher une préméditation au plus haut niveau du Reich, sinon dans tous les détails, du moins sous la forme d'une directive générale : faites un exemple, retentissant et aisément compréhensible par le pays entier, et dictant sa conduite à la Wehrmacht elle-même. Le crime est plus "contre l'humanité" que "de guerre". Les victimes sont tuées parce que françaises, dans le cadre d'un plan concerté (du moins l'instruction aurait-elle dû travailler dans ce sens).
A Maillé, on est donc plutôt dans les travaux pratiques : une unité ordinaire fanatisée par un nazi de base, serrée de près par la Résistance, sur un axe essentiel d'une retraite allemande du territoire français que Hitler a ordonnée précipitamment après le débarquement de Provence. Il s'agit d'un crime de guerre, fondamentalement, même si sa sauvagerie est typiquement nazie et si l'idée de donner une leçon à toute la France le jour de la libération de Paris hante probablement certains esprits.
Je me permet de revenir à la vieille intervention de Monsieur Delpla. La qualité historique de son auteur est importante, mais, dans ce cas - comme à Oradour - la nécessaire prise en compte de la discipline militaire est essentielle!
Appelons un chat, un chat, durant l'occupation allemande, les maquis et réseaux de résistance étaient, tous, qualifiés, par l'Occupant, de "terroristes" - on retrouvera une assimilation similaire durant la Guerre d'Algérie, alors, baptisée, officiellement, maintien de l'ordre - . Les "résistants" n'avaient été considérés comme tels , que durant l'Occupation, par "Londres", pour faire simple, et après la "Victoire".
Si on jette un coup d'oeil un peu sérieux sur les clauses de la Convention de Genève, avant même 1870, les "francs-tireurs" civils qui prenaient les armes, dans le cadre d'une opération militaire adverse, n'étaient plus couverts par lesdites clauses et relevaient, dès lors, du seul règlement militaire de l'armée directement concernée. Les décisions "patriotiques" "à la c.." de la III
ème République, encourageant les francs-tireurs, avaient, déjà, alors, débouché sur des "exécutions", par l'Occupant, de civils pris dans le tas, pour faire exemple!
Certes, le cours du conflit, en 1940-1945, avait donné raison ou justifier ce "terrorisme" civil - de même, en Indo-Chine ou Algérie, mais pour des raisons opposées -, néanmoins la méthode de "répression" aveugle & brutale, vis-à -vis des "civils", ne trouvait, elle-même, au départ, sa source que dans l' application militaire imposée par les circonstances et les actes perpétrés... pour calmer "le jeu". La France, dès 1870-1871, avait, elle-même, inauguré et instauré cette forme de résistance civile armée, jusque-là inconnue.
Il est très triste de devoir constater l'ampleur humaine de certaines exactions très excessives - euphémisme! -, mais, à l'origine, leurs sources sont à chercher du côté des actions des maquis. Après le massacre d'Oradour, les consignes de "Londres" avaient été de calmer, très vite, le jeu et laisser monter au casse-pipe, en Normandie, les unités allemandes.