Chronique de la Moselle annexée : la germanisation à marche forcée
L’administration passe à l’heure allemande
En 1871, la France cède officiellement par le traité de Francfort l’Alsace et la Moselle à la Prusse. Cette cession de territoire a été dénommé « annexion de droit ». La Moselle est devenue le Bezirk Lothringen pendant 48 ans ( 1871 – 1919) . Il a fallu attendre le traité de Versailles de 1919 pour que l’Alsace et la Moselle redeviennent françaises.
Désigné depuis le 13 mai 1940 chef de l'administration civile de la lorraine occupée, le Gauleiter de Sarre Josef Bürckel reçoit le 6 août de Hitler l'ordre de germaniser la Moselle dans un délai de dix ans. Bürckel répond le 13 août « Mein Führer, ce serait fait dans un délai de cinq ans ».
En août 1940 le département de la Moselle est devenu l’administration civile en Lorraine (Zivilverwaltung Lothringen). Rebaptisé Lothringen, le territoire est intégré en 1941 au Reichsgau Westmark avec la Sarre et le Palatinat. Le Gauleiter Bürckel cumule les fonctions de Gouverneur du Reichsgau Westmark et de Chef de l’administration civile de Lothringen. Sur les cartes allemandes, la frontière entre la France et la Lothringen est légendée « frontière administrative » (Verwaltungsgrenze) pour sauver les apparences vis-à-vis de Vichy. Il s’agit d’une « annexion de fait » non reconnue par le droit international.
La Lothringen est structurée en circonscriptions administratives allemandes (Kreis) qui remplacent les arrondissements français. Tous les Landrat (sous préfet) sont allemands. En application de la loi allemande de 1935, les maires sont nommés et non élus. Si dans les villages des autochtones sont choisis, dans les villes ce sont des (Ober) Bürgermeister allemands sont mis en place.
Normalisation de la vie économique et sociale
L’espace public est germanisé : le nom des communes, le nom des rues, les panneaux indicateurs, les enseignes des commerces sont modifiés. La langue allemande est la seule autorisée comme langue parlée et écrite (presse, livres). La culture (cinémas, théâtre, manifestations) et le sport sont à l’heure allemand.
Le système économique (commerces et entreprises) est soumis aux lois et normes allemandes. Le Reichsmark devient la monnaie officielle. Les biens des expulsés et des juifs sont confisqués par le Reich : des administrateurs sont nommés pour les biens professionnels. Le patrimoine mobilier et immobilier des particuliers est vendu ou loué au profit de l’état allemand.
Les associations, les corporations, les congrégations religieuses sont dissoutes. Leurs avoirs sont confisqués. Les établissements scolaires primaires et secondaires sont étatisés (plus d’enseignement privé) avec les programmes allemands dès la rentrée 1940. Les établissements de soins (hôpitaux, hospices) sont municipalisés ou étatisés.
Le statut des lorrains
De 1940 à 1942 les mosellans sont considérés comme lorrains membres de la communauté allemande (Volksdeutsche Lothringer) avec des droits sociaux identiques aux allemands mais ils n’ont pas la nationalité allemande. Tous les prénoms des lorrains sont germanisés certains noms de famille aussi.
Pour se marier il faut présenter le livre des ancêtres qui prouve que l’on a pas d’ascendance juive.
En août 1942, la nationalité allemande est octroyée aux lorrains. Elle a pour but de permettre l’incorporation des jeunes lorrains dans l’armée allemande. C’est l’étape ultime de l’intégration dans le III. Reich.
(source : la nazification de la Lorraine Mosellane Dieter Wolfanger)
(à suivre)