François Delpla a écrit: (...)
Reste le versant hitlérien de l'affaire : ce Weygand sur le fil du rasoir sert merveilleusement le moustachu, au point qu'on puisse le soupçonner de guider ses pas avec une grande précision et je ne suis pas sûr que Jacques, Francis ou Laurent soient très attentifs à ces aspect des choses.
Tu devrais savoir que ma réactivité est inversement proportionnelle à la tienne ainsi qu'accessoirement à mes maigres connaissances. Laisse-moi le temps de compulser mes bouquins sans lesquels je suis désarmé pour t'asséner des "arguments d'autorité".
Mes bouquins ? Trop nombreux pour me forger une opinion à brûle-pourpoint ! Par exemple celui de William Langer,
Our Vichy Gamble ("
Le jeu américain à Vichy" dans sa traduction française chez Plon, 1948) indique que la mission Rougier n'est qu'un épisode dans les intenses négociations entre Washington et Londres à propos de l'aide américaine en l'AFN (accord Weygand-Murphy). Il est vrai que dans ce contexte, Montoire bouscule la donne. Livre intéressant car c'est du vécu en "live" comme il est mentionné sur mon écran de TV en regardant la finale d'un match de tennis.
Reste aussi à dénouer le vrai du faux à propos du "protocole" ou pseudo-protocole signé ou non par Churchill. Et comme tu es cité par Jean-Paul Cointet,
Histoire de Vichy, Plon, 1996 reproduisons l'extrait :
On sait aussi qu'après la guerre le gouvernement anglais, après avoir nié l'existence du moindre accord avec Vichy, a dû accepter une interpellation aux Communes sur ces contacts. Était-ce ou non l'écriture de Churchill qui figurait sur le fameux - ou pseudo « Protocole » ou celle d'un haut fonctionnaire du Foreign Office, en l'occurrence lord Strang ? Et quel type de convention "couvrait" ce paraphe ? Et les Anglais de publier leur première version, selon laquelle les échanges de Churchill avec Rougier étaient destinés à alimenter un entretien de celui-ci avec Weygand pour le faire basculer dans une résistance active à l' Allemagne et non à prendre le moindre engagement avec Pétain. Aucune reproduction des documents en question n'ayant été donnée et leur consultation demeurant réservée, Louis Rougier parla de falsification. Enfin communiqué en son entier, le document, selon Robert Frank, confirme le point de vue britannique de l'après-guerre : à savoir document non paraphé par Churchill en personne et adressé moins à Pétain - tenu simplement informé - qu'à Weygand; le blocus ne serait atténué qu'au cas où la France "passivement ou activement aiderait la victoire britannique".
A moins d'imaginer la fabrication d'un faux du côté britannique, il faut bien en rester là; François Delpla n 'y croit pas pour sa part mais estime qu'il s'agissait bien du paraphe de Churchill mais confirme que le Protocole en question s'adressait au général Weygand. Accepter l'autre version, celle de Rougier, ne conduirait pourtant à d'autre conclusion que celle-ci: Londres redoutait bien avant Montoire - Rougier rencontre Churchill le 25 octobre -, compte tenu de la faiblesse de la position française, que Vichy ne fasse des concessions et n'accepte des ouvertures du côté de Berlin, au niveau de l'empire et de la flotte. Les craintes anglaises sont bien antérieures; elles remontent en fait à l'époque de l'armistice, même si elles ont été renforcées avec l'affirmation du rôle personnel de Pierre Laval dans la gestion de la politique française.
Il y a aussi "
Montoire" de François Delpla. Pftttt... Tu ne pourrais pas opter pour un style un peu plus limpide. Chaque paragraphe nécessite une analyse grammaticale pour raccorder les verbes aux sujets et aux compléments.
Enfin, François Delpla, quelques contributions plus loin, écrit :j'admettais la thèse de Schmitt, reprise par Duroselle avant de l'être par Deleu, sur l'insignifiance de la mission mais je commençais à nourrrir quelques doutes.
Euhhh ! Dans le contexte explosif du débat, je n'ai fait que reproduire un extrait de Duroselle sans commentaire. L'extrait s'est révélé comme une bonne base de discussion.
Cordialement,
Francis.