Post Numéro: 29 de Utaha_Beach 20 Mar 2004, 23:55
Bir-Hakeim, le grain de sable français
Mai 1942, La Wehrmacht avance en Russie avec une gigantesque offensive qui prévoit la prise de Moscou (25 octobre) et l’entrée à Bakou (25 septembre), tandis qu’en Afrique son objectif est la prise du canal de Suez. Si une défense élastique permet au soldats russes de se rétablir sur la Volga et de briser le rêve hitlérien, la défense rigide de la VIIIème armée fait le jeu de Rommel. Il fallut qu’un grain de sable enrayât l’avance italo-allemande, qui n’atteignit El-Alamein qu’après l’arrivé de divisions britanniques fraîches: ce grain de sable s’appelait Bir-Hakeim!
Fin mai 1942, la première brigade des Forces françaises libres occupe le sud du dispositif de la 8è Armée britannique en Libye face aux Forces germano-italiennes de l'axe. Point d'appui à l'extrême gauche du dispositif, cette position est d'une importance considérable, car elle est en mesure d'empêcher toute manœuvre d'encerclement par le sud des Forces alliées, en retraite désordonnée, après la défaite et la chute de Tobrouk qui ouvre la voie du Caire aux chars allemands.
Le 27 mai 1942, la position de Bir Hakeim, attaquée par la division blindée italienne "Ariete", soutient un combat acharné mené jusqu'à l'intérieur du point fort. L'ennemi, repoussé, laisse quarante chars sur le terrain.
Du 1er au 10 juin, la position, harcelée méthodiquement, est complètement encerclée par des forces allemandes et italiennes, en supériorité numérique écrasante. Le général Rommel, commandant les forces ennemies s'efforce de faire sauter ce verrou. A l'ultimatum exigeant une reddition, le général Kœnig, commandant la brigade française, répondra : "Nous ne sommes pas ici pour nous rendre."
Malgré les tirs d'artillerie et les bombardements aériens les plus violents, la Brigade repousse tous les assauts, ne cède pas un pouce de terrain, inflige à l'ennemi des pertes élevées.
L'incroyable audace d'un groupe de volontaires du Train réussit, de nuit, à faire pénétrer dans la position un convoi de trente camions. Le 10 juin cependant, toutes les ressources en eau, vivres, munitions, sont à la veille d'être épuisées. La garnison reçoit du Commandant de la 8è armée britannique l'ordre de se replier. Au cours de la nuit du 10 au 11, elle se fraie un passage de vive force à travers les lignes ennemies et les champs de mines, ramenant ses blessés et le matériel encore utilisable.
Par sa résistance prolongée au-delà de tout espoir et dont le retentissement mondial fut immense, la 1ère Brigade Française libre permit à la 8è Armée britannique de se dégager et de trouver le temps nécessaire au redressement de la situation, à El Alamein. Aux Français, alors sous l'oppression allemande, elle confirma leur foi en leurs destinées et en la victoire. La Résistance intérieure, celle de Jean Moulin et Christian Pineau, rejoint la France libre pour ne faire qu'une seule France combattante. Bir-Hakeim est la première sévère défaite infligé par les FFL aux troupes nazies. Nous devons salués le courage de ces hommes qui au pris de leur ont défendus une position et on peut-être décidé du sort du monde car si El-Alamein tombait, c’en était finit de la VIIIeme armée britannique.
Le Cimetière, érigé sur l'emplacement même des combats, a été maintenu "In Memoriam". Une piste y conduit, jalonnée de Croix de Lorraine, à partir d'El Adem.