Source:
Image de guerre - Marshall Cavendish
La grande Histoire de la seconde guerre mondial - P.Montagnon - France Loisirs
L'Encyclopédie de l'histoire - Larousse
L’Italie en guerre
Du rêve à la débâcle
Jusqu’en 1935, tout semblait réussir à l’Italie de Mussolini. Depuis son accession au pouvoir le 29 octobre 1922, les indices économiques attestaient une amélioration sensible.
Par l’augmentation des rendements et l’assainissement de millions d’hectares de terrains marécageux, la production de blé permit d’assurer la consommation nationale dès 1933.
L’industrie naissante fut structurée par un organisme étatique et aidée par une politique de grand travaux.
Une politique nataliste fit passer la population de 38 à 45 millions.
D’un point de vue diplomatique, Mussolini parvint à redonner un certain poids à son pays.
Mussolini fut un dictateur qui ne s’embarrassait d’aucun scrupules avec ses opposants et qui souhaitait mettre au pas les esprits, mais les résultats étaient indéniables, alors que les démocraties étaient empêtrées dans une profonde crise économique et politique.
Ces réussites intérieurs provoquèrent même une certaine admiration de la part de démocrates aussi irréprochable que Churchill.
Le rêve d’un empire :
Si Mussolini est arrivé au pouvoir, c’est parce qu’il avait su répondre aux aspirations de son peuple, humilié par le traité de Versailles e son statut de puissance de second rang en Europe.
Cet orgueil national bafoué était une corde que Mussolini savait faire vibrer.
Il organisa d’innombrable défilés, gage de la cohésion national retrouvée derrière lui. Il reprit la symbolique du temps glorieux de la Rome antique et réussit à faire partager son rêve d’un nouvel empire.
Mussolini prit le prétexte d’un incident de frontière pour se lancer dans une guerre contre l’Ethiopie, l’un des derniers territoires indigènes indépendants d’Afrique.
Après 18 mois de combat, Addis Abeba fut occupée et le Roi d’Italie proclamé Empereur d’Ethiopie.
Cette aventure coloniale eu des effets en Europe, la France et la Grande Bretagne étaient inquiètes pour l’intégrités de leur empire Africain. De plus, diplomatiquement, Mussolini remettaient en cause le droit international de la Société Des Nation (SDN).
Rejetée par la France et la Grande Bretagne, l’Italie se rapprocha de l’Allemagne. Cette amitié sera scellé dans le sang lors de la guerre civile espagnole.
Les 2 dictateurs signeront d’ailleurs un protocole d’amitié et de solidarité. Ce fut la naissance de l’ »Axe ».
Un complexe d’infériorité :
Hitler et Mussolini partageait le même goût pour l’ordre et la force, mais ne poursuivaient pas les mêmes buts et n’avaient pas les mêmes déterminations.
Le Führer voulait conquérir son espace vital pour son peuple aux portes du Reich.
Le Duce recherchait la gloire et les conquêtes faciles en Afrique ou dans les Balkans.
De plus le Duce craignait l’Angleterre et la France.
Ainsi, Mussolini joua le rôle de modérateur lors de la conférence de Munich en octobre 1938 et n’entra pas dans le conflit en septembre 1939.
Il savait que son pays n’était pas prêt, mais chaque victoire d’Hitler lui laissait un goût amer.
Son anxiété de ne pas arriver à temps au rendez-vous de l’histoire atteignit son paroxysme lors de la débâcle française.
A l’épreuve du feu :
Ayant la certitude que la guerre serait courte, Mussolini déclare la guerre aux Alliés le 10 juin 1940. L’armée française était défaite dans le Nord et à l’Est et selon lui, le tour de l’Angleterre viendrait d’ici quelques semaines.
Il lui fallait entrer en conflit pour pouvoir s’asseoir à la table des négociations de paix mais ce coup-ci du côté des vainqueurs.
Les quatre années suivantes allaient rappeler à Mussolini que la guerre est une chose sérieuse qui ne s’accommode pas de coups de menton ou d’autres exaltations poético-nationalistes. Ses « huit millions de baïonnettes », ses avions « si nombreux qu’ils peuvent obscurcir la lumière » montrèrent leurs limite à l’épreuve du feu.
Les 21 divisions (400.000 hommes) engagées dans sa campagne de France furent tenu en échec par 85.000 chasseurs Alpin du général Olry. Les troupes françaises voulant sauver l’honneur et révoltées par « ce coup de poignard dans le dos » combattirent avec acharnement. Mais ce fait d’arme héroïque fut sans lendemain car la France battue dans le Nord-Est, se résigna au cessez le feu. Le 24 juin, le général Huntziger fut envoyer à Rome pour signer l’armistice.
Les premiers succès de l’offensive lybienne ne résistèrent pas à la contre attaque anglaise en décembre 1940. Un mois plus tard, les italiens abandonnèrent Addis Abeba sans combattre. L’Empire qui fut la gloire du Duce n’était plus qu’un souvenir.
Mussolini n’avait pas la détermination nécessaire dans la conduite de la guerre.
Au premier échec, il tentait sa chance sur un autre front dans l’espoir que tout irait mieux. Ainsi, il lança l’offensive sur la Grèce le 28 octobre sans préparation sérieuse.
Une fois encore, ses armées furent tenues en échec. La certitude d’une victoire facile n’en rendit que plus cruelle la défaite. En quelque mois, l’armée italienne avait prouvé sa faiblesse contre des ennemis réputés peu redoutables !
Mussolini était prit au piège dans une guerre longue dont son pays n’avait pas les moyens.
Il fallut qu’Hitler intervienne en Afrique et dans les Balkans pour lui éviter un désastre !
Mais l’Axe se fissurait, le mépris allemand pour l’armée italienne n’avait d’égal que la haine des soldats italiens pour leurs alliés.
La misère d’un peuple :
Face à des pays aux structures industrielles plus anciennes et plus fortes, l’Italie était dans une situation d’infériorité économique qui allait s’aggraver au fil de ses défaites. A la fin de 1941, le blocus anglo-américain produisit des effets désastreux car 60% des matières premières étaient importées. L’ensemble de l’économie fut gravement touché par la pénurie de pétrole, de charbon, de cuivre, etc…
Faute d’engrais et de main d’œuvre, la production agricole chuta régulièrement. L’autosuffisance en blé d’avant guerre n’était plus qu’un lointain souvenir.
La pénurie entraîna une politique impopulaire de restrictions et de contrôle des prix. La circulation des automobiles privées fut drastiquement réduite, puis interdite en 1942. Le peu de carburant que l’Italie arrivait à se procurer était réservé à l’effort de guerre. Le rationnement en matière de vêtements et de nourritures fut parmi les plus sévères d’Europe, plus dur encore que pour les polonais ou pour les français.
Les Italiens ne disposaient que de 200g de pain par jour (50g en 1943), 400g de viandes, 100g d’huile et 500g de sucre par mois… En 1942, la ration quotidienne en calorie pour un adulte était de 950 alors qu’en Allemagne, elle était de 1750.
La même année, les restaurants ne furent plus autorisés qu’à servir de la soupe, des légumes et des fruits.
Ce rationnement s’accompagna de mesures de réquisition draconiennes. Les paysans étaient obligés de vendre, à un prix dérisoire, 80% de leur production à des organismes étatiques. Malgré des contrôles sévères et le risque de condamnation à mort, les paysans soustrayaient des parts de plus en plus large de leur production pour les vendre au marché noir.
Le prix du pain étant 7 fois supérieur au cour officiel, les Italiens étaient contraints à la corruption et aux trafics pour ne pas mourir de faim.
La guerre prit un tour encore plus dramatique pour la population à partir de 1943, à la suite des défaites en Afrique du Nord. Le bombardement des villes s’intensifia sans que la population ne puisse se protéger car le régime n’avait guère fait porter ses efforts sur la défense passive.
Il existait bien quelques abris antiaériens, mais trop peu profonds et insuffisants pour être efficaces.
Puis survint l’invasion de la Sicile le 10 juillet, suivie du débarquement à Salerne, le 8 septembre et la chute de Naples.
La perte de la Sicile provoqua la réunion du Grand Conseil fasciste le 24 juillet 1943.
Cet organe, créé par Mussolini, vota une motion qui désavouait l’action du Duce depuis la signature du pacte d’Acier, le désignait comme responsable des désastres militaires et exigeaient sa destitution. Le lendemain, Mussolini fut arrêté. Le roi Victor-Emmanuel III nomma un nouveau gouvernement dirigé par le maréchal Badoglio avec pour instruction secrète de négocier l’armistice avec les Alliés.
La réaction Allemande :
Badoglio attendra le 8 septembre, jour du débarquement américain à Salerne, pour signer.
La réaction allemande ne se fit pas attendre : en quelques heures, 700.000 soldats furent désarmés et internés. L’Italie avait cessé d’être un Etat, ce n’était plus qu’un territoire sur lequel combattaient des puissances étrangères.
Elle fut divisé en trois :
au Nord, la république de Salo sous « l’autorité » de Mussolini qui avait été libéré par un commando allemand. Ce ne fut qu’un état fantoche, vassal de l’Allemagne.
Toujours au Nord, les Allemands administraient directement la région du Haut-Adige.
Au sud, le maréchal Badoglio était toujours à la tête du gouvernement, mais sous l’étroite tutelle de l’administration militaire alliée.
L’Italie dans le chaos :
Dans les zones occupées par les Allemands, la résistance, organisée en grande partie par le Parti Communiste, entreprit des actions de guerilla et fomenta des grèves insurrectionnelles.
Mais ces résistants ne pouvaient compter sur l’appui des Alliés dont la progression était bloquée par la puissance de la ligne Gustav.
La répression fasciste fut particulièrement féroce pendant l’hiver 1943-1944. Les brigades noires de Mussolini traquèrent les partisans sans relâche.
La tuerie la plus odieuse fut perpétrée dans le village de Marzabotto où 1850 civils furent froidement massacrés par les SS.
Comme dans le reste de l’Europe, la communauté juive paya un lourd tribut pendant la guerre.
Les Allemands commencèrent par exiger une lourde rançon en or, avant d’organiser la déportation. 4000 juifs, cachés dans des locaux de l’Eglise, parvinrent à échapper aux Allemands, qui pourtant n’avait pas hésité à violer l’enceinte du Vatican. Par cet acte, le Vatican sauvera l’honneur de l’Eglise qui eut une position ambiguë vis-à-vis du fascisme.
En 1945, l’Italie sortit de la guerre profondément meurtrie. Les 45.000 résistants morts dans leur combat contre le fascisme, lavaient le déshonneur de tout un peuple. Il restait désormais à reconstruire un pays brisé.