Pour une fois, je vais me permettre de doublonner avec ce que j'ai écrit, il y a une grosse heure et demi sur "
Marine Forum"...
Il n'est aucunement question de mettre, ici, en cause le courage et le sens du devoir de ce capitaine de corvette, commandant de sous-marin, resté, comme de nombreux autres officiers de marine, fidèle à la "gouvernance de Vichy". Néanmoins,...
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Bertrand de Saussine, Comte du Pont de Gault... Fort heureusement, même si nous sommes, en novembre 1940, sous le règne du "régime de Vichy", la IIIème République était sensée avoir proscrit toute référence nobiliaire relative à l'Ancien Régime - le titre de comte en fait partie - et de nos deux Empires.
Par moment, j'ai une très brève compréhension (mais toute aussi vite réprimée!
!) pour l'attitude, au tout début du siècle passé, d'un Camille Pelletant, Ministre de la Marine,et socialiste radical "bon teint", vis-à-vis du particularisme du Corps des Officiers de Marine, notoirement considéré comme un "repère" de "culs bénis" et "radis noirs", d'où la "chasse" menée, par la gouvernance en place, lors de l'adoption de la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat, en date du 9 décembre 1905. Certes, le ministère Pelletan, lui, s'était achevé en janvier 1905, mais les intentions gouvernementales en faveur de la loi précitée étaient clairement affichées depuis un bail!
Traditionnellement le corps des officiers de toutes armes, au sein de l'armée française, du temps de l'ancien Régime, était très majoritairement, le domaine de la noblesse. Entre autres parce que, alors, les charges d'officiers s'achetaient et que ces achats impliquaient d'être nantis et, surtout, d'être en capacité d'assumer les frais d'entretien du régiment ou du bâtiment, car la maigreur chipoteuse des attributions fixées par les successives gouvernances royales ne le permettait pas! Pendant de longues décennies, le commandement effectif quotidien des régiments et des bâtiments de la Marine Royale avait été confié aux officiers "subalternes"... disons "salariés" pour faire simple!
Durant les Guerres de la Révolution, était apparue, au sein de l'Armée de Terre, des chefs de qualité (Hoche, Kleber, Marceau, Bonaparte, etc.) issus de la plèbe ou, au mieux, de la petite noblesse, dont certains d'entre eux, sous le Premier Empire, grâce à leurs compétences militaires et leurs actions d'éclats, avaient accédé au "maréchalat". On y retrouve, ainsi, les généraux Berthier, Murat, Moncey, Jourdan, Masséna, Augereau, Bernadotte, Soult, Brune, Lannes, Mortier, Ney, Davout, Bessières, certains d'entre eux, dans la foulée, s'étaient même, vu décerner des titres impériaux de noblesse - baron, duc, prince -.
A y regarder de plus près, la plupart de ces officiers généraux avaient débuté leur carrière militaire au bas de l'échelle, en tant que trouffion de base ou de sergent, selon leur ancienneté, que notre situation incessante de conflit de 1793 à 1814-1815 et leurs réelles compétences de chefs avaient propulsés, en très peu d'années (souvent moins de 10 ans!), du statut de soldat du rang aux fonctions militaires les plus hautes!
Rien de tel dans notre Marine Royale, devenue Nationale, car, un, dès 1791, avec les premières mesures édictées pour abolir les privilèges de la noblesse, plus de 80%, en gros, des officiers de marine avaient très rapidement démissionné ou préféré s'exiler! Or, il faut, au bas mot, 20 ans d'expérience pour "former" un commandant de bâtiment suffisamment compétent... rien à voir avec la trajectoire "d'étoile filante" de l'essentiel des cadres désormais en place dans notre armée de terre "révolutionnaire".
Bonaparte, en tant que Premier Consul, puis Empereur, s'était efforcé d'y remédier, en promulguant un décret d’amnistie générale pour tout officier de l'Ancien Régime, qui souhaiterait rallier l'armée de la République, puis, à dater de 1805, celle de l'Empire.
Sauf que, dans le seul domaine naval, cette amnistie n'avait pas eu de retombées sérieuses. Accessoirement, entre 1793 et 1805 (Trafalgar!), période, hélas, marquée par une succession de "tôles" navales françaises, l'ambiance chez les "Emigrés" n'était pas trop favorable pour aller se "fourvoyer" dans une armée navale, "promise" à devoir se faire tailler en pièces par la Royal Navy. Cà avait très sérieusement changé entre 1805 et 1814, sauf que la puissante armée navale française, constituée dès 1810, avait dû se plier aux urgences rencontrées, sur terre, par l'armée française, la France étant, "avant tout", une nation terrestre!
Au final, malgré les efforts du Directoire, dès 1795, et ceux du Ier Empire, la Marine française avait dû se contenter, un, des officiers généraux dont elle disposait, deux, des promotions d'officiers de marine qu'elle avait pu former, dans le meilleur des cas... en moins de quinze ans!
Avec le retour de la Restauration de Louis XVIII et le règne de ses successeurs, la fonction et le rôle de l'officier de marine étaient revenues dans le giron de la noblesse. Il n'était plus question d'une nécessaire fortune personnelle, le Corps des officiers de Marine bénéficiant, désormais, de soldes et indemnités au seul prorata de leurs grades, mais, le plus souvent, son "recrutement", par concours, privilégiait les rejetons issus de traditions familiales profondément ancrées sur le "Service à la Mer".
Il suffit de se référer aux résultats du Baccalauréat, au début du siècle dernier, diplôme indispensable pour pouvoir prétendre se présenter au concours d'entrée à l’École Navale. De nos jours, deux années de préparation, genre "Math Sup" et "Math Spé" - c'est aussi le cas pour Saint-Cyr et Salon-de-Provence- sont, depuis 1945, nécessaires pour concourir... avec un problème "annexe", car, en dehors des très rares boursiers reconnus compétents, le devenir du gros du contingent candidat dépend directement des "moyens financiers" familiaux.