Captain_history a écrit:Alors petit contexte:
En 1942 les Alliés (Britanniques et surtout Américains) débarquent en Afrique du nord française, après des combats sporadiques les Français Vichystes se rendent aux Alliés et "tournent leur veste". A Vichy, l'homme fort des possessions françaises en Afrique du Nord, François Darlan est assassiné quelques jour après le débarquement et le pouvoir est donné à Giraud (puis s'en suit la conférence de Casablanca).
Donc voilà le contexte, la France devient le gouvernement Alger (le CFLN), appelé "la France combattante" et les forces françaises se joignent aux Alliés dans la lutte commune. Mais, 1 an plus tard après le débarquement en Sicile les Italiens se rendent et "tournent leur veste". Contrairement aux Français les Italiens n'ont pas l'honneur d'être vus comme des alliés... mais comme des cobelligérants.
Il y a donc un effet commun entre les ex-vichystes français et les ex-fascistes italiens, car en effet les deux entités ont combattu les Alliés mais ont changé de camp peu après. Donc, pourquoi la France (plutôt les forces ex-vichystes) eut un traitement de faveur? pourquoi fut-elle vue comme un Allié au même titre que les Britanniques, les Canadiens ou même les Polonais?
Concernant la position de la France, tout cela est très approximatif.
Il est exact que Vichy a fait tirer sur les Alliés au moment du débarquement, et que ceux-ci ont dû quelque peu tordre le bras aux hiérarques vichystes pour obtenir un cessez-le-feu. Noguès par exemple s'est battu 3 jours au Maroc avant de recevoir l'ordre de cesser le feu venu d'Alger : le général Clarke, fou furieux, avait fini par menacer Darlan, commandant l'AFN (un hasard malheureux l'avait amené à se déplacer à Alger peu avant le débarquement) de le fusiller si ses troupes continuaient de combattre les GI's.
Déjà, une remarque : dans ce processus, le seul qui retourne sa veste est Darlan, un collabo qui a pactisé avec Hitler à qui il a accordé des facilités militaires (il prétendra devant la presse anglo-saxonne y avoir été contraint, ce qui déclenchera le commentaire "pokerface !") et encore prétend-il passer du côté allié sur l'ordre du Maréchal (lequel depuis Vichy l'accuse de l'avoir trahi.) Imbroglio si ridicule que Churchill aura ce mot aux Communes :"Si Darlan faisait fusiller Pétain, il le ferait sûrement au nom du maréchal !"
Le cas de Noguès est différent : il a défendu l'AFN par fidélité au Maréchal, mais il n'a jamais souhaité collaborer avec les Allemands. C'est le cas de toute l'armée d'Afrique qui reprend volontiers le combat aux côtés des alliés.
Certaines unités n'ont même pas attendu pour entrer en guerre contre les Allemands : le général Barré a rassemblé toutes les troupes françaises de Tunisie et retraité vers l'Algérie, la division de Constantine faisant mouvement pour aller y sécuriser la frontière.
En revanche tous ces cadres de Vichy en AFN chercheront à y maintenir un régime proche de la Révolution nationale. (Résistants, communistes, restent dans des camps et le statut des Juifs reste en vigueur.) Le général Giraud,
nommé par Roosevelt "commandant civil et militaire" (après la mort de Darlan) n'y verra pas d'inconvénient, malgré une presse anglo-saxonne déchaînée contre ces séquelles de Vichy.
Attention, la France Combattante n'est pas le CFLN. LA France Combattante, c'est sauf erreur le nom donné à l'organe exécutif de la France Libre par De Gaulle depuis qu'il a des troupes qui ont démontré leur valeur. Bien entendu, quelque soit son étiquette, le mouvement gaulliste est reconnu comme un mouvement allié depuis le 18 juin 1940.
Le CFLN, ce sera le nom donné au moment de la fusion De Gaulle - Giraud, lorsque De Gaulle pourra (enfin) venir à Alger y exercer le pouvoir conjointement avec Giraud. ça ne se fera pas en un jour, malgré le caractère de logique et de bon sens de la proposition de De Gaulle : avoir un organisme unique pour diriger les Français en dehors de la métropole. Parce que Giraud tient à sa casquette, les sbires vichystes à leur régime, bref c'est seulement en mai 43 que De Gaulle, soutenu par les opinions publiques anglaises et américaines, trouve enfin un accord avec Giraud et vient s'installer à Alger. (Le CFLN prend rapidement toutes les caractéristiques d'un gouvernement, sauf le nom, pour ne pas énerver Roosevelt qui voue une véritable haine, assez mystérieuse, à De Gaulle.)
Le statut de co-belligérant, au milieu de toutes ces péripéties, a toujours été porté au minimum par De Gaulle. Et puis surtout, a aucun moment la France ne s'est déclarée alliée de l'Allemagne, ce qui fait toute la différence avec l'Italie.