Bien, il s'agit là d'un débat ouvert et intéressant...
Les italiens disposaient de suffisamment de forces navales et terrestres pour attaquer la Tunisie (s'ils n'avaient rien de prévu contre Malte, ils avaient en revanche des plans d'attaque de la Corse et de Bizerte...). En outre, les forces italiennes sont positionnées à la déclaration de guerre du Duce (le 10 juin 1940) face à l'Ouest (la ligne Mareth) avec 3 corps d'armée (1 seul face aux anglais qui sont incapables de se lancer dans une offensive stratégique avant décembre...).
Mais posons l'hypothèse : l'armée française poursuit le combat (ou la déroute selon certains...) et les allemands parviennent sur les bords de la méditerranée.
Donc il suffit que les italiens s'emparent du Cap Bon et de Bizerte (dont les fortifications ne sont pas terminées) et que les allemands envoient les mêmes forces que celles envoyées en Libye : 2 PzDiv. et un corps aérien.
Il n'y a en juin 1940 rien qui puisse s'y opposer, et ce malgré tout ce que l'on aura pu rapatrier.
Et surtout il n'y a rien pour réparer, entretenir, développer une armée moderne (le 75 n'est plus la clé d'un succès en 1940, désolé mais ce serait plutôt le 88...). Il n'y a que quelques usines de munitions (j'en ai trouvé en Algréie et au Maroc, en cherchant bien...
) mais que pour des obus explosifs... donc rien pour des antiaériens ni des antichars (ce ne sont pas les mêmes munitions...).
D'ailleurs, même à plusieurs :wink: , aucun ne m'a fourni de réelle réponse sur cette remarque de bon sens : il manque l'essentiel pour RECONSTRUIRE une armée moderne en 1940.
Et ce n'est sûrement pas des divisions d'infanterie coloniales soutenues par une artillerie de 75...
Ce serait plutôt, des chars, des canons antichars portés, de l'artillerie lourde motorisée, des moteurs, des appareils modernisés tous les 8 mois (donc des bureaux d'études, de tests, des fabriquants de machines-outils...), des radars, des radios...
or, même si ces matériels pouvaient être rapatriés (si l'armée française de juin 1940 en avait encore en nombre ça se saurait), il manque encore les infrastructures pour les entretenir (surtout en Afrique dont le climat est difficile pour l'usure des équipements).
Et l'arsenal de la démocratie n'est pas encore en place en 1940 (la Loi Prêt bail c'est plus tard...). D'ailleurs si la Grande Bretagne a tenu à l'automne 1940, c'est parce qu'elle a pu produire (malgré les raids) de plus en plus d'avions (Spitfire) et de Chars (nuls certes mais qui avaient le mérite d'exister), de canons antiaériens, de navires....
Un tel effort est inconcevable en Afrique du nord.
On peut reprocher beaucoup de choses à Pétain (en effet il n'est plus Maréchal), mais sûrement pas une telle décision, du point de vue militaire en tout cas.
Je le répète, il est facile aujourd'hui, en relisant les livres d'histoire, de critiquer telle ou telle décision. Mais les erreurs ne doivent pas être jugées à l'aune de ce que l'on sait aujourd'hui, mais sur la base de ce que savait celui qui a pris la décision...
Et ceux qui pensent que l'on pouvait "tenter le coup" de poursuivre la guerre dans l'Empire français, commettent la même erreur que celle commise par Rommel qui au soir de la prise de Tobrouk se dit, je "tente le coup" d'aller jusqu'au Nil (au diable les logisticiens, les italiens, Kesselring, Malte...). C'est oublier qu'une guerre moderne se gagne d'abord sur ses propres arrières (ça les américains l'avaient compris). La plus belle manoeuvre ne sert à rien si vous êtes sans essence et sans pièce de rechange et qu'en face ils en ont plein...
D'ailleurs, la plupart des jeux de guerre ne prenne pas en compte cet impératif et c'est ce qui fausse la vision de beaucoup de passionnés (tout ça pour vous dire que j'ai fréquemment ce genre de discussion).
Bon désolé, encore trop long
mettez cela sur le compte de la passion et de l'envie de partager et d'échanger,
Bonne soirée,
CM