Manu a écrit:Par exemple, il aurait dû augmenter la production d’armes et notamment de camions militaires en vue de Barbarossa. L’Allemagne en effet produit à peine plus de 50 000 camions en 1940 en 1941 contre près de 90 000 pour l’Angleterre alors qu’il aurait fallu rendre mobile davantage de divisons d’infanterie. Et puis il aurait fallu rééquiper les divisions blindées avec davantage de Panzer IV.
Je vais, juste, essayer de compléter ton propos.
Concernant les camions et le matériel roulant, en général, côté allemand. Contrairement aux britanniques, qui s'approvisionnent en pétrole (terrestre), via l'Irak, l'Iran, la Jordanie (oléoduc Mossoul-Haïfa), les allemands, à dater du 1er septembre 1939, eux, doivent se serrer le kiki, faute de ressources "immédiates" importantes Cette particularité explique, pour une bonne part, l'importance du parc hippomobile militaire "teuton" - d'où l’intérêt, au passage, dès 1941, puis 42, de chercher à mettre la main sur les ressources pétrolifères du Caucase -.
Le Panzer IV n'avait pas vocation à constituer la colonne vertébrale de la Panzerwaffe, de même que le StuG.III de la Sturmartillerie. Tous les deux avaient été conçus dans un rôle d'appui-feu pour l'infanterie ; au sein des unités blindées, le Panzer IV appuyait les Schützen-Regimenter, tandis que le StuG jouait le même rôle, mais auprès des Infanterie-Regimenter (non motorisés). Certes, il y avait eu, au printemps 40, l'alerte du Westfeldzug, avec le blindage particulièrement coriace des chars français, mais, durant la période été-automne 1940, le Panzer III, qui était sensé constituer la force de frappe de l'arme blindée, avait été réarmé avec un 5 cm de 42 calibres, les pièces antichars et canons de chars, approvisionnés en munitions à noyau de carbure de tungstène (Pzgr. xx/40) et les canons courts de 7,5 cm L/24 des Panzer IV et StuGe, pourvus d'obus à charge creuse (Hl). donc, en principe, tout "baignait".
Pas de bol, à l'été 1941, le 5 cm Pak 38 se révèlera trop limité face aux KV-1 & T-34, le 5 cm L/42 des Panzer III, trop peu performant, et les munitions à charge creuse, certes, efficaces, mais trop capricieuses et d'une portée efficace insuffisante. Il devenait urgent d'augmenter les performances des armes tractées et embarquées. Rheinmetall pond, en "catastrophe", le 7,5 cm Pak 40 ( 1,4 tonnes!), sauf qu' aucun blindé n'est foutu de l'accepter dans sa tourelle! Rheinmetall & Krupp, sur ordre du WaA, bidouillent vite fait une pièce, avec sa munition, qu'on parvient, presque à renfort de coup de pieds, à faire entrer dans une casemate de StuG et la tourelle d'un Panzer IV, celle du Panzer III refusant, définitivement, son intégration
... ce qui signera, à terme, sa "mort industrielle". On équipera, au second semestre 1942, les Panzer III, des premiers 5 cm L/60 (la copie du Pak 38, sans le frein de bouche!), mais la messe, déjà, était dite.
Le passage du Panzer IV, de char d'appui-feu au rôle de blindé "principal" n'a été que le résultat de cette urgence. A terme, la mise en service du Panther avait pour vocation de remplacer l'ensemble des Panzer III & IV, dans ce rôle, mais sa production sera insuffisante.