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Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

De l'assaut sur Dakar à la bataille d'El Alamein, les combats en Méditerranée. Opération Torch et la suite logique avec le débarquement en Sicile et les affrontements dans la péninsule italienne. Anzio, Monte Cassino, le Garigliano...
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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 81  Nouveau message de Chef Chaudart  Nouveau message 10 Nov 2017, 10:06

Je te rejoins sur le fait que les décisions d'Hitler ne sont pas optimales. Il ne met pas la pression maximum sur les Britanniques.

Il y a deux explications, celle de François, il cherche à ménager l'Angleterre afin de lui montrer une porte de sortie. L'autre est que la décision se fera à l'Est. une fois le "Lebensraum" conquit, Hitler aura atteint ses objectifs.

Enfin sur le dernier point :
Par exemple, il aurait dû augmenter la production d’armes et notamment de camions militaires en vue de Barbarossa... Et puis il aurait fallu rééquiper les divisions blindées avec davantage de Panzer IV.


Il faudrait que je me replonge dans Adam Tooze, mais il me semble que l'industrie Allemande n'a tout simplement pas les moyens de produire plus, au moins à court terme. Qu'en est-il des matières premières, particulièrement l'acier et le pétrole, des machines-outils, des chaînes de production et des surfaces couvertes pour les usines?

L'Allemagne a peiné à fabriquer des chars avant la guerre, ce qui l'a obligée à utiliser massivement un engin aussi médiocre que le Panzer I dans ses campagnes initiales. Cela a-t-il changé en 40/41?
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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 82  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 10 Nov 2017, 10:37

Le souci hitlérien de ménager l'Angleterre, dans le droit-fil de Mein Kampf et du primat de la race aryenne, n'est pas une fantaisie de ma part mais une certitude abondamment étayée. Je veux dire, non seulement dans les écrits fondamentaux du nazisme, mais dans les actes du régime au cours de l'année comprise entre les deux 22 juin. Prenons par exemple la mission de Rudolf Hess, le 10 mai. Même si on refuse d'admettre qu'il est envoyé par Hitler, on est bien obligé de tenir compte de ce qu'il dit : sans dévoiler explicitement le projet Barbarossa, il exprime "la pensée du Führer avec lequel il a longtemps discuté", à savoir le choix urgent, pour l'Angleterre, entre une paix immédiate sans frais et une lutte à mort.

Ce langage aurait-il pu être tenu si Gibraltar avait été rendu à l'Espagne ou Malte donnée à l'Italie ?

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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 83  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 10 Nov 2017, 13:13

Salut Manu :)

Manu a écrit:Si Mussolini refuse une action commune en Méditerranée à l’automne 1940, l’Allemagne ne peut rien faire sur ce théâtre.

La question qui se pose est donc celle-ci : Comment mettre à profit au mieux le temps qui reste jusqu’à Barbarossa ?

1) Guetter les occasions pour une action à la périphérie, en Afrique et en Méditerranée et/ou au Moyen-Orient.


HITLER le fait en envoyant ROMMEL conjurer la cata africaine induite par son allié en attaquant maladroitement l’Egypte. Certes, il ne guette pas « les occasions » (il s’en désintéresse pour les raisons fondamentales déjà évoquées) mais est attentif aux menaces sur le flanc sud de Barbarossa.

Manu a écrit:2) S’assurer de la stabilité des Balkans.


HITLER le fait.

Qui plus est avec toute l’habileté diplomatique qui l’a souvent caractérisé et économise du coup ses moyens militaires. Quand cette économie ne sera plus possible, il interviendra comme on le sait en Yougoslavie et en Grèce + Crète.

Manu a écrit:3) Ménager la luftwaffe (éviter des pertes importantes de pilotes surtout) tout en maintenant la pression sur l’Angleterre. Les opérations aériennes contre l’Angleterre doivent donc se limiter à un blocus du trafic maritime dans la Manche et la mer du Nord.


Je plussoie grandement (cf. aussi le post n°24 de dynamo).
Evidemment… énoncer le principe de précaution nous est facile dès lors que nous connaissons l’issue de la Bataille d’Angleterre. :D

Manu a écrit:Les démarches d’Hitler en vue d’une action contre Gibraltar et les possessions coloniales britanniques en Afrique vont, d’une manière imprévisible, pousser Mussolini à envahir la Grèce et ainsi mettre à mal le second point. S’ensuit la contre-attaque grecque puis celle des Britanniques en Égypte. Mussolini demande ensuite de l’aide à Hitler le 19 décembre. C’est à ce moment seulement qu’une action commune devient possible. Mais il est trop tard pour espérer bouter rapidement les Britanniques hors de Méditerranée avant Barbarossa.


Par rapport au « What if » que tu proposes Manu, il est effectivement trop tard.
Ce point met en évidence que l’Axe est une coalition de circonstance où priment avant tout les intérêts nationaux de chacun sans stratégie globale. A contrario, les Alliés (tout en jouant de leurs intérêts particuliers) pousseront plus loin, progressivement, la logique de la « cause commune ».

Manu a écrit:Alors que faire pour ne pas détourner trop de moyens et/ou risquer de retarder Barbarossa et sécuriser le flanc Sud ?

1) Préparer un assaut sur Malte au printemps et envoyer une Panzerdivision au plus vite en Libye juste pour bloquer les Britanniques. Il faut empêcher les Britanniques d’arriver à la frontière tunisienne afin d’éviter tout retournement possible de l’armée française d’Afrique du Nord.


HITLER envoie son corps expéditionnaire en Libye dès que la nécessité mais surtout la possibilité opérationnelle se font jour (l'appel à l'aide du Duce).

Malte… si tant est que l’île soit aussi facile à prendre que d’aucun l’affirment toujours. Comme pour la Bataille d’Angleterre, il est facile de précautionneusement s’emparer de l’île dès lors que l’on sait le rôle stratégique qu’elle a joué. Nous avions déjà débattu ce sujet avec beaucoup d’intérêt, il y a quelques années ce me semble. ;)

Manu a écrit:2) Forcer une solution diplomatique à la guerre italo-grecque avec un armistice fin décembre/début janvier et interposition de forces allemandes. Cependant la mort de Metaxás le 29 janvier et son remplacement par un banquier risque de mettre à mal un possible accord de paix. L’Allemagne peut proposer sa médiation pour un statut quo (la Grèce conserve l’Épire) ainsi qu’une aide économique et militaire à la Grèce (en vue d’une éventuelle action ultérieure contre la Turquie) en échange de l’engagement grec d’une évacuation rapide de la Crète par les Britanniques. L’Italie n’est pas en position de force pour réclamer quoi que ce soit sinon quelques maigres compensations (ravitaillement du Dodécanèse via la Grèce ?). Un accord de paix est signé dès que les Britanniques ont évacué la Crète.


::mal-a-la-tete::

Manu a écrit:En conclusion, les décisions d’Hitler sont certes logiques vue les circonstances mais pas optimales.

Par exemple, il aurait dû augmenter la production d’armes et notamment de camions militaires en vue de Barbarossa. L’Allemagne en effet produit à peine plus de 50 000 camions en 1940 en 1941 contre près de 90 000 pour l’Angleterre alors qu’il aurait fallu rendre mobile davantage de divisons d’infanterie. Et puis il aurait fallu rééquiper les divisions blindées avec davantage de Panzer IV.


Je rejoins le commentaire de Chef Chaudart quant au potentiel industriel allemand pré-Barbarossa. Des Allemands qui n’ont pas chômé en gommant en partie ou en totalité les pertes de la Bataille d’Angleterre et en gonflant la Panzerwaffe pour citer 2 exemples.

Je partage ta conclusion Manu. Toutes ces pistes je les ai moi-même explorées du temps où je pratiquais le wargame. Mais il ne faut pas tomber dans la malhonnêteté intellectuelle (ce n’est pas un reproche mais le fruit de mes réflexions personnelles) : ces conclusions ne sont possibles qu’à posteriori, lorsque l’on sait que Barbarossa ne fera pas tomber l’URSS, que l’hiver 41/42 coûtera cher à l’Allemagne et que la guerre se prolongera au-delà de 1942 et de l’entrée en guerre des USA.

En 1941, HITLER force le destin (et il n’est pas le seul à y croire, même à Londres !) avec son pari d’une victoire en un coup contre l’URSS. En 1942, il espère encore (mais y croit-il encore vraiment?) une victoire à l'issue du second coup. Après, il me semble qu’il ne cherche plus qu’à gagner du temps. Une stratégie méditerranéenne du Reich n’a pas sa place avant 1943 dans cette optique. Et c’est bien trop tard.
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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 84  Nouveau message de Chef Chaudart  Nouveau message 10 Nov 2017, 15:30

En 1941, HITLER force le destin (et il n’est pas le seul à y croire, même à Londres !) avec son pari d’une victoire en un coup contre l’URSS. En 1942, il espère encore (mais y croit-il encore vraiment?) une victoire à l'issue du second coup. Après, il me semble qu’il ne cherche plus qu’à gagner du temps.

En Méditerranée, sûrement, sur les autres fronts, c'est moins sûr (François pourra probablement développer). Hitler essaie ensuite par tous les moyens de reprendre l'initiative, en frappant les anglo-saxons suffisamment fort pour qu'ils sortent de la guerre, ou en tentant de les monter contre l'URSS pour se poser en arbitre. C'est juste une précision. Pour en rester au sujet, la Méditerranée, comme dit plus haut, est et restera un front secondaire, utile pour occuper des anglo-saxons durant leur montée en puissance et un peu retenir dans sa chute l'allié mussolinien.
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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 85  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 10 Nov 2017, 16:24

Hitler me semble en gros lucide sur les rapports de forces, à tous les stades de la guerre. Une idée à combiner avec celle de son providentialisme, qui l'aide à prendre des risques en escomptant que la fortune va lui sourire. Car n'a-t-il pas été envoyé sur terre pour rétablir une saine hiérarchie des races en mettant fin à 2000 ans de pitié judéo-chrétienne ?
Il voit en face sa défaite dès octobre ou novembre 41, quand il sait qu'il passera l'hiver en Russie et que les Etats-Unis ont toute chance d'entrer en guerre à ce moment.
Il espère cependant un retournement jusqu'à la veille de son suicide, d'une part en jouant au mieux ses atouts militaires, d'autre part en escomptant une rupture de la coalition adverse, et en faisant tout pour la provoquer. Cf. par exemple le sens épique qu'il donne à la bataille de Stalingrad, pour mettre en valeur une marée rouge prête à tout emporter sur le continent.

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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 86  Nouveau message de Finril56  Nouveau message 10 Nov 2017, 16:56

Dog Red a écrit:
Manu a écrit:En conclusion, les décisions d’Hitler sont certes logiques vue les circonstances mais pas optimales.

Par exemple, il aurait dû augmenter la production d’armes et notamment de camions militaires en vue de Barbarossa. L’Allemagne en effet produit à peine plus de 50 000 camions en 1940 en 1941 contre près de 90 000 pour l’Angleterre alors qu’il aurait fallu rendre mobile davantage de divisons d’infanterie. Et puis il aurait fallu rééquiper les divisions blindées avec davantage de Panzer IV.

Je rejoins le commentaire de Chef Chaudart quant au potentiel industriel allemand pré-Barbarossa. Des Allemands qui n’ont pas chômé en gommant en partie ou en totalité les pertes de la Bataille d’Angleterre et en gonflant la Panzerwaffe pour citer 2 exemples.


pas des Panzer IV....des Panzers III. Il faut bien voir que le Panzer IV ne devient le cheval de bataille qu'à partir du milieu de 1942. Il le devient plus par defaut qu'autre chose. Les allemands se rendent alors compte que le Panzer III ne peut plus évoluer et surtout ne peut pas acceullir le canon de 75mm indispensable pour lutter à armes égales avec les T-34 soviétiques.
En 1941 le Panzer IV est plutot vu comme un blindé de soutien avec son canon de 75 court .
Rendre plus mobile l'infanterie? non c'est pas ce qu'il fallait faire en fait. Le gros talon d'Achille c'est la logistique. Elle est beaucoup trop hippomobile. IL aurait d'abord fallu rendre plus mobile le ravitaillement pour pouvoir suivre les mouvements rapides des Panzers.

MAIS...
L'industrie allemande est incapable de produire ce qu'il faut. Chef Chaudard cite Adam Tooze. Ce dernier, dans The Wages of Destruction : The Making and Breaking of the Nazi Economy, 2006 montre que les capacités industrielles allemandes sont totalement incapables de produire plus. L'économie allemande est encore extremement rural (45% de la main d'oeuvre allemande est utilisé dans le monde agricole :shock: ) et ne dispose pas d'une économie tournée vers l'effort de guerre (la France par exemple produit plus de materiels militaires en 1939-1940).

Donc même s'il avait voulu produire plus il n'avait pas la capacité de le faire quoi qu'il arrive.


De plus parler de stratégie méditerrannéenne coté allemand en 1940 tient de l'absurde. La raison est simple: Hitler s'en fout totalement.
Pour lui, comme il l'enonce dans Mein Kampf, seul compte le Lebensraum, le Drang nach Osten. Donc le front de l'Est est tout ce qui compte et rien de plus. Une fois cet objectif atteint il n'a d'ailleurs aucune intention de se retourner vers la Mediterranéen non plus. Selon lui la Grande Bretagne, ayant perdu son dernier allié sur le continent signera une paix blanche. Le monde aurait été alors dominée par la puissance navale de la Grande Bretagne et la puissance continentale du Reich.

La Méditerannée? c'est la mare nostrum de Mussolini...pas son problème. Tout doit tendre vers Barbarossa et rien d'autre.
S'il intervient dans la zone c'est parce que les erreurs de Mussolini l'y force pour stabiliser la zone. Il faut aussi s'assurer d' appuis dans la réalisation de son but ultime. Il faut ainsi rétablir la puissance militaire italienne dans sa colonie de Lybie. Ce sera fait à minima car il ne faut surtout pas divertir trop de troupes du seul et unique objectif qui compte aux yeux du Fuhrer.
IL faut ainsi rassurer la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie et la Turquie et, si possible, les rattacher à la croisade qui s'annonce. D'où les interventions à la fois diplomatique (bien avant 1940 d'ailleurs) et militaire (pour faire rebasculer la Yougoslavie dans le bon camp suite à un coup d'etat pro allié). La Grece sera envahie plus pour sécuriser la Bulgarie que pour aider Mussolini à se dépatouiller de la desastreuse offensive qu'il a monté. La Crete le sera pour empecher les bombardements sur la stratégique zone de Ploesti.
Ensuite Hitler se lave les mains de ce qui se passe ensuite dans la zone. Certes il a envoyé Rommel mais sous les ordres des italiens à la base (et avec très peu de troupes). Cela montre bien que l'OKW se moque éperdument de ce qui se passe en Méditerrannée et laisse à la Regia Esercito, la Regia Marina et la Reagia Aeronautica le soin de s'occuper de cette zone.


 

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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 87  Nouveau message de Finril56  Nouveau message 10 Nov 2017, 17:11

François Delpla a écrit:Hitler me semble en gros lucide sur les rapports de forces, à tous les stades de la guerre. Une idée à combiner avec celle de son providentialisme, qui l'aide à prendre des risques en escomptant que la fortune va lui sourire. Car n'a-t-il pas été envoyé sur terre pour rétablir une saine hiérarchie des races en mettant fin à 2000 ans de pitié judéo-chrétienne ?
Il voit en face sa défaite dès octobre ou novembre 41, quand il sait qu'il passera l'hiver en Russie et que les Etats-Unis ont toute chance d'entrer en guerre à ce moment.
Il espère cependant un retournement jusqu'à la veille de son suicide, d'une part en jouant au mieux ses atouts militaires, d'autre part en escomptant une rupture de la coalition adverse, et en faisant tout pour la provoquer. Cf. par exemple le sens épique qu'il donne à la bataille de Stalingrad, pour mettre en valeur une marée rouge prête à tout emporter sur le continent.


Ah pas du tout. Hitler ne se rend, au contraire, pas du tout compte des rapports de force. S'il l'avait compris jamais il n'aurait attaqué l'URSS en 1941 avec une armée si mal preparée.

Voire la défaite dès octobre 1941? Non plus. Hitler ne verra jamais la défaite en face et croira toujours pouvoir s'en sortir. S'il avait vraiment vu la défaite en octobre pourquoi avoir lancer Blau par exemple? Il aurait plutot du négocier alors avec Staline un arret de la guerre (chose que ce dernier aurait peut etre accepté à l'époque en plus).

Ses atouts militaires? Il n'en a pas des masses en fait. On s'illusionne beaucoup sur l'invicibilité de la Wehrmacht en 1941. Les victoires en Pologne, en France et dans les Balkans sont des victoires trompe l'oeil (surtout la campagne de France d'ailleurs). Certes c'est une redoutable force tactique. Mais on ne gagne pas une guerre au niveau tactique. Or, aux autres niveaux, la Wehrmacht est d'une faiblesse impressionnante. C'est là la raison principale de son échec durant la guerre d'ailleurs.

Quand à escompter la rupture de l'alliance là ce n'est plus de l'illusion, c'est plus du domaine du fantasme. Hitler (et pas que lui d'ailleurs. Il suffit de voir les tentatives de Hess ou encore d'Himmler) n'a absolument pas compris la situation dans laquelle il s'est mis, ni la solidité de l'alliance qui s'est nouée contre lui. IL va meme s'autointoxiquer avec sa propagande qui lui masque la vérité de la situation.


 

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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 88  Nouveau message de François Delpla  Nouveau message 10 Nov 2017, 17:22

O le beau résumé d'un classicisme désormais intenable !

Il faut s'y faire : Hitler a failli mettre la planète échec et mat avec sa percée de Sedan et l'aurait fait de toute évidence si Chamberlain avait gouverné dix jours de plus (Reynaud aussi était démissionnaire le 9 mai 40 et a repris le collier en alléguant l'offensive allemande; Chamberlain a voulu en faire autant et ce n'est pas Churchill qui l'en a empêché mais Kingsley Wood... un pote à lui !). Il n'avait donc pas mésestimé, alors, les rapports de force, et n'a été vaincu que par les hasards, non maîtrisables par lui, d'une crise ministérielle à rebondissements où Churchill était loin de partir favori.

Ses prétendues erreurs sont, comme par hasard, postérieures à cette catastrophe "vraiment pas de sa faute", du moins celles que vous invoquez.

L'attaque de l'URSS avec l'armée qu'il avait n'était pas le fruit d'une mauvaise appréciation des rapports de forces militaires, tout au contraire : c'était une dernière carte, une dernière chance de rattraper le ratage d'un cheveu de l'année précédente, ça passait ou ça cassait, et il le savait très bien.

Quant à négocier avec Staline avant de se lancer en désespoir de cause contre Moscou, il l'avait fait, bien sûr.

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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 89  Nouveau message de Loïc Charpentier  Nouveau message 10 Nov 2017, 17:48

Manu a écrit:Par exemple, il aurait dû augmenter la production d’armes et notamment de camions militaires en vue de Barbarossa. L’Allemagne en effet produit à peine plus de 50 000 camions en 1940 en 1941 contre près de 90 000 pour l’Angleterre alors qu’il aurait fallu rendre mobile davantage de divisons d’infanterie. Et puis il aurait fallu rééquiper les divisions blindées avec davantage de Panzer IV.


Je vais, juste, essayer de compléter ton propos.

Concernant les camions et le matériel roulant, en général, côté allemand. Contrairement aux britanniques, qui s'approvisionnent en pétrole (terrestre), via l'Irak, l'Iran, la Jordanie (oléoduc Mossoul-Haïfa), les allemands, à dater du 1er septembre 1939, eux, doivent se serrer le kiki, faute de ressources "immédiates" importantes Cette particularité explique, pour une bonne part, l'importance du parc hippomobile militaire "teuton" - d'où l’intérêt, au passage, dès 1941, puis 42, de chercher à mettre la main sur les ressources pétrolifères du Caucase -.

Le Panzer IV n'avait pas vocation à constituer la colonne vertébrale de la Panzerwaffe, de même que le StuG.III de la Sturmartillerie. Tous les deux avaient été conçus dans un rôle d'appui-feu pour l'infanterie ; au sein des unités blindées, le Panzer IV appuyait les Schützen-Regimenter, tandis que le StuG jouait le même rôle, mais auprès des Infanterie-Regimenter (non motorisés). Certes, il y avait eu, au printemps 40, l'alerte du Westfeldzug, avec le blindage particulièrement coriace des chars français, mais, durant la période été-automne 1940, le Panzer III, qui était sensé constituer la force de frappe de l'arme blindée, avait été réarmé avec un 5 cm de 42 calibres, les pièces antichars et canons de chars, approvisionnés en munitions à noyau de carbure de tungstène (Pzgr. xx/40) et les canons courts de 7,5 cm L/24 des Panzer IV et StuGe, pourvus d'obus à charge creuse (Hl). donc, en principe, tout "baignait".

Pas de bol, à l'été 1941, le 5 cm Pak 38 se révèlera trop limité face aux KV-1 & T-34, le 5 cm L/42 des Panzer III, trop peu performant, et les munitions à charge creuse, certes, efficaces, mais trop capricieuses et d'une portée efficace insuffisante. Il devenait urgent d'augmenter les performances des armes tractées et embarquées. Rheinmetall pond, en "catastrophe", le 7,5 cm Pak 40 ( 1,4 tonnes!), sauf qu' aucun blindé n'est foutu de l'accepter dans sa tourelle! Rheinmetall & Krupp, sur ordre du WaA, bidouillent vite fait une pièce, avec sa munition, qu'on parvient, presque à renfort de coup de pieds, à faire entrer dans une casemate de StuG et la tourelle d'un Panzer IV, celle du Panzer III refusant, définitivement, son intégration :( ... ce qui signera, à terme, sa "mort industrielle". On équipera, au second semestre 1942, les Panzer III, des premiers 5 cm L/60 (la copie du Pak 38, sans le frein de bouche!), mais la messe, déjà, était dite.

Le passage du Panzer IV, de char d'appui-feu au rôle de blindé "principal" n'a été que le résultat de cette urgence. A terme, la mise en service du Panther avait pour vocation de remplacer l'ensemble des Panzer III & IV, dans ce rôle, mais sa production sera insuffisante.

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Re: Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

Nouveau message Post Numéro: 90  Nouveau message de Finril56  Nouveau message 10 Nov 2017, 18:00

François Delpla a écrit:
Il faut s'y faire : Hitler a failli mettre la planète échec et mat avec sa percée de Sedan et l'aurait fait de toute évidence si Chamberlain avait gouverné dix jours de plus (Reynaud aussi était démissionnaire le 9 mai 40 et a repris le collier en alléguant l'offensive allemande; Chamberlain a voulu en faire autant et ce n'est pas Churchill qui l'en a empêché mais Kingsley Wood... un pote à lui !). Il n'avait donc pas mésestimé, alors, les rapports de force, et n'a été vaincu que par les hasards, non maîtrisables par lui, d'une crise ministérielle à rebondissements où Churchill était loin de partir favori.


Pardon. Mettre la planète en échec après Sedan? D'où? La Navy est battue? absolument pas? L'armee francais est battue? non toujours pas? La flotte francaise est perdue? ben non la RAF détruite? toujours pas. Bref aucune force militaire vive des alliés n'a encore failli à ce moment. Aucune force économique n'est touchée. La campagne n'était d'ailleurs absolument pas perdue si l'EM francais avait reagit correctement (ce qu'il ne fera pas).

Sinon si. Hitler mesestime totalement le rapport de forces tant militaire que politique et qu'économique. Dire le contraire c'est juste ne rien y connaitre à la realite des faits de l'époque.

Je ne vois pas ce que l'echec de Chamberlain vient faire avec l'aveuglement du régime nazie sur sa capacité à gagner la guerre. C'est de la politique interne à la Grande Bretagne où Hitler n'a aucune prise (comme le montrera le résultat d'ailleurs)



L'attaque de l'URSS avec l'armée qu'il avait n'était pas le fruit d'une mauvaise appréciation des rapports de forces militaires, tout au contraire : c'était une dernière carte, une dernière chance de rattraper le ratage d'un cheveu de l'année précédente, ça passait ou ça cassait, et il le savait très bien.


Je vais t'épargner toutes les citations qui montrent que les allemands (et pas qu'Hitler) pensent qu'ils n'ont aucune chance de rater leur coup. Donc ça passe ou ça casse ça leur vient même pas à l'idée. Pour eux ca ne peut que passer genre" un coup de pied dans la porte et tout l'édifice pourri s'effondrera" (pour la route et la fine bouche).
Hitler, comme l'EM allemand, s'illusionne totalement et sous estime allégrement la puissance militaire et économique de l'URSS.

Quant à négocier avec Staline avant de se lancer en désespoir de cause contre Moscou, il l'avait fait, bien sûr.

Ah premiere nouvelle là. Tu as plus d'info sur le sujet. parce que je n'ai jamais rien vu ni lu qui indique de telles tractations.


 

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