Une stratégie méditerranéenne à l'automne 1940

[Prosper Vandenbroucke]

Bonsoir Ludovic,

Staline a manigancé une alliance avec Hitler, à la surprise des diplomates routiniers et des pacifistes niais, parce que le danger d’une guerre majeure ne pouvait venir que de Hitler et parce que, selon les calculs du Kremlin, l’Allemagne est plus puissante que ses ennemis éventuels. L’Allemagne, entièrement militarisée, est un ennemi formidable : il n’est pas possible d’acheter sa bienveillance si on ne coopère pas à ses plans

https://www.marxists.org/francais/trots ... 121939.htm

[Dog Red]

Hitler me semble en gros lucide sur les rapports de forces, à tous les stades de la guerre. Une idée à combiner avec celle de son providentialisme, qui l'aide à prendre des risques en escomptant que la fortune va lui sourire. Car n'a-t-il pas été envoyé sur terre pour rétablir une saine hiérarchie des races en mettant fin à 2000 ans de pitié judéo-chrétienne ?
Il voit en face sa défaite dès octobre ou novembre 41, quand il sait qu'il passera l'hiver en Russie et que les Etats-Unis ont toute chance d'entrer en guerre à ce moment.
Il espère cependant un retournement jusqu'à la veille de son suicide, d'une part en jouant au mieux ses atouts militaires, d'autre part en escomptant une rupture de la coalition adverse, et en faisant tout pour la provoquer. Cf. par exemple le sens épique qu'il donne à la bataille de Stalingrad, pour mettre en valeur une marée rouge prête à tout emporter sur le continent.

Je n'arrive pas à trancher entre un HITLER lucide dès l'hiver 41/42 et qui y croit encore jusqu'à la fin de la guerre.
On lit de tout à ce sujet. Difficile de se faire une opinion.

Quoi qu'il en soit, quand j'écris "il gagne du temps", je veux dire dans le providentiel espoir que la coalition qui l'écrase se décompose.
N'oublions pas sa vénération de Frédéric le Grand, seul contre tous, lui aussi, jusqu'à la disparition de la tsarine Catherine.

Hitler me semble en gros lucide sur les rapports de forces, à tous les stades de la guerre. Une idée à combiner avec celle de son providentialisme, qui l'aide à prendre des risques en escomptant que la fortune va lui sourire. Car n'a-t-il pas été envoyé sur terre pour rétablir une saine hiérarchie des races en mettant fin à 2000 ans de pitié judéo-chrétienne ?
Il voit en face sa défaite dès octobre ou novembre 41, quand il sait qu'il passera l'hiver en Russie et que les Etats-Unis ont toute chance d'entrer en guerre à ce moment.
Il espère cependant un retournement jusqu'à la veille de son suicide, d'une part en jouant au mieux ses atouts militaires, d'autre part en escomptant une rupture de la coalition adverse, et en faisant tout pour la provoquer. Cf. par exemple le sens épique qu'il donne à la bataille de Stalingrad, pour mettre en valeur une marée rouge prête à tout emporter sur le continent.

Je n'arrive pas à trancher entre un HITLER lucide dès l'hiver 41/42 et qui y croit encore jusqu'à la fin de la guerre.
On lit de tout à ce sujet. Difficile de se faire une opinion.

Vu son optimisme au cours de Typhon et de Blau ( et les bourdes associées à cet optimisme ), tu peux reculer toute analyse lucide de la situation à l'hiver 1942/1943 sans grand risque

Les alliés ont au minimum 3 divisions ( 4iè indienne, 6ième australienne et 7iè blindée ) mobiles prêtes à être engagées et des moyens supplémentaires sont soit en cours d'acheminement ( une division néo-zélandaise notamment ) soit au moyen orient en Palestine ou en Irak : ça fait beaucoup pour une seule division blindée allemande même appuyée par de l'infanterie ( peu mobile ) italienne

Il me semble que le division australienne n'arrive qu'en novembre, tout juste à temps pour participer à l'opération Compass.

Il me semble qu'elle est à l'entrainement en Palestine durant le second semestre 1940

En ce qui concerne le débat de savoir si Hitler a eu une stratégie méditerranéenne en 1940 et 1941 : la réponse est oui sans le moindre doute

On va rappeler que le premier plan de production post-armistice de la France prévoit une armée réduite à 120 division beaucoup plus mobiles ( et avec des moyens aériens et maritimes accrus ) pour mener la lutte contre la Grande Bretagne

L'évolution liée à Barbarossa est d'inclure la préparation d'une armée à 180 divisions ( il y en aura en réalité presque 200 ) pour le ,printemps 1941 mais sans les productions nécessaires pour maintenir cette force opérationnelle pour des mois d'opérations : au contraire l'idée de Hitler, c'est une fois cette force équipée de transférer les capacités de productions à l'aviation ( principalement ) et à la marine ( de façon secondaire )

L'ordre de transférer est donné le 14 juillet 1941 ( directive n° 32a ) mais il était prévu dès la conception du plan d'armement B ( celui qui couvre Barbarossa )

Ajoutons à ça ( directive n° 32 notamment du 11 juin 1941 ) que Hitler a à cette date donné l'ordre de détruire l'empire britannique au moyen orient durant l'hiver 1941-1942 ( tout en maintenant et intensifiant le blocus des îles britanniques elles mêmes )

Enfin l'ordre ( 32a) est mis en application dès le mois de juillet 1941 puisque la quasi-totalité de la production de chars neufs ( et de moteurs ) est attribuée aux divisions blindées destinées à opérer au Moyen Orient

Petit rappel : la production de chars neufs durant le second semestre 1941 couvre les pertes subies durant Barbarossa. Mais ces chars sont attribués en priorité ( sauf des envois limités en septembre/octobre 1941 ) aux divisions "tropicales"

[Dog Red]

Vu son optimisme au cours de Typhon et de Blau ( et les bourdes associées à cet optimisme ), tu peux reculer toute analyse lucide de la situation à l'hiver 1942/1943 sans grand risque

Ca se discute. Il n'est pas seul à être "optimiste".
Il peut y croire... ...ou feindre d'y croire pour pousser ses généraux en avant.

Il y a foule de témoignages ( il n'est certes pas le seul ) de cet optimisme et surtout il y a les décisions prises :
- atteindre la ligne de la Volga comme objectif de Typhon
- la multiplication ( et la dispersion ) des coups portés en 1942 ( voir à ce sujet le très bon "de Moscou à Stalingrad-décision à l'est" de Ziemke et Bauer )

[Dog Red]

- atteindre la ligne de la Volga comme objectif de Typhon

Irréaliste vu l'état des Pz.-Divisionen. VON BOCK je crois était le seul de cet avis face à l'OKH.

- la multiplication ( et la dispersion ) des coups portés en 1942 ( voir à ce sujet le très bon "de Moscou à Stalingrad-décision à l'est" de Ziemke et Bauer )

Je n'ai pas lu ZIEMKE et BAUER mais il est vrai qu'HITLER commet des erreurs graves à l'été 42 et après.

- atteindre la ligne de la Volga comme objectif de Typhon

Irréaliste vu l'état des Pz.-Divisionen. VON BOCK je crois était le seul de cet avis face à l'OKH.

C'est totalement irréaliste ( tout comme penser que des divisions blindées peuvent opérer sans pièces de rechanges ) mais c'est bien ce qu'il propose

Grosso modo, la position des protagonistes est la suivante :
- Hitler veut atteindre la ligne de la Volga ou au moins s'en approcher et couper les liaisons ferroviaires soviétiques entre la Russie d'Europe et celle d'Asie
- Von Bock veut prendre Moscou par un assaut quasi-frontal
- L'OKH veut déborder Moscou par les ailes et laisser son investissement à la 4ième armée ( en gros une position à mi-chemin de celle de Hitler et de Bock ) tout en engageant le groupe d'armée sud vers le Caucase dès l'hiver 1941/1942
- Rundstedt et Leeb veulent stopper l'offensive et hiverner ( et ils ont parfaitement raison )

De toute façon Hitler n'a accepté l'idée d'une seconde campagne ( et le redémarrage des productions prioritaires pour l'armée de terre ) que début décembre 1941

Il faudrait que je me replonge dans Adam Tooze, mais il me semble que l'industrie Allemande n'a tout simplement pas les moyens de produire plus, au moins à court terme. Qu'en est-il des matières premières, particulièrement l'acier et le pétrole, des machines-outils, des chaînes de production et des surfaces couvertes pour les usines?

L'Allemagne a peiné à fabriquer des chars avant la guerre, ce qui l'a obligée à utiliser massivement un engin aussi médiocre que le Panzer I dans ses campagnes initiales. Cela a-t-il changé en 40/41?

En 1940 l'Allemagne produit 21,5 millions de tonnes d'acier, 364,8 millions de tonnes de charbon et 4,8 millions de tonnes de pétrole + 2,1 millions de tonnes en import et butin, l'Angleterre 13 et 224,3 et importe 11,3 millions de tonnes de pétrole et pourtant elle produit plus de camions et d'avions que l'Allemagne. En Allemagne on a fait le choix fatidique d'éviter la guerre totale. L'Allemagne en guerre produit moins de chars que l'URSS qui ne l'est pas...

D'après Wiki, sur la nomination de Speer début 42 :

Au moment de la prise de fonction de Speer, l'économie allemande, à la différence de celle du Royaume-Uni, n'était pas entièrement consacrée à la production de guerre. Des biens de consommation étaient toujours produits à un niveau comparable à celui d'avant-guerre. Pas moins de cinq « Autorités suprêmes » étaient responsables de la production d'armement et l'une d'elles avait annoncé en novembre 1941 que les conditions ne permettaient pas un accroissement de la production. Peu de femmes étaient employées dans les usines qui ne travaillaient pas par équipes. Peu après sa nomination, Speer se rendit en soirée dans une usine d'armement de Berlin, mais celle-ci était déserte.