SD-Einsatzkommando Tunis

Je rebondis sur un intéressant post de juin 2012 intitulé "Einsatzgruppe à la Panzerarmee Afrika".

Rappel sur le terme Einsatzkommando désigne une unité de campagne de la SIPO SD chargé de "sécuriser les arrières" : lutte contre toute forme d' opposition (résistance armée, renseignement, résistance intellectuelle). Des commandos ont été déployés à partir de 1938 en Autriche, Sudètes, Bohême et Moravie, France, Belgique, Alsace, Moselle, Hollande, Danemark, Norvège. Ce n'est qu'après 1941 qu'en Russie et en Yougoslavie les Einsatzkommandos furent utilisés pour l'extermination par la fusillade et les camions à gaz des juifs et des roms.

Concernant l'Einsatzkommando Tunis.

En juin 1942, SS-Oberführer Schellenberg Chef de l'Amt VI SD - Ausland du RSHA eut une discussion avec Heinrich Himmler en vue de la formation d'un Einsatzkommando dans la perspective d'un déployement en Egypte dans les fourgons de l'Afrika Korps. L'unité créé après un accord avec l'OKW fut baptisée "Einsatzkommando Egypt".



l'Einsatzkommando fut formé courant juillet 1942 à Berlin avec un effectif de 7 officiers et 17 sous officiers. Des rapports du RSHA indiquaient qu'une frange non négligeable de la population arabe était prête à collaborer. Cet appui se fondait sur le ressentiment anti anglais (idem que le sentiment anti communiste d'une partie de la population à l'Est).

Le 20/7/1942 le commando avec Rauff à sa tête fut envoyé dans un premier temps à Tobrouk en Lybie comme SD-Einsatzkommado beim AOK Afrika. Il était installé à son QG mais Rommel en fait était à plusieurs centaines de km de là au contact avec les Britanniques.

Son Etat Major se composait du SS-Stubaf Wilhelm Beisner du Amt VI B son adjoint, du SS-Ostuf Hans-Joachim Wiese qui devait devenir l'officier de liaison de l'Amt VI auprès du Grand Mufti de Jerusalem, SS-Stubaf Franz Hoth en charge du renseignement militaire, SS-Ostuf en charge de l'administration, SS-Ostuf Herbert Werth représentant de la Gestapo, SS-Ustuf Waldemar Menge Transmissions. Le groupe de sous officiers était composé de membres de la Gestapo. l'un d'entre eux Hauptscharführer Schölling spécialiste des transports était chargé du transport de véhicules d'Italie vers l'Afrique mais en raison de difficultés de transport ils ne purent être acheminé et le convoi repartit sur Berlin. (véhicules de transport ou camions à gaz Sauer ??).

Finalement le commando se replia sur Athènes le 29/7/1942 en attente du déploiement vers l'Egypte et la Palestine. Après 2 mois d'attente le commando fut rappelé à Berlin où l'attente dura encore 2 mois en raison de la retraite de Rommel.

En novembre 1942, le SD Einsatzkommando fut réassigné en Tunisie comme SD EK Tunis avec trois officiers supplémentaires et un personnel passant de 24 à 100. Problème, la Tunisie était sous contrôle italien et ceux ci appréciaient peu l'ingérence allemande sur leur territoire. Les actions anti juives furent contrecarrées. Les juifs italiens furent protégés des actions de l'Einsatzkommando. la déportation des juifs fut compromise par le manque de support maritime pour la traversée de la Méditerranée. Aussi le commando dut il se contenter de recenser la population juive de Tunisie et de les utiliser pour le travail forcé à la construction de fortifications.
Mallmann et Cuppers dans le livre "Halmond und Swastika" donnent la liste des camps de travail pour les juifs controlé par l'EK mais gardés par des troupes de la Wehrmacht.
Lager Belvedere, Bizerte, El Aouina, Massicault (Borj el Amri), Mateur, Port de Tunis, Cheylus, Enfidaville, Kondar, Mohammedia, Saouaf, Sainte-Marie du Zit et Zaghouan.
le 9/8/1943 le Commando Tunis fut envoyé sur Naples puis envoyé en Corse pour des missions de Sécurité jusqu'en septembre 1943. Après septembre 43, le commando fut dissous et son personnel réassigné. Rauff devint Kommandeur du SIPO Gruppe Oberitalien West.
(source : SD Kommando Tunis forum Axishistory.com)

Post très intéressant j'ignorais complètement le sujet .

Merci beaucoup

[fbonnus]

Voilà des détails que je ne connaissais pas.
Merci !

[frontovik 14]

Très intéressant cet article. Et qui éclaire un peu la présence des hommes de Rauff à Athenes prêts à faire un sort aux Juifs de Palestine.

[alfa1965]

Il existait des mesures anti-juives en Tunisie avec des interdictions identiques en métropole. Reste à savoir comment aurait réagi Vichy ?
L'Einsatzkommando était prêt à intervenir mais sous quelle forme, massacre type Babi -Yar ou déportation ?
ALEX

Les allemands ne sont restés que 6 mois en Tunisie , suffisamment pour imposer leurs premières mesures , pas assez pour aller jusqu'au bout
Les italiens se sont montrés beaucoup moins durs , en protegeant et exemptant de toute mesure , les juifs d'origine italienne ( les livournais ou grani , composante importante de la communauté juive )............à telle enseigne que certains seront poursuivis et expulsés aprés guerre vers l' Italie !
http://profburp.info/tunisie/danielle/camps.pdf
et dans la bibliographie les livres de deux temoins et acteurs importants : Paul Ghez et Robert Borgel , dirigeants de la communauté

[alfa1965]

Merci pour le lien et aussi (je suis fan de boxe) ce rappel de Young Perez. Dans la lettre, on lit que des Allemands se sont présentés au domicile du travailleur juif "réquisitionné" en compagnie d'un gendarme français muni d'une liste, il n'est pas compliqué de comprendre comment avait été établie cette liste.

Si le sort des armes avait été favorable aux allemands en Afrique du Nord et au Moyen Orient.
Les allemands escomptaient une large aide de supplétifs arabes pour le massacre de la communauté juive de Palestine forte de 500 000 âmes.
A l'image de ce qu'ils avaient expérimenté dans les pays baltes notamment en Lithuanie où des supplétifs ont participé aux fusillades de masse de 130 000 juifs. En Ukraine et en Union Soviétique, les supplétifs ont joué également un grand rôle dans les fusillades de masse sous la direction des unités mobiles et des postes fixes de la SIPO SD
En fait, ce n'est pas tant la méthode que la finalité qui est en question.
La victoire militaire des britanniques contre l'armée de Rommel a sauvé les juifs de Palestine.
C'est le point de vue documenté développé Cuppers et Mallmann.

(Yad Vashem Studies volume 35)