Source : La grande histoire de la seconde guerre mondiale, de Pierre Montagnon, Tome 1, Editions France Loisirs 1999, p 464 à 467.
1) Opérations de diversions avant "Crusader".
Pour appuyer Crusader (Offensive britannique en Afrique du nord, nov-décembre 1941), le commandement britannique prévoit des opérations de diversion : raids contre les oasis du sud, attaques d'aérodromes par des commandos spécialisés, et principalement coups de main pour frapper à la tête, c'est à dire éliminer Rommel en personne. Ces actions connaîtront des fortunes inégales.
Une "Oasis Force" reçoit mission de s'emparer de Jalo et de donner l'impression d'une poussée notable dans la région. La colonne volante constituée se doit d'être légère pour éviter les réactions de la Luftwaffe. Bien organisée et bien commandée, elle prendra Angela, le 22 novembre, et Jalo le 24.
Les parchutistes du colonel Stirling,
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seront moins heureux. Largués trop loin de l'objectif, ils échoueront dans leur attaque contre l'aérodrome de Gazala. Ils se rattraperont en décembre, en détruisant 88 appareils sur les terrains de Syrte, Tamet et Agedabia.
2) Opération Flipper : tuez Rommel !
L' opération la plus spectaculaire demeure celle qui est dirigée contre Rommel en personne, hantise des Britanniques. Leurs services de renseignements pensent avoir localisé son PC; la villa de Rommel serait un bâtiment dénommé la "Preffetura", situé à Beda Littoria, village italien de colonisation sur la via Balbia, non loin des ruines de l'antique Cyrène et à une vingtaine de kilomètres de la côte. Curieusement, nul ne s'étonne de cette localisation à 200 kilomètres à l'ouest de Tobrouk qui correspond bien peu au style du "Renard du désert", toujours enclin à se trouver aux avant-postes.
Durant la seconde quinzaine d'octobre, le capitaine Haselden reconnaît les lieux. Personnage d'une trempe extraordinaire, ce capitaine Haselden parle l'arabe et l'italien et n'hésite pas à se déplacer seul en territoire ennemi, gagnant la confiance des libyens qui aspirent à se libérer de la tutelle italienne.
Le 10 octobre 1941, il débarqua du sous-marin Torbay avec un guide indigène. Habillé en nomade, il passe une semaine à observer et confirme l'existence d'un PC allemand à Beda Littoria. La présence de Rommel y a été signalée.
La charge d'éliminer le général allemand est confié au 11e commando écossais qui appartient au groupe du colonel Laycock sous le commandement du lieutenant-colonel Keyes.
6 officiers et 53 commandos embarquent à Alexandrie dans deux sous-marins, le Torbay et le Talisman. Les deux bâtiments abordent la côte libyenne dans la nuit du 13 au 14 novembre. Haselden, parachuté quelques jours plus tôt, est au rendez-vous. Sa lampe clignote pour baliser le point de débarquement, mais la mer est démontée est si 22 commando et le capitaine Campbell arrivent à gagner la grève, Laycock atteint la côte avec seulement 7 hommes.
Avec ces effectifs diminués, les plans doivent être revus. Deux objectifs secondaires sont abandonnés: une petit équipe se chargera de détruire un pylône de communications au sud de Cyrène. Keyes, Campbell et un autre groupe se porteront sur la "Preffetura", enfin Laycock et 3 hommes resteront en réserve près du rivage.
Pluie et vent se déchaînent ce qui va faciliter les opérations.Vers 23 heures, dans la nuit du 17 au 18, Keyes et ses hommes arrivent sur l'objectif. Dans la lutte qui s'en suit, Keyes se fera tuer, et Campbell, blessé au tibia ne pourra être récupéré. La chance n'est pas avec le commando puisque le Torbay, qui devait les récupérer ne percevra pas leurs signaux d'appel. Laycock doit alors donner l'ordre de dispersion, comptant sur l'avance de la VIIIe armée pour être récupéré. Mais seuls Laycock et un sous-officier, après 41 jours de pérégrinations, y parviendront, tous les autres étant capturés.
4 allemands tués, un britannique tué, 30 autres faits prisonniers, le bilan est, à première vue, lourd pour les alliés. Ce n'est pas l'exécution qui est en cause mais le peu de fiabilité des renseignements, Rommel n'ayant fait que quelques passages occasionnels dans sa "villa" !
Le coût payé est donc cher, mais les allemands et les italiens, après ce coup de main allié, seront contraints de renforcer leurs arrières par crainte d'opérations identiques.
Le colonel Keyes qui laissa sa vie dans l'opération, recevra la Victoria Crossà titre posthume.