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Erwin Rommel nazifié ?

De l'assaut sur Dakar à la bataille d'El Alamein, les combats en Méditerranée. Opération Torch et la suite logique avec le débarquement en Sicile et les affrontements dans la péninsule italienne. Anzio, Monte Cassino, le Garigliano...
MODÉRATEURS : Gherla,alfa1965

Erwin Rommel nazifié ?

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 26 Fév 2007, 06:31

Suite à l'excellent article de Daniel Laurent sur la nazification de la Wehrmacht, je me permets ici d'analyser le comportement du Feldmarschall Erwin Rommel pour montrer tout mon scepticisme sur sa possible "nazification".

Période de la Grande Guerre et antécédents

La famille Rommel n'avait aucun ami influent parmi les cercles militaires. Le seul lien qu'on pouvait faire était que le père avait fait son service militaire comme lieutenant d'artillerie avant de devenir professeur. Ils formaient une famille modeste, bien loin, par l'éducation et l'entourage, de la caste des officiers prussiens. Le jeune Erwin est quand même attiré par une carrière dans ce domaine. En octobre 1910, il devient Caporal. Fin décembre, il est déjà Sergent. En mars 1911, il entre à la Kriegsschule de Dantzig où il rencontre son épouse. Il démontre ses grandes capacités pendant la guerre 1914-1918 et est décoré de la Croix du Mérite. Le traité de Versailles fait perdre 2 millions de sujets à l'Allemagne au profit de la Pologne à cause du couloir de Dantzig. En décembre 1918, Erwin Rommel traverse l'Allemagne en crise pour aller chercher sa femme malade à Dantzig.

Période entre deux guerres

À l'été de 1919, on le place aux commandes d'une compagnie de sécurité intérieure à Friedrichshafen; il doit commander une poignée de marins communistes afin de les transformer en soldats. Son travail est si bien accompli que le chef de police de Stuttgart lui demande de choisir parmi eux des candidats pour son service et l'invite même à se joindre à eux.(1) Erwin Rommel a connaissance de la ruse de von Seeckt pour dissimuler aux Alliés la force réelle de l'Armée allemande entre les deux guerres et on ne peut lui reprocher d'avoir admiré le personnage en se remettant dans le contexte de l'époque. Il aurait conservé sa place dans l'armée sans ce stratagème, ses faits d'arme antérieurs suffisaient amplement. En 1929, il entre à l'école d'infanterie de Dresde où il étudiera pendant 4 ans. Pendant cette période, il écrit un livre sur les tactiques d'infanterie, Infanterie Greiff An. En 1933, la majorité des Allemands pensent que Hitler est un idéaliste, un patriote aux idées assez saines qui pourrait unifier l'Allemagne et la sauver du communisme. Erwin Rommel, récemment promu Major, semble en penser autant même s'il voit d'un mauvais oeil les nazis. Mme Rommel avait d'ailleurs déjà entendu son mari dire à propos des nazis: « qu'ils ressemblaient à une bande de voyous » et qu'il était fâcheux que Hitler s'entoura de pareils gens. 30 juin 1934, nuit des longs couteaux. Rommel croit à la version officielle du complot déjoué.(2) 1935, promu Lieutenant-Colonel, il refuse que ses soldats défilent derrière une garde SS responsable de la sécurité du Führer. Malgré son grade, il se mêle peu à la société berlinoise et n'a ni amis ni connaissances parmi les dignitaires nazis. Il n'entretient pas non plus de relations mondaines avec les officiers supérieurs de la Wehrmacht. Bien sûr, il n'est pas aveugle et voit bien que les Bonzes du Parti s'efforcent de convertir les officiers en bons nationaux-socialistes et d'incorporer la Wehrmacht à «l'ordre nouveau». Si Ludwig Beck et Werner von Fritsch méprisent autant les membres du NSDAP que leur chef, Rommel établit quant à lui une différence entre Adolf Hitler et le Parti.(3) Quand il est attaché aux Hitlerjugend, il se heurte à Baldur von Schirach qui fait comprendre à Hitler que Rommel n'est pas nazi assez bon teint pour cette mission. En 1937, il passe de Capitaine à Colonel. En octobre 1938, il est nommé à la tête du Fuhrerbegleitbattalion (sécurité personnelle de Hitler). Le choix du Führer avait été influencé par le livre de Rommel, Infanterie Greiff An, ouvrage qui l'avait fortement impressionné. Le 23 août 1939, alors qu'il est maintenant Major-Général, on l'affecte au QG d'Adolf Hitler.(4)

Période WWII

Pour des raisons énoncées plus haut, quand l'Allemagne attaque la Pologne, Erwin Rommel a toute les raisons de croire qu'il est légitime pour le Reich de reprendre un territoire qui lui est dû. Pendant la campagne de Pologne, Hitler impressionne Rommel par son courage et lui cause même quelques ennuis en demandant à se trouver fréquemment parmi les troupes avancées. Après cette campagne, le Führer sent que Rommel est insatisfait, qu'il désire être ailleurs: « Mais enfin, qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? » - « Le commandement d'une division blindée. » Hitler n'hésite pas à exaucer le souhait de Rommel, il le considère différemment des autres officiers, les aristocrates. Erwin Rommel, méprise les hommes du Haut-Comamndement, Keitel, Jodl et Halder, « des soldats de bureau ». Au procès de Nuremberg, von Hassell a prétendu que Halder avait contresigné les ordres de brutalité envers les Russes prescrites par Hitler. Rommel le méprisait-il en partie pour cette raison ? En janvier 1941, Erwin Rommel est promu Generalleutnant et, le 15 février 1941, est placé aux commandes des troupes allemandes en Libye. Celui qui deviendra plus tard son ami, Schmundt, se confie: « Hitler était entouré de brigands, la plupart hérités du passé. Mais quel grand homme c'était ! Quel idéaliste ! Quel maître digne d'être servi ! » On peut donc penser que Rommel partageait cette vision des choses et qu'il croyait comme Schmundt que tout ce qui allait mal était de la faute des Goering, Himmler, Bormann, Keitel, Jodl, Halder, etc... Le journal de Goebbels, Das Reich, publie en 1941 un article qui révèle entre autres que Rommel avait été un des premiers chefs des troupes d'assaut, qu'il était un intime de Hitler, etc... Rommel réagit violemment et proteste auprès du Ministre de la Propagande. Le Dr Meissner répond qu'il aurait sans doute mieux valu que ces renseignements, que l'on reconnaissait faux, eussent en fait, exprimé la vérité. Il n'est donc pas illogique de croire que les désillusions sont venues beaucoup plus tard, quand Erwin Rommel est revenu du front nord-africain, et qu'il n'a jamais tempé dans les crimes que l'on reproche aux armées allemandes.

Conclusion

Desmond Young, officier britannique auteur d'une biographie de Rommel, nous rapporte dans son livre: « ...il ne cessa jamais d'appartenir à l'Armée allemande depuis le jour où il entra au régiment jusqu'au jour de sa mort. Il ne fit jamais partie des Corps francs ni de la police, ni du parti nazi(5) et encore moins des troupes d'assaut; et ses relations avec Hitler s'établirent d'une manière vraiment fortuite. » Toujours dans le même livre, en préface, le Maréchal Sir Claude J. E. Auchinleck écrit: « Il semble que nous, ses adversaires, nous le représentions comme le type même du Junker, produit parfait de la machine militaire prussienne. Il ne l'était pas. Et peut-être cela compte-t-il pour beaucoup dans son extraordinaire succès comme conducteur d'hommes au combat. » Il ajoute: « Il ne montrait aucune merci et n'en espérait aucune. Cependant, je ne pourrais jamais transférer mon dégoût profond pour le régime qu'il servait en une haine personnelle pour lui, en tant qu'adversaire. Maintenant qu'il n'est plus, si je dis que je le salue comme soldat et comme homme et que je déplore les honteuses circonstances de sa mort, on va peut-être m'accuser d'appartenir à ce que M. Bevin appelle "le syndicat des généraux". Autant que je sache et à supposer qu'un tel syndicat existe, en être membre signifie simplement que l'on reconnaît chez l'ennemi les qualités que l'on voudrait soi-même posséder: le respect pour un adversaire brave, compétent et scrupuleux et le désir d'être traité par lui, lorsqu'on est battu, de la même façon dont on le traiterait soi-même si on était le vainqueur. On appelle habituellement cela: l'esprit chevaleresque. Beaucoup peuvent crier à la sottise et dire que les jours en sont loin.(6) C'est peut-être vrai, mais je ne puis alors m'empêcher d'en être désolé. » J'ai laissé les adversaires de Rommel le décrire plutôt que de me fier au jugement de l'Amiral Friedrich Ruge dont je possède un ouvrage. On aurait pu alors me taxer d'avoir laissé un loup juger le Renard.

(1) De là est peut-être née la légende qu'il avait fait partie de la police.
(2) Les observateurs étrangers possédaient une meilleure analyse que les principaux intéressés à l'époque.
(3) Il éprouve alors un grand respect pour Hitler le soldat de la Grande Guerre.
(4) C'est peut-être à ce moment qu'on se met à le soupçonner d'être un national-socialiste
(5) Ici, l'incertitude plane toujours.
(6) Petit clin d'oeil ici à mon ami Daniel Laurent.

Source: Rommel de Desmond Young


 

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Erich Von Kluger  Nouveau message 02 Mar 2007, 19:30

Il ne croyait plus vraiment dans ces élites nazis "soldats de bureau" en effet dès lors qu'il reviendra en Allemagne. Il n'aimait pas Keitel, méprisait Goering qui n'avaient pas l'air de tellement se soucier de la condition de leurs armées, refusant la capitulation a tout prix, tout en étant planqué loin derrière le front. Ca rappelle Paulus, qui lui a pu sauver sa tête, n'ayant pas subit de chantage sur sa famille et dans ce cas pouvant s'épargner un suicide forcé.


 

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Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 04 Mar 2007, 12:45

Fevrier 1944.
Des avions sovietiques larguent sur les lignes allemandes de centaines de milliers de tracts signes par le general allemand Walther von Seydlitz, fait prisonnier a Stalingrad, appellant a la rebellion contre Hitler.

Panique paranoiaque dans le Reich.

Le 19 mars 44, certains Marechaux et Generaux furent convoques au Berghof pour lire a la radio un message condamnant Seydlitz, "le meprisable traitre a notre cause sacreee".

Lesquels ? Les plus fideles a la "cause sacree", evidemment :
Rundstedt, Kleist, Busch, Weichs, Manstein et ..... Rommel....

Source : Anthony Beevor, "Stalingrad", Le Fallois 1999, page 192


 

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Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 04 Mar 2007, 13:30

Heinrich Himmler a conduit une série de conférences destinées aux cadres du Reich :
- 6 octobre 1943, a Posen, Reichsleiters et Gauleiters.
- 16 décembre 1943 a Weimar, les Amiraux.
- 5 mai 1944 a Sonthofen, les Généraux
- Puis encore le 24 mai et le 21 juin 1944, d'autres officiers supérieurs.

Extrait de son discours :
«Je désire vous parler maintenant, dans le cadre de ce cercle des plus restreints, d'une question que vous avez acceptée depuis longtemps comme allant de soi mais qui est devenue pour moi le plus lourd de ma vie : La question des Juifs (...)
Nous sommes, voyez-vous, confrontes à la question : "Que faites-vous des femmes et des enfants ? " Et j'ai décidé, ici aussi, d'adopter une solution sans équivoques. Car je ne trouvais pas justifie d’anéantir, c'est à dire de tuer ou de faire tuer, les hommes tout en laissant grandir les enfants et les petits-enfants. »

Les exegetes du Feldmarshall Rommel pourront certes nous dire qu'il n'etait physiquement present a aucune de ces "conferences".
Mais, etant Feldmarshall (Depuis juin 42 ?) il est evident qu'il a ete informe du contenu de ces conferences.

Il savait.

PS : Une mauvaise langue me dit que, lorsque la soeur ainee de Manfred Rommel (Le fils de Rommel qui devint Maire de Frankfort et specialiste des legendes quant a son pere) voulut epouser un officier italien, Erwin s'inquieta avec insistance de savoir si ce Rital n'avait pas d'antecedents juifs. Je suis sur une piste a ce sujet, mais si quelqu'un ici peut confirmer, merci.
Dernière édition par Daniel Laurent le 04 Mar 2007, 14:02, édité 1 fois.


 

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Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 04 Mar 2007, 13:57

Selon Killingray, David, Africans and African Americans in Enemy Hands, in Prisoners of War and their Captors in World War II, eds., Bob Moore and Kent Fedorowich, (Berg Press, Oxford, U.K., (1996)) pp. 195-196,
Rommel aurait fait assassiner des prisonniers de guerre noirs et aurait affame, contrairement au blancs, des prisonniers de guerre non blancs.


 

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Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Daniel Laurent  Nouveau message 04 Mar 2007, 14:14

Je continue a creuser le sujet, ou vous en avez suffisament ?
TOUS les officiers de la Wehrmacht furent compromis.
La force de la ruse nazie depasse l'entendement, je vous l'accorde.
Mais il convient de le reconnaitre.
Et de s'en souvenir.

Desole, Audie, mais Rommel ne valait pas mieux que les autres.
Il a simplement eu la chance de travailler sur des fronts legerement moins criminogenes que le front de l'Est et d'avoir, en les personnes de Liddel Hart et de son fils, des exegetes plus efficaces que ceux de Himmler et des autres.


 

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Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Erich Von Kluger  Nouveau message 04 Mar 2007, 15:31

Daniel Laurent a écrit:Rommel aurait fait assassiner des prisonniers de guerre noirs et aurait affame, contrairement au blancs, des prisonniers de guerre non blancs.


"Aurait fait" ou "a fait", il y a une nuance qui a son importance, non ?
Quand on accuse quelqu'un de ce genre de crime, il faut des preuves sérieuses.

Tes posts ci dessus cassent un peu le "mythe" d'un officier supérieur nazi, certes, mais d'une armée régulière, qui n'aurait pas commis d'actes de barbarie, de tueries sans motif, ou de nettoyage éthnique, ni de cruauté sur les prisonniers (on connait son fameux "je ne peux pas donner plus de vivres aux prisonniers anglais que je n'en donne a mes propres soldats!").

Je ne dis pas qu'il était blanc comme neige, mais comme tu le dis, si il a vraiment ordonné des assassinats de prisonniers, c'était dans le plus grand secret, et ça n'a pas filtré. Alors pas évident de le prouver catégoriquement.
Dernière édition par Erich Von Kluger le 05 Mar 2007, 01:09, édité 1 fois.


 

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Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de 13emeDBLE  Nouveau message 04 Mar 2007, 22:47

Pas besoin d'aller en Afrique du nord...

Durant la campagne de France (mai-juin 40) le généralleutnant Rommel chef de la 7. PzD. a personnellement fait exécuter un officer supérieur français capturé.

De même la 7. Panzer a commis des massacres de sénégalais faits prisonniers.

Plus prosaïquement, le sort de la Pologne a fait l'objet de nombreuses discussions et conférences de Hitler durant la campagne de septembre 39. Etant chargé de sa sécurité rapprochée, Rommel a-t-il pu ne pas entendre ce qui se disait ? a-t-il pu ne pas voir les juifs sortis des colonnes de prisonniers polonais pour être exécutés ? a-t-il pu ne pas voir les rabbins sortis des colonnes de réfugiés pour être rasés de force ?

Rommel était un opportuniste et a profité du nazisme pour gravir plus rapidmeent des échelons.

Mais il s'est aussi rendu compte dès 1942 que la guerre était perdue...

C'est à El Alamein qu'il réalise que les allemands ne pourront plus gagner face aux alliés. Et c'est aussi à El Alamein que se produit son "divorce" avec Hitler, lorsque celui-ci lui ordonne de tenir sans esprit de recul alors que les ordres de repli avaient déjà été donné.

la mort dans l'âme il renvoie alors ses hommes à l'abattoir (les méthodes de combat et de saturation par le feu de Montgomery ne leur laissait pas beaucoup de chances de survivre).

Comme beaucoup d'officiers allemands qui ont connu El Alamein, sa volonté a été brisée (il y a eu de nombreux cas de jaunisses ou de crises de nerfs dans les rangs allemands durant la bataille).

CM


 

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Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 05 Mar 2007, 00:41

13emeDBLE a écrit:Rommel était un opportuniste et a profité du nazisme pour gravir plus rapidmeent des échelons.



13emeDBLE, je sais que mon post était assez long, mais dans la petite biographie de Rommel que je me suis tapée, il est clair qu'il a gravi les premiers échelons grâce à sa tenue exceptionnelle pendant la Grande Guerre. Par la suite, ses succès ne sont pas vraiment attribuables au nazisme, mais à ses qualités de chef.

Maintenant, pour répondre à Daniel Laurent, Rommel a eu l'avantage de servir en Afrique du Nord, là où Hitler avait tout intérêt à ménager les prisonniers s'il désirait encore une possible alliance avec les occidentaux contre le bolchévisme. Peut-être Rommel aurait-il agi autrement sur le Front de l'Est, peut-être aussi aurait-il fait partie de ceux auxquels on a retiré le commandement (je penche pour cette hypothèse). Je reviendrai avec un autre post que je suis en train de préparer. Je ne crois pas à la pureté totale dans le cas du Renard du désert, mais je ne le salirai certainement pas pour des actes qu'il n'a pas commis. Je ne commentrai pas non plus les actes qu'il aurait pu commettre s'il n'avait pas été envoyé en Afrique du Nord.


 

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Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 05 Mar 2007, 05:03

Voici donc cet autre post, chose promise chose dûe !

À la fin septembre 1942, Hitler rapatria Rommel pour cause de maladie. Il réfléchit à la possibilité de lui donner le commandement d'un groupe d'armées en Ukraine méridionale, mais les déboires en Afrique du Nord requirent la présence du Renard et il fut finalement retourné avec ses hommes. Le 3 novembre 1942, le Führer ordonna: «La situation exige que la position d'El Alamein soit tenue jusqu'au dernier homme. Aucun recul, fût-ce d'un millimètre, n'est permis. La victoire ou la mort !» Le général von Thoma, qui commandait l'Afrika Korps demanda la permission de se retirer à Fuka el Daba. Rommel refusa. Von Thoma désobéit et retira ses troupes durant la nuit. Rommel ferma les yeux.

Desmond Young: «Il ne faut pas demander qu'on fasse de subtiles distinctions parmi les porteurs d'un même uniforme, si différents soient-ils entre eux. Il faut admettre cependant que, sauf en Pologne et en Russie, l'armée allemande régulière mena une guerre propre - en Afrique en tout cas. Chose assez curieuse, plus propre que celle de 1914-18. Il y avait, sans doute, moins de corps à corps; les officiers étaient peut-être en meilleurs termes avec leurs hommes; le général von Seeckt et ses successeurs avaient peut-être restauré une meilleure tradition; bref, il n'y eut aucun de ces massacres de prisonniers dont on se souvient au cours de la Première Guerre mondiale. (L'une des raisons est peut-être aussi qu'il était beaucoup plus facile d'être fait prisonnier dans le désert sans qu'il y allât de la faute de quiconque.)

Je me suis permis de colorer une partie de la citation pour ne pas soulever l'indignation ou les protestations légitimes qui auraient pu être soulevées. Le mérite de cette guerre propre en Afrique revient certainement à Rommel, mais comme l'a si bien dit le général Bayerlein: «Dieu merci nous n'avions pas de division SS au désert !»

Le 18 octobre 1942, Adolf Hitler émit un ordre qui stipulait que tout prisonnier fait pendant qu'il exécutait une opération de commando devait être éliminé sans exception. Des témoignages nombreux viendront prouver qu'Erwin Rommel a délibérément désobéi à cet ordre. Citation du témoignage du général Siegfried Westphal à Nuremberg:

Q- Vous vous êtes trouvé sur le front d'Afrique ?

R- Plus d'un an et demi.

Q- De quelle manière la guerre était-elle conduite là-bas ?

R- Je puis répondre d'une phrase: elle était conduite d'une manière chevaleresque et irréprochable.

Q- Qui était votre chef ?

R- Le maréchal Rommel.

Q- Ordonna-t-il ou approuva-t-il jamais une violation des lois de la guerre ?

R- Jamais.

Q- Quel poste occupiez-vous auprès de lui ?

R- J'étais le chef de la section «Opérations» et plus tard son chef d'état-major.

Q- Vous étiez donc en contact intime avec lui ?

R- J'étais toujours en contact avec lui, à la fois pour des questions personnelles et de service.

Q- Connaissez-vous l'ordre lancé par Hitler le 18 octobre 1942 ?

R- Oui.

Q- Avez-vous reçu cet ordre ?

R- Oui, un officier de liaison nous l'apporta dans le désert près de Sidi Barrani.

Q- Comment se conduisit le maréchal Rommel au reçu de cet ordre ?

R- Le maréchal Rommel et moi le lûmes debout près de notre camion. Je proposai immédiatement qu'il ne fût pas transmis aux échelons inférieurs. Nous le brûlâmes à l'endroit où nous nous trouvions. Nos raisons étaient les suivantes: les motifs de cet ordre, tels que vous les trouverez facilement vous-mêmes, je pense, en lisant le paragraphe d'introduction*, étaient clairs. Nous connaissions le slogan d'El Alamein: «Tuez les Allemands partout où vous les trouverez» et quantités d'autres qui poussaient à l'aggravation de la guerre. Nous étions aussi tombés sur un ordre transmis à une brigade blindée anglaise et selon lequel il ne fallait pas donner à boire aux prisonniers. Néanmoins, nous ne désirions pas que l'ordre de Hitler fût diffusé parmi nos troupes; cela aurait conduit à une aggravation de la guerre dont il était impossible de prévoir les conséquences. Ce fut la raison pour laquelle le message fut brûlé dix minutes après sa réception. Il faut remarquer, cependant, qu'une désobéissance ausi flagrante aux ordres de Hitler ne pouvait se faire qu'en Afrique du Nord; elle eût été impossible en Europe occidentale ou en Russie.

En fait, Rommel ne fut pas le seul général allemand à ignorer cet ordre ou d'autres analogues.

* «Dans leur façon de faire la guerre, nos ennemis ont depuis longtemps adopté des méthodes qui ne s'accordent pas avec les conventions internationales de Genève. La conduite des membres des prétendus commandos est particulièrement brutale; il a été prouvé qu'ils ont été recrutés en partie parmi les criminels relâchés. Les ordrs dont nous nous sommes emparés prouvent qu'ils sont autorisés non seulement à brutaliser les prisonniers, mais encore à tuer tout simplement des hommes sans défense à partir du moment où ceux-ci constituent un fardeau pour la poursuite ultérieure de la mission ou même simplement un inconvénient. Enfin des ordres ont été trouvés selon lesquels l'exécution des prisonniers est ordonnée en principe.»

De nombreux témoignages de prisonniers sous Rommel ne viendront jamais l'incriminer mais seront, à l'opposé, tous à son avantage.

Fin novembre, Rommel fut rapatrié en Allemagne, Hitler lui servit l'une de ses fameuses scènes suite à une demande de retrait des hommes et d'abandon du matériel. Les mêmes balivernes habituelles sur la lâcheté des hommes, l'interdiction de céder un pouce de terrain, le défaitisme des officiers, le fait que plusieurs généraux avaient été fusillés pour avoir émis des suggestions semblables sur le Front de l'Est. Au lieu d'écouter docilement, le Renard du désert conseilla à Hitler d'aller lui-même en Afrique ou d'envoyer quelqu'un de son entourage pour montrer ce qu'il fallait faire et comment. «Allez-vous-en !» hurla Hitler; «J'ai autre chose à faire que discuter avec vous !» Après que Rommel eût salué, Hitler le rattrapa pour s'excuser de son énervement et lui demanda de revenir le lendemain pour en discuter calmement. La seule chose que le Führer crut bon de faire est d'envoyer Goering avec lui en Italie pour le rassurer sur les problèmes d'approvisionnement, mais Rommel comprit, à l'attitude du Reichsmarschall, qu'il n'y aurait rien de bon à tirer de lui et que Hitler avait probablement agi de cette façon pour se débarrasser de lui. Il y a fort à parier que c'est à ce moment que Rommel comprit que le Führer ne valait pas mieux que ses subordonnés. Quand la situation devint sans issue en Afrique, Rommel prit l'avion de sa propre initiative et sans ordre dans un ultime effort pour faire entendre raison au Führer. Il n'y parvint pas, et quand il demanda à retourner en Afrique, la permission lui fut refusée.

Quand Rommel fut nommé en charge du groupe d'armées B en Italie, il éprouva ses premiers ennuis avec la SS qui multipliait les pillages et les actes barbares à Milan. Il eut beau se plaindre, ce fut en vain. Il avait cependant le pouvoir de déplacer les troupes sous ses ordres et c'est ce qu'il fit avec les SS de Milan. Himmler qui inspectait un jour les troupes d'Italie lui demanda: «Comment ça va à Milan maintenant, maréchal ?» - «Beaucoup mieux depuyis que nous en avons retiré les SS» répliqua Rommel. Qui d'autre que Rommel aurait pu avoir une telle attitude envers le Reichsführer ? Un «bon» national-socialiste aurait-il été aussi insolent ? Quoiqu'il en soit, c'est avec un grand soulagement qu'il apprit au début de novembre 1943 qu'on lui confiait une nouvelle mission: l'inspection des défenses côtières du Mur de l'Atlantique. Il fut l'un des rares à afficher son réalisme qu'on qualifiait plutôt de défaitisme dans l'entourage du Führer. Il se confia à plusieurs occasions devant plusieurs témoins différents à ce sujet. Le 17 juin 1944, Hitler donna une conférence à Margival où un V1 s'écrasa sur le QG pour écourter la visite du dictateur. Rommel en profita pour émettre des protestations pour l'attitude de la Das Reich à Oradour-sur-Glane dans les «incidents» de la semaine précédente. Il demanda la permission de punir les responsables: «De pareilles choses salissent l'uniforme allemand. Comment s'étonner de la force de la Résistance française agissant dans notre dos lorsque la conduite des SS pousse chaque Français un peu conscient à la rejoindre ?» Le Führer rétorqua: «Ne vous mêlez pas de cela. Ce n'est pas votre secteur. Résister à l'invasion, voilà votre travail.» Son retour définitif d'Afrique du Nord constitue probablement le point de départ de sa longue réflexion menant à son accord pour l'attentat contre Hitler. Il s'y était refusé longtemps parce qu'il voulait éviter à tout prix de faire passer le chef du Reich pour un martyr. Il a espéré longtemps lui faire entendre raison et quand il s'est finalement convaincu que ses efforts resteraient vains, il aurait préféré un putsch à un assassinat.

Quand Rommel a-t-il réellement su au sujet des exactions de l'Armée sur le Front de l'Est ? Je ne puis le dire avec certitude même si je suis certain qu'il savait (je ne nie pas ce fait), mais à la lumière des lectures à son sujet, je m'autorise à croire qu'il n'y participa d'aucune façon et qu'il ne les a jamais approuvées non plus. Si ls témoignages en sa faveur ne provenaient que de sa famille ou de ses hommes, j'aurais été plus que sceptique. Mais de nombreux témoignages d'Anglais et autres soldats du Commonwealth font en sorte qu'aujourd'hui, si je passais par Herrlingen près d'Ulm, je n'hésiterais pas un seul instant à aller me recueillir sur sa pierre tombale.

Source: Desmond Young, Rommel


 

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