romualdtaillon a écrit:Toutefois, ce qui fait la valeur objective d'un artiste c'est entre autres l'impact qu'il a eut sur son art.
On peut encore moins comparer un peintre amateur comme Hitler avec des professionnels. La valeur de Picasso par rapport à Hitler réside toutefois dans le fait que cet artiste, était non seulement capable de maitriser tous les styles, mais a constamment repoussé les limites de son art. (voir ci-bas)
Alors qu'on peut affirmer, sans le dénigrer, que le Fuhrer est un "suiveur" sans inspiration, doué d'une technique certaine, qu'il ait été dictateur ou non.
C'est exactement ce que je voulais dire.
Il est certain qu'il possédait un bon coup de crayon (cf les chiens). Mais cela est-il suffisant pour en faire un artiste ? Non.
Bien sûr, les goûts et les couleurs, ça ne se discute pas. Ce que l'on attend de l'art en général, c'est qu'il nous touche, c'est qu'il révèle de l'humain. Y compris dans la photographie. Or là, dans les toiles présentées, on voit une certaine facture, une maîtrise technique (quoi qu'imparfaite mais ceci demande du travail) mais pas véritablement l'expression de la vision de l'auteur. A moins qu'on ne voie dans les bouquets fânés l'expression d'une désespérance ?
Ce qui fait la différence entre un "peintre" et un artiste, c'est l'implication personnelle, la transmission particulière d'une émotion. Or là, dans ce qui nous est montré, l'émotion, je la cherche.
Ce que je note en revanche, c'est un "remplissage" systématique : une foultitude de détails, très précis, et une absence de vide (paradoxal dans l'aquarelle). Symptômatique de sa personnalité ? Peut-être...
Quant au sujet des académies de peinture, il faut nuancer : nombre de très grands artistes ont été refusés par les académies de leur temps, souvent conformes à... l'académisme
Ce qu'il faudrait savoir, c'est si le refus d'Hitler s'est fait en fonction de sa peinture (qui me semble pourtant très académique) ou de sa personnalité. Auquel cas, ce serait parfaitement injuste car qui dit qu'il n'aurait pas trouvé sa "manière" s'il avait persévéré au lieu de jouer les dictateurs ?
Mais vraiment, il lui eût fallu tomber sur un maître qui lui ouvre de nouveaux horizons.
Ceci étant dit, je précise pour Audie que ce n'est pas parce qu'un peintre est "accroché" dans un musée, qu'il est reconnu par ses pairs contemporains, qu'il est pour autant un grand artiste. Il est simplement un artiste "officiel". C'est le temps qui finit par montrer s'il voyait les choses différemment, s'il apportait quelque chose à son art.
Picasso en est un exemple flagrant (quoi que je ne sois personnellement pas une fanatique du cubisme) mais je vais en citer un autre, parce que j'ai été frappée par la réaction de milliers de personnes qui entraient dans le musée Van Gogh d'Amsterdam (où la scénographie est diaboliquement géniale) : dès l'entrée, les spectateurs étaient happés, comme si un souffle d'air les avait aspiré. Même les touristes en goguette et les ados à walkman se figeaient. Aimaient-ils ou non, là n'est pas la question : ils étaient irrésistiblement attirés par la vibration des couleurs.
Je crois que ça résume assez bien ce qu'est l'Art : quelque chose qui tout à coup change la vision du monde.
Je ne suis pas vraiment sûre que les toiles d'Hitler donnent la même impression
J'ai vu quelques toiles de Churchill, effectivement, il était assez doué. Il avait surtout une vision esthétique très britannique et s'inscrivait dans une tradition bien établie. De là à dire qu'il aurait été un très grand artiste, je ne peux me prononcer, ne connaissant pas toutes ses oeuvres.
Mais ce que j'ai vu n'était pas non plus très avant-gardiste. Plutôt le prolongement d'une longue tradition (culturellement très british) de maîtres anglais tels Gainsborough. Qui correspond à un "goût Anglais".
Je n'ai pas lu le livre de Churchill sur la peinture (j'en ai lu des commentaires) mais je suis tombée un jour sur un roman, dont j'ignorais qu'il fût de lui. Et je dois dire que je ne me suis pas sentie dépaysée dans cette littérature post-romantique typiquement Anglaise, pleine de codes mais que j'adore personnellement. On est dans la continuité de James (le plus Anglais des auteurs Américains), de Wharton, de Wilson, Vaughn ou de Woodehouse. Sans atteindre tout à fait à cette excellence puisque je cite les plus notoires, je me suis régalée. Et je dois dire que ma stupéfaction fut grande lorsque je découvris qui l'avait écrit. Quoi qu'il y ait une controverse à ce sujet (peut-être son épouse Clémentine ?).
Sir Winston était peut-être ce qu'on appelle over The Channel "un jeune homme accompli"