carcajou a écrit:Arnhem: la dernière victoire allemande. Antony Beevor. Calmann-Lévy. 571 pages. janvier 2019.
« En septembre 1944, le maréchal Montgomery sent la victoire à portée de main et décide de lancer un assaut pour prendre les ponts sur le Rhin entre la Hollande et l'Allemagne afin de pouvoir filer vers Berlin. Mais dès les premières heures, rien ne se passe comme prévu.»
La dernière victoire allemande, c'est plutôt celle sur les Insurgés de Varsovie.
J'en profite, mais Prosper me remettra peut-être en place, pour publier un texte tout fraîchement traduit.
Du 17 au 26 septembre 1944, sous le nom de code "Market Garden", la plus grande opération aéroportée de la Seconde Guerre mondiale fut mise en œuvre.
• La Brigade Aéroportée autonome, sous le commandement du général Stanisław Sosabowski y prit part. Elle fut créée en 1941 à l’initiative du Gouvernement polonais de Londres pour participer à la libération de la Pologne.
• Quand, en août 1944, on apprend que Varsovie s’est soulevée, les, les parachutistes sont prêts à sauter sur la capitale. Au lieu de prêter main-forte aux Insurgés, la Brigade a été utilisée dans l'opération Market Garden, ce que Sosabowski considérait comme impensable depuis le début. Le but de cette opération était de contourner la ligne allemande Siegfried en prenant des ponts clés sur le Rhin près d’Arnhem, puis de pénétrer profondément en l'Allemagne. Des parachutistes américains, britanniques et polonais furent chargés de maîtriser les passages sur les rivières et les canaux hollandais enchevêtrés. Le corridor ainsi créé devait être traversé par des unités blindées britanniques qui, après avoir traversé le Rhin, contourneraient les fortifications allemandes, envahiraient la région de la Ruhr et commenceraient à avancer vers Berlin. Sosabowski émit de sérieux doutes quant aux chances de succès de l'opération. Sa voix fut ignorée. Les Polonais ont dû exécuter leurs ordres. La 1ère division aéroportée britannique, larguée dans la région d'Arnhem, fut prise au piège. Certaines des unités furent encerclées par les Allemands dans la ville même et les forces restantes ne purent pas venir à leur secours. Les premières troupes polonaises furent larguées le 18 septembre. Vu le mauvais temps, le prochain largage fut décidé pour les 21 et 23 septembre. Plus de 1 000 soldats polonais ont pris part aux combats, dont le général Sosabowski. Les Polonais se sont vu confier la tâche délicate de franchir le Rhin et de venir au secours de la division britannique qui se battait au nord du fleuve. Comme aucun bateau permettant de franchir le Rhin n’était prévu, seuls 250 soldats ont réussi à parvenir sur l’autre rive du Rhin, sur des canots en caoutchouc. Les autres, encerclés par l’ennemi, se sont retranchés dans la ville de Driel.
• L'aide promise par les forces blindées britanniques ne vint pas. Les parachutistes, constamment attaqués par les Allemands, se trouvèrent dans une situation critique.
• Le 25 septembre, il a fut décidé d'évacuer la rive sud du Rhin. La retraite fut couverte par les Polonais au prix de grands sacrifices. Les combats d'Arnhem se sont soldés par une défaite. La 1ère division britannique a été annihilée. Les pertes de la brigade polonaise se sont élevées à 378 morts, blessés et disparus. Les principaux commandants alliés, ne voulant pas assumer la responsabilité de la défaite, ont blâmé le général Stanisław Sosabowski. Ils l'ont accusé de ne pas vouloir coopérer sur le champ de bataille et d'avoir formulé des critiques inacceptables à l'égard du commandement. À la demande des Britanniques, le général Sosabowski est relevé du commandement de l'unité qu'il a créée. En 1948, il fut démobilisé. À cette époque, il avait une femme et un fils devenu aveugle lors du soulèvement de Varsovie, qu'il avait réussi à exfiltrer de Pologne. Le général est resté en Grande-Bretagne, où il a travaillé comme magasinier dans une usine de moteurs électriques et, plus tard, de téléviseurs. Bien qu'il ait servi sous les ordres britanniques, il n'a pas bénéficié d'une pension militaire adéquate. Il mourut dans la pénurie le 25 septembre 1967 à Londres. En 1969, les parachutistes, qui étaient fidèles à leur commandant, ramenèrent ses cendres en Pologne, où il reposa, selon sa volonté, au cimetière militaire de Powązki à Varsovie. Pendant de nombreuses années, seuls les anciens combattants vénéraient en Angleterre la mémoire du général Sosabowski, discréditée par les commandants britanniques. Grâce aux efforts de ses camarades britanniques et néerlandais, le commandant des parachutistes polonais attendit jusqu'en 2006 sa réhabilitation posthume, les plus hautes décorations néerlandaises et un petit monument à Driel près d'Arnhem, où les Polonais brisèrent l'encerclement des vestiges de la 1ère Division britannique.