Le chemin de Douaumont
Un livre d’Etienne de Ressouches, édité en septembre 1951.
En l’ouvrant on peut lire sur les premières pages un discours qu’on pourrait attribuer sur l’instant au Général de Gaulle.
« Français… C’est de Paris que je m’adresse à vous ; de Paris où le drapeau français flotte sur tous les monuments ; de l’Elysée, demeure traditionnelle du Chef de l’Etat dont j’ai repris possession.
La France renait aujourd’hui à ses destinées. Elle voit s’ouvrir devant elle les portes de l’espérance. Etc…. »
Ben non, le discours n’est pas du Général, il est signé : Maréchal Pétain.
Le Maréchal avait préparé ce discours pour le lire au peuple français imaginant être présent à Paris et participer à la passation des pouvoirs du futur nouveau gouvernement. Il parait alors que pour lui-même, rien de très anormal, rien d’irréparable ne s’était produit depuis juin 1940.
On sait que le Maréchal aimait écrire, notamment des discours. En rédigeant celui-ci comment pouvait-il croire un instant qu’il aurait permission de le présenter au peuple français et croire aussi que dès la France libérée, il aurait été considéré comme un chef d’Etat estimé, qui a accompli sa mission de chef d’Etat durant toute la durée de la guerre dans l’honneur, pour le bien de tous les Français, pour la patrie.
Avait-il toute sa raison. La sénilité peut-elle expliquer cette lucidité défaillante.
Il en est de même pour le chef de gouvernement de l’état français, Pierre Laval qui était devenu persona non grata auprès du Maréchal, a imaginé une fois Paris libéré, pouvoir réunir l’assemblée nationale et se présenter devant elle, pour expliquer ce qu’il a fait et ainsi passer la main au nouveau gouvernement que l’assemblée désignera.
Mesurait-il, lui aussi, l’extravagance de sa démarche, il semble que non car au cours de son procès il n’a de cesse de se comporter comme un beau parleur, de vanter ses nombreux mérites durant toutes les années de guerre passées.
Faute d’être présents à Paris, le jour dit car ils furent contraints tous deux, de s’exiler en Allemagne, ils préparèrent plus tard leur retour vers la capital, via la Suisse pour le Maréchal et via l’Espagne pour Pierre Laval.
Sur l’antépénultième page de la brochure on peut lire :
Jusqu’à quand tous ces ouvriers d’iniquités se répandront-ils en discours insolents et professeront-ils des paroles impies.
Les méchants tendront des pièges à l’âme du juste et condamneront le sang innocent.
Il fera retomber sur eux leur iniquité et les perdra dans leur malice.
Psaume X C III.
Eh bien tant pis pour moi !