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Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 14 Mai 2016, 05:39
de Fort/Abris
Justement, au sujet des photos, dans l'introduction l'auteur stipule qu'on lui a montré aux archives un "album photo que le monde nous envie" ? De quelles archives s'agit-il et que montrent-elles ces fameuses photos ? Je pense que ces photos n'ont pas été mises dans le livre? S'agit-il des dégâts occasionnés aux blocs par l'attaque avant la reconstitution?

Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 14 Mai 2016, 07:44
de Dog Red
C'est à l'auteur de le préciser mais je pense qu'il s'agit des photos couleur prises à l'été 1940 par la commission allemande venue analyser les résultats des destructions par charges creuses (elles sont référencées dans le livre comme provenant du centre de Documentation historique d'Evere).

Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 14 Mai 2016, 12:41
de calkstein
Les photos proviennent d'origines diverses et sont le fruit de cinq longues années de recherche.

Les deux albums clés (publiées dans le livre) sont:
L'album photo de Wenzel, l'un Fallschirmjäger participant à l'attaque. Il n'a pas eu beaucoup de temps pour prendre des photos pendant les 36h de siège (4ou 5 photos sont prises pendant cette période). Le reste a été pris juste après: photos des dégâts, photos de ses compagnons, photo de l'arrivée des renforts, trajet du retour en Allemagne.

L'album photos couleurs (photographe inconnu): un reportage pris sur le fort en juillet 1940 lors de l'analyse des effets des charges creuses.

Le reste des photos provient de mes recherches aux Nara à Washington (notamment celle de la prise des ponts et de l'armée belge en retraite), du musée de l'armée à Bxl, du musée des chasseurs ardennais (Marche), d'autres sources qui m'ont demandées de rester discret sur leurs noms (l'une d'elle a de véritables trésors).

Le tout permet d'avoir un livre abondamment illustré de photos inédites.

Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 14 Mai 2016, 16:55
de Fort/Abris
Un grand merci pour ces informations. Excellent travail de recherches.

Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 14 Mai 2016, 22:31
de alain adam
Je n'ai pas encore lu le livre , mais en effet , il contient beaucoup de clichés que je n'avais jamais vu , et j'ai même été surpris de voir des clichés en couleur .
De ce coté la , Hugues, j'avoues que tu es surprenant , car je connais assez bien le sujet , normalement ...


Amicalement,
Alain

Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 20 Mai 2016, 12:31
de calkstein
Pour les Belges, une troisième interview passera au journal sur Vivacité ce lundi; il est possible (en fonction de l'actualité) qu'elle passe également sur la première. Dès que j'ai le podcast, je le mets en ligne.

Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 20 Mai 2016, 12:43
de Geronimo
Bonjour,
Je suis nouveau sur le site et je n'ai pas (encore) lu le livre de M. Wenkin. J'ai trouvé, il y a quelque temps, un article sur internet qui m'a tout simplement effaré ! J'essayé de le joindre, ici-bas (étant novice sur le site, je ne suis pas sûr d'y être arrivé), cet article est paru dans le cahier été de Libération, dans la série "Caramba, encore raté!"

files3945c/1_Eben-emael.doc

Il y est question d'hésitation dans la décision de tir, pour cause de neutralité, de concertation avec les "autorités" (le commandant du fort en est-il seul responsable ou a-t-il téléphoné à sa hiérarchie ?) avant de tirer, de Mi AA incapables d'atteindre le glacis (pas d'autre Mi pour battre cette zone par le feu ?), morceau choisi:

"À 4 h 15 du matin, depuis la poterne d’entrée du fort, le major belge Jottrand aperçoit les planeurs qui tourbillonnent au-dessus du fort. Ils ne sont plus onze, mais neuf : celui transportant l’Oberleutnant Witzig a rompu son câble de remorquage lors du décollage (il n’arrivera sur place qu’à 6 h 30) et un autre a atterri trop court, à Düren, en Allemagne. Au même moment, d’autres planeurs atterrissent près des ponts de Canne, de Vroenhoven et Veldwezelt (trois villages flamands) qui franchissent le canal Albert, au nord-ouest du fort. Les ponts de Maastricht, eux, sont attaqués par voie terrestre, la seule praticable. Les défenseurs du fort réagissent tardivement, totalement surpris par ces avions silencieux. Surtout, les planeurs n’ont aucune marque. Or, la Belgique ayant proclamé sa neutralité, il n’est pas question de tirer à l’aveuglette : par deux fois, le commandant du fort intime à la défense antiaérienne de rester le doigt sur la gâchette.
N’y tentant plus, l’adjudant Longdoz donne malgré tout l’ordre de tir. Il est déjà trop tard. Les planeurs atterrissent sur le « toit » du fort, en fait un champ de 45 hectares, le fort proprement dit étant enterré dans la montagne Saint-Pierre, seules les casemates et coupoles de tir et les cloches d’observations étant visibles de l’extérieur. Les mitrailleuses antiaériennes se mettent à cracher une pluie d’acier, mais placée dans des tranchées et montée sur des affuts, elles ne peuvent tirer à l’horizontale. En moins de dix minutes, les mitrailleuses belges sont neutralisées par le commando désormais sous les ordres du sergent-major (Oberfeldwebel) Helmut Wenzel. Cinq minutes plus tard, les cloches d’observation sont détruites. En quinze minutes, le fort est aveugle et inutile. Quinze minutes plus tard, toutes les pièces d’artillerie menaçant le nord et donc Maastricht, Canne, Vroenhoven et Veldwezelt sont à leur tour réduites au silence. En 30 minutes, le fort le plus puissant d’Europe est neutralisé !"

Ont-ils cru que c'était un club de planeurs hollandais qui faisait une tentative de record au moyen de planeurs allemands (pas de manuels de reconnaissance de matériel ?) et qui s'égaraient dans le ciel belge, en pleine "drôle de guerre" ?

D'un armement qui semble construit en fonction de la sacro-sainte neutralité, plutôt que par la recherche de l'efficacité contre un ennemi potentiel clairement identifié, morceau choisi:

"L’armement principal est composé d’une tourelle pivotante à 360° dotés de deux canons de 120 mm d’une portée de 17,5 km et deux autres tourelles pivotantes à 360 ° — qui pouvaient être abaissées dans la superstructure - armées de deux canons de 75mm chacune, d’une portée de 11 km. À cela, s’ajoutent deux casemates orientées vers Maastricht , au nord, et de deux autres orientées vers Visé, au sud. Ces quatre ouvrages, armés chacun de quatre canons de 75 mm ne pouvaient pivoter. Des pièces plus puissantes auraient pu être installées, mais il ne fallait pas menacer le territoire allemand : la neutralité toujours, qui imposait des forts uniquement défensifs et non offensifs. Autrement dit, pas question d’immobiliser l’armée allemande sur son territoire…"

De l'absence étonnante (pour ne pas dire plus) de défense passive du toit, morceau choisi:

"Dès octobre 1939, Adolf Hitler lance donc la préparation de l’attaque du fort et des ponts du canal Albert. Les services de renseignement allemand ont permis de dresser une carte assez précise des défenses d’Eben-Emael et de son point faible : son toit. Cette vaste étendue plane, qui accueille aujourd’hui une forêt et un champ de blé, n’est, en effet, pas défendue : nulle mine, nul obstacle antiaérien. "

"Et son explication sidérante, morceau choisi:

"Il reste qu’il est incompréhensible que le « toit » du fort n’ait pas été miné. La raison est terrible pour la Belgique : ce vaste espace servait de terrain de foot aux soldats belges. Comme l’explique l’un des guides du fort, « on n’a pas exposé deux photos par respect pour les anciens : sur l’une, on voit les soldats jouer au foot sur le toit du fort. Sur l’autre, un planeur allemand qui s’est encastré dans le but… » L’affaire est confirmée par Francis Balace : « les soldats ont même fait une pétition pour empêcher que le toit soit miné »… Tout un symbole d’un pays mal préparé à la guerre à cause d’une désastreuse politique neutraliste. Si le Royaume avait accepté son intégration au dispositif allié, nul doute que la Wehrmacht aurait eu la tâche moins aisée."

????????? Connaissant bien ma Belgique, tout cela me semble hélas vraisemblable ! Alors, expression grotesque et tragique du "mal belge" ou bashing mal documenté de la part de journaliste français peu rigoureux ?
Ces fameuses photos existent-elles ?

Merci pour vos commentaires éclairés

Geronimo

Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 20 Mai 2016, 16:09
de Dog Red
Salut Geronimo,

Au vu des questions que tu te poses, tu trouveras les réponses dans le livre.

Cordialement.

Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 20 Mai 2016, 16:20
de calkstein
Malheureusement, ce n'est pas du Bashing, mais une affirmation en dessous de la vérité comme vous le lirez certainement. Par ailleurs, concernant la défense aérienne, je reste sceptique par rapport aux affirmations de l'adjudant Longdoz (celles que vous citez sont parues dans l'ouvrage "Ceux d'Eben-Emael" qui rassemble les souvenirs des défenseurs et édité par eux-mêmes). Nous ne sommes donc pas dans le domaine d'une recherche historique, mais dans celui de l'expérience vécue, ce sont donc des documents qu'il faut examiner avec toute la rigueur possible, les acteurs ayant pu omettre volontairement certains détails.

Le rapport de la commission estime qu'en fait lui et ses hommes seraient arrivés trop tard sur le massif pour assurer leur mission. En se hâtant, ils n'auraient finalement eu le temps que de faire tirer une arme. Il semble que le commandant du fort se soit indigné du fait que les mitrailleuses ne tiraient pas et c'est ce qui aurait poussé les défenseurs sur le toit du fort à entrer enfin en action. Le major contredit donc les affirmations de l'adjudant!

Qui dit vrai? Ce qui demeure: les (ou la) mitrailleuse(s) n'ont commencé leur tir que lorsque les planeurs ont amorcé leur descente. Bien trop tard pour être efficace: la proximité de la cible et sa vitesse la rendait très difficile à suivre dans le collimateur. l'ouverture du feu tardive est, quant à elle, observée par d'autres témoins plus impartiaux et n'est contestée par aucun acteur.

Quant aux tirs sur l'Allemagne:
La neutralité n'a rien à voir là-dedans, le fort a été conçu avant que notre politique de neutralité n'entre en vigueur (en 1936)

C'est un choix d'ingénierie à mettre en rapport avec les budgets. Les pièces de 120mm sont efficaces et ont une portée de 17,5km. ce qui n'est déjà pas mal. Une portée plus grande aurait nécessité une arme plus puissante et donc demandant un encuvement accru. La technologie et ses limitations imposent toujours des compromis.

En outre, tirer sur l'Allemagne ne serait efficace que si le fort y dispose d'observateurs. Ce qui n'était pas le cas, à moins de faire une offensive, un scénario très improbable. C'est donc une recherche de l'optimalisation coût/investissement qui prédomine.

Notez que, le fort pouvait tirer sur la Hollande. Dans ce cas, il fallait une demande de nos voisins et alliés bataves. Ceux-ci ont été dépassés par les événements et n'ont jamais rien demandé.

Si cela vous intéresse, je donne une conférence sur le sujet le 29 mai prochain dans les murs du fort à 16h00. Elle est gratuite, il vous suffit de vous acquitter du droit d'entrée dans leur superbe musée.

Re: Eben-Emael - L'autre vérité

Nouveau messagePosté: 20 Mai 2016, 18:13
de norodom
calkstein a écrit: Par ailleurs, concernant la défense aérienne, je reste sceptique par rapport aux affirmations de l'adjudant Longdoz (celles que vous citez sont parues dans l'ouvrage "Ceux d'Eben-Emael" qui rassemble les souvenirs des défenseurs et édité par eux-mêmes). Nous ne sommes donc pas dans le domaine d'une recherche historique, mais dans celui de l'expérience vécue, ce sont donc des documents qu'il faut examiner avec toute la rigueur possible, les acteurs ayant pu omettre volontairement certains détails.

calkstein a écrit:Le rapport de la commission estime qu'en fait lui et ses hommes seraient arrivés trop tard sur le massif pour assurer leur mission. En se hâtant, ils n'auraient finalement eu le temps que de faire tirer une arme. Il semble que le commandant du fort se soit indigné du fait que les mitrailleuses ne tiraient pas et c'est ce qui aurait poussé les défenseurs sur le toit du fort à entrer enfin en action. Le major contredit donc les affirmations de l'adjudant!

Je n’ai pas lu votre livre, donc je ne vous interpelle pas sur ce que vous avez écrit dans cet ouvrage. Seulement sur vos écrits sur ce forum, écrits auxquels j’associe quelques paroles que vous avez prononcées lors de votre dernière interview sur une station Radio…

Au lu de vos deux citations que j’ai éditées ci-dessus, je comprends que vous mettez en opposition deux visions des évènements :
Celle rapportée par Dominique Pierre (Geronimo)…
Et la vôtre, en accordant votre préférence à l’estimation de la commission dans son rapport.

Je vais me faire fouetter en avouant ici que je reste tout à fait réservé sur ce rapport, dont j’aimerais bien connaître dans quelles conditions la Commission a opéré?
Un rapport de 2000 pages, ça surprend !
Et s’il faut s’attarder sur le désaccord entre un Major et un Adjudant ?

L’arrivée tardive des hommes sur le massif ?... alors qu’au cours de votre intervention radiodiffusée vous conveniez que :

<< L’armée belge est totalement surprise par l’attaque aéroportée dont concrètement, sur le terrain, on n’imagine même pas l’éventualité. >>

Dans cette « affaire » le discrédit est jeté sur le Commandement de l’armée belge alors qu’on a tendance à oublier dans quelles circonstances une armée belge de 600 000 hommes a été soudainement confrontée à une guerre-éclair face à laquelle elle n’était pas suffisamment préparée et dans une position très handicapée dans le rapport des forces.

Il faut reprendre l’histoire de ce pays, directement face à ses responsabilités depuis 1936 lorsque Hitler réoccupa la Rhénanie.

Vous êtes attaché à la recherche historique, c’est bien…
Mais alors il est nécessaire de tenir compte des situations auxquelles a été confrontée la Belgique, depuis le début !

Ce sera tout pour aujourd’hui…

Cordialement,

Roger