Post Numéro: 3 de fbonnus 03 Nov 2015, 20:55
Voici l'excellent papier de Jean Sévillia à propos de ce livre, qu'il a publié dans le Figaro Magazine :
Le 22 juin 1940 les plénipotentiaires de la France submergée par la Wehrmacht signaient un armistice applicable à partir du 25 juin. Précédé d'un débat entre adeptes de la capitulation militaire (Reynaud) et partisans d'un armistice engageant le gouvernement (Pétain et Weygand), annoncé dès le 17 juin par Pétain, dénoncé le 18 juin par de Gaulle lors de son appel lancé à Londres, cet accord était fondamental parce que, de lui découlerait la suite des événements : le démantèlement de la France en six zones, l'occupation des deux tiers du territoire national, l'instauration du régime de VIchy et a contrario la fondation de la France libre.
Bien peu, aujourd'hui, connaissent les termes de la convention d'armistice du 22 juin 1940. Le premier mérite du nouvel ouvrage de Michèle Cointet est de reproduire ses 22 articles en les commentant. Professeur émérite d'histoire contemporaine à l'université de Tours, auteur de nombreux livres sur la Résistance, la collaboration et le gaullisme, l'historienne, dans ce travail superbement maîtrisé, raconte la vie quotidienne sous l'Occupation, au moins certaines de ses facettes, en montrant le lien avec les conditions d'armistice. "J'ai considéré l'occupation comme une série d'épreuves dues à la perte de la souveraineté nationale"
Contre une certaine légende qui tend à noircir les Français en jugeant cette époque sans tenir compte du poids de l'occupant, l'historienne insiste sur la dureté du vainqueur de 1940. Pour autant, elle ne souscrit pas plus à une autre légende qui avait cours naguère et qui ne voulait voir que les résistants dans la France occupée. Les "secrets et mystères" que dévoile Michèle Cointet, ce sont donc des zones grises et sans gloire, parfois sordides, souvent tragiques. De l'obsession des tickets d'alimentation aux trafics du marché noir, du soirt des enfants juifs cachés à celui des 2 millions de prisonniers de guerre, des victimes des bombardements alliés au paradoxe d'une natalité florissante, l'auteur débusque la réalité.
Qui savait, par exemple, que 43 000 malade mentaux sont alors morts dans les hôpitaux psychiatriques ? L'occupation sans fard : tristement édifiant.
« Alors mon petit Robert, écoutez bien le conseil d'un père !
Nous devons bâtir notre vie de façon à éviter les obstacles en toutes circonstances.
Et dites-vous bien dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c'est favoriser la réussite des médiocres. »
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Michel Audiard