Otto Abetz et les Français (Barbara Lambauer)
Posté: 08 Jan 2014, 12:55Ce livre édité par Fayard a douze ans, et la thèse dont il s'inspire quinze. Et pourtant ! La littérature parue entre-temps sur Vichy le prend très peu en compte.
Voilà qui donne la mesure de l'hégémonie paxtonienne. Bob (ainsi l'appelle-ton familièrement chez les spécialistes français de la SGM) a dans sa France de Vichy (1972) seriné que la collaboration était une initiative vichyssoise, qui n'aurait intéressé Hitler que médiocrement et temporairement -surtout au moment de Montoire (octobre 1940) puis des protocoles de Paris (mai 1941). Quant à Abetz, il se serait sincèrement investi dans un rapprochement franco-allemand, en comprenant mal ce que voulait son maître.
Une réflexion de bon sens s'y oppose (et aurait dû le faire dès le début) : si vous êtes la troisième puissance mondiale, vous n'occupez pas la quatrième, votre ennemi héréditaire, pendant quatre ans et quatre mois, dans le cadre d'une guerre mondiale qui tourne de plus en plus mal pour vous, sans surveiller et tenter de prévoir chacun de ses mouvements. Et vous choisissez votre principal représentant en fonction de ce souci.
Loin de s'en prendre à la France comme un vilain impérialiste américain, Paxton se disait opposé à la guerre du Vietnam et professait que les calculs à courte vue des militaires vichystes lui rappelaient ceux du Pentagone enlisé dans les rizières. L'Autrichienne Lambauer le traite avec une salubre sévérité en braquant le projecteur sur la fréquence des rencontres d'Abetz avec Hitler et le fait que les principaux tournants de sa politique suivaient ces entretiens plutôt que de les précéder.
Elle présente, dans sa conclusion, son rapport au nazisme : il serait un de ces "sympathisants d'apparence modérés et cultivés qui parviennent à induire une raison ou une légitimité quelconque pour rendre ainsi présentable en société une idéologie aussi néfaste".
Mais ici, nous sommes loin du compte, par une grave lacune concernant le jeu, la folie et les talents de Hitler. Il savait à la fois choisir ses hommes, les orienter en fonction de ses propres désirs, et les contrôler étroitement, notamment grâce au mouvement SS (la présence dès le début ou presque, à Paris, de Best et de Knochen, n'est point scrutée par l'auteure).
Voilà qui donne la mesure de l'hégémonie paxtonienne. Bob (ainsi l'appelle-ton familièrement chez les spécialistes français de la SGM) a dans sa France de Vichy (1972) seriné que la collaboration était une initiative vichyssoise, qui n'aurait intéressé Hitler que médiocrement et temporairement -surtout au moment de Montoire (octobre 1940) puis des protocoles de Paris (mai 1941). Quant à Abetz, il se serait sincèrement investi dans un rapprochement franco-allemand, en comprenant mal ce que voulait son maître.
Une réflexion de bon sens s'y oppose (et aurait dû le faire dès le début) : si vous êtes la troisième puissance mondiale, vous n'occupez pas la quatrième, votre ennemi héréditaire, pendant quatre ans et quatre mois, dans le cadre d'une guerre mondiale qui tourne de plus en plus mal pour vous, sans surveiller et tenter de prévoir chacun de ses mouvements. Et vous choisissez votre principal représentant en fonction de ce souci.
Loin de s'en prendre à la France comme un vilain impérialiste américain, Paxton se disait opposé à la guerre du Vietnam et professait que les calculs à courte vue des militaires vichystes lui rappelaient ceux du Pentagone enlisé dans les rizières. L'Autrichienne Lambauer le traite avec une salubre sévérité en braquant le projecteur sur la fréquence des rencontres d'Abetz avec Hitler et le fait que les principaux tournants de sa politique suivaient ces entretiens plutôt que de les précéder.
Elle présente, dans sa conclusion, son rapport au nazisme : il serait un de ces "sympathisants d'apparence modérés et cultivés qui parviennent à induire une raison ou une légitimité quelconque pour rendre ainsi présentable en société une idéologie aussi néfaste".
Mais ici, nous sommes loin du compte, par une grave lacune concernant le jeu, la folie et les talents de Hitler. Il savait à la fois choisir ses hommes, les orienter en fonction de ses propres désirs, et les contrôler étroitement, notamment grâce au mouvement SS (la présence dès le début ou presque, à Paris, de Best et de Knochen, n'est point scrutée par l'auteure).