Post Numéro: 1 de fbonnus 15 Déc 2013, 01:35
L’auteur met en scène les mésaventures milice mi-raisin d’un collabo.
Que faire quand on a 20 ans en 1944 ? Il semble évident aujourd’hui que tout individu normalement constitué aurait rejoint la Résistance. Facile, trop sans doute pour Edmond Tran. Son roman « Cavale héroïque » explore la trajectoire d’Henri de la Roche, aristo au goût prononcé pour les belles blondes et le champagne, qui choisit le 6 juin 1944 pour s’engager dans la milice malgré les sollicitations de ses copains de lycée qui ont opté pour le camp d’en face. C’est que cet Henri ne voit pas le monde comme eux.
Il veut vivre une vie héroïque et considère que n’ayant pu être un résistant précoce, il sera un collabo tardif. Dans les deux cas, le risque d’y laisser sa peau est maximal, ce qui donne à l’existence une patine et une intensité dont le roman est imprégné d’un bout à l’autre. Henri ressemble en cela au héros du « Hussard bleu » de Roger Nimier, François Sanders, ex-milicien, qui ose déclarer qu’il « préfère rester fasciste, bien que ce soit baroque et fatigant », tout en finissant la guerre du côté des Alliés. Henri de la Roche, aussi, manie les paradoxes. Car il n’a rien d’un servile laquais de l’Allemagne et le fait savoir, ce qui le met d’entrée en porte-à-faux avec ses copains miliciens vulgaires et alcoolisés, experts en torture de résistants.
IL ENCHAÎNE LES ERREURS PRESQUE FATALES DANS LE PARIS DES DERNIÈRES HEURES DE L’OCCUPATIONAvec panache et une totale inconscience, il enchaîne les erreurs presque fatales dans le Paris des dernières heures de l’Occupation, allant jusqu’à provoquer le chef de la milice, Joseph Darnand. Pour le punir, ce dernier l’envoie dans la Wafen-SS, division Charlemagne ; 90 % des volontaires français de l’Ordre noir périront sur le front de l’Est. SS malgré lui, Henri a donc toutes les chances de mourir. Mais il survit et fuit Berlin après avoir été du dernier quarteron à défendre le bunker de Hitler. Sa cavale prend la direction de l’Argentine dans le rafiot des maudits de l’Histoire. Après s’être fait l’ami du dictateur Juan Peron, il retombe en disgrâce . Il ne peut plus aller nulle part. Dans le Paris libéré, on le recherche. Il ne devra son salut qu’à un miracle du destin au terme d’un roman bien ficelé pour qui aime les aventures hors des sentiers battus.
« Cavale héroïque », d’Edmond Tran, Stéphane Million éditeur, 270 pages, 18 euros.
source de la critique : http://www.parismatch.com/Culture/Livre ... rde-537887 « Alors mon petit Robert, écoutez bien le conseil d'un père !
Nous devons bâtir notre vie de façon à éviter les obstacles en toutes circonstances.
Et dites-vous bien dans la vie, ne pas reconnaître son talent, c'est favoriser la réussite des médiocres. »
_________________________________________________
Michel Audiard