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Jean Moulin, Artiste avant résistant ...

Nouveau messagePosté: 08 Avr 2013, 21:54
de fbonnus
Sous le pseudonyme de Romanin, la grande figure de la Résistance fut un dessinateur de talent. Un livre le révèle dans sa vérité intime.

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Picasso en 1905? Non: un autoportrait de Jean Moulin vers 1930.

Si la grande histoire de la Résistance est désormais bien connue, le parcours parfois surprenant de nom­­breux protagonistes de cette époque reste en partie à ­écrire. On sait ce qu'ont fait les uns et les autres au cours des terribles années 1940-1944 ; on ignore souvent, en revanche, comment ils sont devenus ce qu'ils ont été. D'où l'intérêt de cet album, qui, documents et illustrations à l'appui, révèle des facettes insoupçonnées de Jean Moulin et permet de comprendre ce qui a pu amener un homme talentueux, mais non prédisposé aux grandes épreuves, à se hisser au rang de héros antique.
En feuilletant ce livre, on peine à distinguer des signes annonciateurs d'un grand destin. Moulin, certes, est un républicain irréprochable. Fils d'un conseiller général radical du Midi, il ne transige guère avec les principes issus de la Révolution de 1789. Il le prouvera avant la guerre au cours de sa carrière préfectorale. À partir de 1932, son orientation politique se précise. Il rejoint alors la mouvance de Pierre Cot, jeune Turc du parti radical et marqué sensiblement à gauche. Tout naturellement, Jean Moulin s'affirme partisan du Front populaire. Pour autant, il est loin de mépriser les plaisirs de la vie. Comme l'écrit Jean-Pierre Azéma, «le provincial devient parisien, fréquente les salons, les milieux artistiques, les jeunes femmes, fait la fête». En marge de ses responsabilités administratives, il continue de dessiner et de peindre - sa vocation première, à laquelle il n'a renoncé qu'à la demande instante de son père, inquiet de le voir prendre une telle direction alors qu'il se trouve sans fortune.

Fasciné par le Paris artiste des années trente

Manifestement, Jean Moulin possède un vrai talent, mais l'orientation de son œuvre apparaît pour le moins diverse. À première vue, il se veut avant tout observateur de la vie parisienne, accusant parfois le trait, mais sans méchanceté. Une certaine légèreté semble même se dégager de ses croquis pris sur le vif: le dessinateur ne se prend pas au sérieux ni le monde au tragique. Les auteurs assurent que certains de ses dessins d'un humour très mordant prennent le contre-pied de la culture coloniale: cela, en vérité, ne frappe pas à première vue. Les illustrations représentant des Noirs sont même plutôt conformes aux stéréotypes de l'époque. Plus surprenant encore, Jean Moulin, sous le pseudonyme de Romanin, n'hésite pas à faire publier ses œuvres dans Gringoire, journal de la droite la plus résolue. Toutefois, vers le milieu des années trente, alors que le monde s'apprête à marcher vers une nouvelle conflagration, l'inspiration de l'artiste se fait plus grave. En témoignent de saisissantes eaux-fortes destinées à illustrer Armor de Tristan Corbière.
De Gaulle, contrairement à une idée reçue tenace, n'était pas un rebelle par destination mais plutôt par nécessité, lorsque les principes auxquels il croyait se trouvaient menacés. Moulin, qui deviendra pendant la guerre l'un des bras droits du ­Général, campait sur des positions identiques. Le dessinateur, parfois frivole du tout début des années trente, aura trompé son monde: le préfet, ami de Max Jacob et fervent des meilleures stations de sports d'hiver, dissimulait en vérité un esprit intraitable quand l'essentiel lui paraissait en cause. «Je n'ai jamais caché mes sentiments politiques et j'entends servir sans faiblesse un idéal qui m'est infiniment cher, déclara-t-il en février 1939, à son arrivée à la préfecture d'Eure-et-Loir. Il est des heures où servir son pays, à quelque poste que ce soit, a un tel caractère d'impérieuse obligation que c'est tout naturellement et avec enthousiasme que les hommes de bonne volonté trouvent les forces nécessaires à l'accomplissement de leur tâche.»

Panthéonisé en 1964, Jean Moulin a été l'objet depuis lors d'un véritable culte, dont son ex-secrétaire, Daniel Cordier, a été le principal desservant. À sa gloire, il ne manquait que ce livre en forme d'album de famille, qui le révèle dans sa ­vérité la plus intime.
«Jean Moulin, artiste, préfet, résistant », de Christine Levisse-Touzé et Dominique Veillon,
Editions Tallandier-Ministère de la Défense-DMPA,
192 pages, 31,90 €.

Article : Eric Roussel - Le Figaro

Re: Jean Moulin, Artiste avant résistant ...

Nouveau messagePosté: 22 Juil 2013, 11:24
de brehon
Bonjour,

Huit de ses oeuvres ont été vendues samedi dernier à Brest.

http://www.ouest-france.fr/ofdernmin_-H ... filDMA.Htm

Re: Jean Moulin, Artiste avant résistant ...

Nouveau messagePosté: 28 Juil 2013, 19:50
de fbonnus
Merci pour l'info Yvonnick