THE BLITZKRIEG MYTH - John Mosier
Posté: 20 Mar 2011, 12:12
"HOW HITLER AND THE ALLIES MISREAD THE STRATEGIC REALITIES OF WORLD WAR II"
Voici encore un des trésors de ma bibliothèque, un livre d'analyse et de réflexion.
Comme bien souvent, c'est le sous-titre qui annonce la couleur.
L'auteur, linguiste de formation et chargé de l'enseignement de la littérature européenne à New Orleans, a participé pour le compte du gouvernement américain à l'élaboration d'un curriculum d'étude pluridisciplinaire des 2 guerres mondiales, ce qui l'a réorienté vers l'histoire militaire. Après "The Myth of the Great War" (pas encore lu, HS ici), il poursuit avec "The Blitzkrieg Myth" une réévaluation critique - sceptique même - des "vérités" presqu'universellement admises sur les nouvelles méthodes guerrières apparues après la WWI, et appliquées à la SGM. Ainsi les théories du tankiste britannique J.F.C. Fuller, et celles de Giulio Douhet, aviateur italien. Ils soutenaient l'un que l'arrivée massive de l'arme blindée, révélée à Cambrai, et l'autre que celle de l'aviation de bombardement dirigée sur les centres urbains, révolutionneraient la bataille et rendraient obsolètes les armées terrestres, et apporteraient un victoire rapide et écrasante à l'attaquant. C'était la théorie de "la percée", ou du "breakout" chez les anglophones. Théories prises pour argent comptant dans l'entre-deux-guerres, théories qui ont régi bien des campagnes de 1939-1945, et ensuite conservées pour en interpréter le déroulement et les issues.
L'intérêt du livre de Mosier est de revoir ces interprétations et de leur faire passer le test du "post hoc, ergo propter hoc" ["après celà, donc à cause de celà" ndlr], et de montrer que ce test échoue plus souvent qu'il ne révèle la vérité. Par example, nous "savons" tous que ce n'est pas Hiroshima et Nagasaki qui ont mis le Japon à genoux (pardonnez-moi cet allusion malencontreuse en ce moment, mais je parle d'histoire), mais plutôt les bombardements incendiaires des B-29. Eh bien non: chiffres et arguments à l'appui, Mosier montre que c'est la guerre sousmarine qui a fini par créer les conditions de l'inexorable défaite japonnaise. Cet example est peutêtre mieux admis aujourd'hui que par le passé, mais il en est de même pour la victoire allemande en France (la LW et les Panzer), pour les ressources françaises englouties dans la Ligne Maginot (mêmes ressources allemandes consacrées à leurs fortif), pour la victoire à Saint-Lo, pour les grandes batailles blindées en Afrique du Nord, et à l'Est, etc...
Il ne s'agit pas de faire croire que ces batailles n'ont pas été gagnées, ni qu'elles ont été sans effet sur la campagne, mais de bien cerner les véritables éléments qui ont apporté la victoire. Encore un dernier example: "la ruée des Panzer" en mai-juin 1940: pas les tanks allemands meilleurs ou plus nombreux que les français, pas non plus le soutien aérien tactique aux PzDiv, encore pas la dispersion de l'arme blindée française, tout celà était vrai, mais ce ne sont pas là les facteurs décisifs du succès allemand, mais essentiellement l'incohérence, la timidité et l'inertie du haut commandement et du gouvernement français. Bien d'autres batailles sont analysées: Arnhem, les Ardennes, la Pologne, la production d'armements etc..., et bien des des mythes y apparaissent comme des idées reçues, foncièrement erronées, ou du moins biaisées et incomplètes.
Format poche, mais 340 pages réparties en 12 chapitres, chacun suivi de plusieurs pages de notes, précédés d'une introduction plus théorique et suivis d'une réflexion sur l'ancrage des idées fausses. Quelques photos, 10 cartes schématiques, et 17 pages d'index. Publié par HarperCollins, NY, 2003.
Un must. Encore un. Mais en anglais.
Amicalement,
Alain.