Post Numéro: 8 de La Nouette 25 Juin 2010, 15:19
Les divers ouvrages ne s'opposent pas ils se complêtent (Hamon, Cadiou, Monnier, Bougeard,...) puisque l'histoire des mouvements bretons et leurs trajectoires sont complexes et diversifiées tout comme l'est la période... même si certains ouvrages ont des travers et sujets à débats.
S'agissant de Mme Morvan, c'est un peu plus compliqué, ses qualités littéraires et de spécialiste de la culture orale bretonne...ne lui conférent pas à la même hauteur des qualités d'historienne, car ces écrits concernant les mouvements bretons pêchent notoirement par des excès liés aux sentiments personnels et à l'idéologie, au point que de nombreuses pages de wikipédia sont largement biaisées par des personnes sympathisantes de ses écrits (ou organisations) ou manquants de recul, c'est déplorable pour la vérité, l'histoire,...sauf pour certaines officines qui en sont réjouies mais on est loin de wikipedia (attention la loi du nombre ne fait pas la vérité et la qualité sur ces pages et contributeurs).
S'agissant de l'ouvrage de JJ.MONNIER, oui, c'est évidemment un ouvrage de référence mettant la lumière sur certaines thématiques et listant près de 300 parcours individuels ou collectifs de personnes ayant contribué à la Résistance et ayant fait partie des mouvemens bretons culturels et/ou politiques régionalistes ou nationalistes avant, pendant et/ou après la 2è guerre.
JJ.Monnier, fils de FFL, né à Londres, universitaire reconnu, auteur de nombreux ouvrages.
Il aborde un sujet difficile, tabou, passionnel parfois, puisqu'une partie des mouvements bretons, de leurs membres et de leurs leaders ont optés pleinement ou se sont se fourvoyés dans la collaboration avec Vichy ou/et les Nazis, à des degrés divers (il faut analyser cela sans tout amalgamer ) dans divers domaines (domaine culturel, presse, renseignement, répression, vie politique,...), une autre partie fût plus neutre sinon attentiste, d'autres ont rejoint la résistance à divers moments, à l'instar du reste de la population d'ailleurs.
Pour comprendre l'ouvrage de JJ Monnier, il faut plutôt avoir des bases d'histoire générale et bretonne au préalable, de sociologie politique, d'ethnologie...pour comprendre sa démarche et éviter toute méprise. I faut aussi sortir des idées pré conçues, de l'histoire justicière revancharde (être fan ou descendants de résistants ne nous obligent pas à faire de l'histoire partiale, et à ne pas écouter la diversité...car la résitance était diversité et pas qu'unité ...).
Trois choses se dégagent mais ne sont pas forcémment liées:
-oui, des maquisards de Bretagne avaient et ont fait vivre en eux, une identité bretonne forte pendant et après la guerre...sans forcémment être des nationalistes bretons !
-oui, une part non négligeable de militants issus des mouvements culturels et régionalistes ou nationalistes politiques bretons (et donc une partie du "mouvement breton" de fait) ont contribués à la Résistance (mais ils n'avaient guère de visibilité organisationnelle collective à part un ou deux groupes militants et résistants donc pas d'image politique propre, ils étaient souvent jeunes...puis la mise à l'index à tort et à raison du mouvement breton en 44 les a empêché de s'extérioser par auto censure, la faiblisse numérique, l'unification des maquis,...il y a eu aussi une volonté politique en 44 de cacher cela, une répression était existante dès avant 1939 contre les mouvements séparatistes quelque soit leur option qu'ils ont ou auraient durant la guerre: il ne faut pas le nier...
-oui, des résistants ont aussi contribués après guerre, à créer des mouvements politiques et culturels bretons.
Bien sur qu'il y a quelques parcours discutables dans l'ouvrage, pour répondre à certaines critiques simplistes, partiales et malveillantes lues ici et là, des amalgames habituels de certains extrémistes (qui distillent ce genre de message : militants bretons = fachos), la période est ainsi, complexe comme le sont les milliers de "vichysso-résistants" (cf qq bons livres de spécialistes) partout en France aux manettes ensuite, des antisémites (ou ex antisémites) étaient présents à Moscou comme à Londres, des ex résistants ont été candidats pour l'extrème droite ensuite après guerre jusqu'à maintenant, ...
Qui aurait le droit de de nier les engagements résistants de ces 300 personnes ayant appartenu avant, pendant et après guerre aux mouvements bretons, au nom de quoi il y aurait de bons et mauvais résitants, fusillés par les allemands, de tels ou telles mouvances ?
méfions nous des démonstrations idéologiques voulant monter une fatalité (fasciste) des mouvements bretons alors qu'en 1920 certains d'entre eux sollicitaient le président américain par une grande pétition ou d'autres envoyaient des soutiens au front populaire espagnol contre Franco...oui à toute l'histoire !