Les éditions Perrin publiant chaque mois des livres sur la Seconde guerre mondiale, je crée donc ce topic qui sera régulièrement mis à jour.
Erbo pilote de chasse. 1918-1942, de August von Kageneck
La trajectoire fulgurante d'un as de l'aviation allemande qui est aussi la peinture d'une société cédant aux sirènes de l'Allemagne nazie.
A la veille de Noël 1941, Erbo von Kageneck fut tué en Libye par un chasseur australien. Crédité de 67 victoires aériennes homologuées, il était devenu l'un des 35 chevaliers de la croix de fer avec feuilles de chêne. Grâce à des documents familiaux, son frère raconte la trajectoire fulgurante de cet " as " de l'aviation.
Tout aussi intéressant pour l'histoire de la société allemande de l'entre-deux-guerres est le récit de l'enfance et de l'adolescence d'Erbo, âgé de 15 ans lors de l'avènement de Hitler : une famille catholique de la vieille aristocratie rhénane, un père jeune général en 1918, cinq fils élevés et éduqués dans la meilleure des traditions jésuites. Mais cela n'empêche pas, comme Erbo, de céder aux sirènes des Jeunesses hitlériennes dans lesquelles il se précipite avec enthousiasme. C'est aussi l'histoire d'une adhésion que raconte, avec son habituel talent, August von Kageneck.
August von Kageneck a publié de multiples livres à succès sur la Seconde Guerre mondiale : La Guerre à l'Est, Examen de conscience, Lieutenant de panzers.
Le voyage d'automne. Octobre 1941, des écrivains français en Allemagne, de François Dufay
Autopsie de l'événement qui officialisa l'adhésion d'une partie de l'intelligentsia française au "nouvel ordre européen" d'Hitler.
Au mois d'octobre 1941, sur l'invitation du Dr Goebbels, des écrivains français de premier plan partirent à la découverte de l'Allemagne d'Adolf Hitler. Parmi eux, des fascistes convaincus comme Drieu La Rochelle et Brasillach, mais aussi de grands stylistes " apolitiques " tels Jacques Chardonne et Marcel Jouhandeau.
Devenu le symbole de la collaboration des intellectuels, ce sulfureux voyage avait fini par prendre les contours du mythe. S'appuyant sur des archives inédites allemandes et françaises, François Dufay raconte les épisodes tantôt tragiques, tantôt dérisoires de cette équipée.
Avec un regard dépassionné, Le voyage d'automne démonte les ressorts d'une manipulation. Il éclaire l'incroyable défaillance qui a pu conduire de subtils romanciers dans le bureau de Hitler. Un épisode essentiel de la " tragédie des erreurs " que fut l'engagement des intellectuels au XXe siècle réapparaît ainsi en pleine lumière, après soixante ans d'occultation.
Ancien élève de l'Ecole normale supérieure, agrégé de lettres, François Dufay dirige le service livre de L'Express. Il a notamment publié Le soufre et le moisi, couronné Meilleur essai 2007 par le magazine Lire. Le voyage d'automne a été traduit en allemand et adapté à la télévision.
Les Vichysto-Résistants. De 1940 à nos jours
Résistant et pétainiste. Un paradoxe ?
" M.Mitterrand a un passé. " Les révélations sur les attaches du président de la République avec Vichy ont fait, voilà une décennie, l'effet d'une bombe. Perplexes ou choqués, les Français se sont demandé comment on pouvait prétendre avoir été à la fois résistant et partisan de Pétain.
Le livre de Bénédicte Vergez-Chaignon est la première étude d'ensemble sur ce qui a constitué, pendant cinquante ans, un tabou. Grâce à de multiples archives ouvertes depuis peu, l'auteur dresse un panorama complet de cette résistance au profil très particulier puisqu'elle est née en 1940 autour du thème de la revanche militaire, et pas de la résistance.
Au fil des pérégrinations idéologiques et des rapprochements tactiques, on voit notamment défiler le maréchal de Lattre, Marie-Madeleine Fourcade, Pierre Bénouville, Henri Frenay, André Bettencourt, Maurice Clavel, François Mitterrand et beaucoup d'autres, aujourd'hui moins connus. Ressurgit une nébuleuse qui a voulu concilier combat contre l'ennemi allemand et redressement national prôné par Pétain.
Or, dès 1945, ce phénomène a été consciencieusement gommé jusqu'à devenir presque impossible à imaginer. En étudiant la manière dont s'est figée l'image d'une " Résistance " mythifiée, Bénédicte Vergez-Chaignon montre comment les vichysto-résistants se sont insérés dans la France d'après-guerre et comment les clivages ont évolué - après les procès de l'épuration, la guerre d'Algérie et les affaires Bousquet ou Papon.
Richesse des sources, sûreté de l'analyse et péripéties multiples font de cette somme un ouvrage indispensable pour qui s'intéresse à la Seconde Guerre mondiale et à ses suites.
Bénédicte Vergez-Chaignon, docteur en histoire, a écrit notamment Le Docteur Ménétrel, Vichy en prison et contribué à des ouvrages sur la Résistance.
Savants sous l'Occupation. Enquête sur la vie scientifique française entre 1940 et 1944
Les chercheurs étaient jusqu'à présent restés à l'écart du mouvement de retour critique sur les années noires de Vichy. Il était temps de combler cette lacune.
La France libre voulait leur prestige, Vichy leur savoir, les nazis leur soutien. Comment les chercheurs français ont-ils répondu à ces sollicitations multiples entre 1940 et 1944 ?
Ce livre entraîne le lecteur dans l'univers de la recherche française : on y découvre la restructuration du système de recherche par Vichy ; la mobilisation des laboratoires pour répondre aux difficultés de ravitaillement et aux pénuries ; l'incontournable antisémitisme d'Etat, qui ne parvient cependant pas à éliminer les Juifs de la vie scientifique ; les engagements dans le camp de la Résistance comme de la Collaboration ; et enfin la très superficielle épuration, qui voit la communauté scientifique passer l'éponge sur les errements de ses membres les plus compromis.
Nourri d'archives souvent inédites, ce livre met en lumière des aspects méconnus et refoulés de l'histoire de la science française. Le physicien Frédéric Joliot- Curie, figure emblématique de la Résistance, a ainsi travaillé durant toute la guerre avec des chercheurs allemands ; l'INSERM, comme bien d'autres institutions scientifiques actuelles, a été fondé par Vichy. Sans manichéisme, quitte à écorner certains mythes, ce livre offre le premier tableau de la vie scientifique sous Vichy.
Nicolas Chevassus-au-Louis, docteur en biologie et licencié d'histoire, enseigne le journalisme à l'université de Montpellier. Outre diverses collaborations à des journaux, il publie notamment dans La Recherche.