Bonjour,
J'ai une version legerement differente de l'affaire.
Durant l'ete 1940, Hitler n'a a l'Ouest qu'un seul et unique but : Faire tomber le belliciste Churchill dont le siege de premier ministre, face a la puissante opposition des pacifistes anglais, Halifax en tete, est du style siege ejectable.
Et ceci afin d'accomplir son objectif : Signer la paix avec les Britanniques et avoir les mains libres vers son objectif unique : L'espace vital a l'Est.
Pour se faire, il doit donc soutenir les pacifistes anglais en les terrorisants. Alors que tous ses efforts militaires consistent a preparer Barbarossa, il convient donc de faire croire exactement le contraire, aux Anglais bien sur, mais aussi a Staline.
D'ou une multitude de leurres, de mystifications qui continuent, de nos jours, a en tromper plus d'un. La gloire posthume du mensonge nazi !
D'ou les mascarades de l'operation Otarie qui fait semblant de vouloir envahir l'Angleterre, des bombardements des Iles Britanniques qui ne servent a rien sauf a eventuellement faire jeter l'eponge aux Anglais, et le grand coup de theatre des rencontres avec les tyranneaux du Sud destines a remplacer les bruits de bottes en direction de l'Afrique dont Hitler se moque comme d'une guigne.
A Montoire, Hitler rencontrera d'abord Laval qui lui propose que Vichy s'en prenne au interets britanniques en Afrique afin de, carrement, mener la France vers l'etat de guerre contre le Royaume-Uni. Offre rejetee.
Il rencontre ensuite Franco a Hendaye. Le Caudillo est DEMANDEUR. Il propose une association avec Hitler pour prendre Gibraltar. Il demande de l'aide, certes, mais pas si exorbitante que cela. Hitler tergiverse, demande la cession d'une des Iles Canarie et ne conclu rien.
De retour a Montoire, il rencontre Petain qui lui propose une "collaboration" destinee a recuperer l'AEF que la France Libre vient de lui prendre, s'appuyant sur le "succes" qu'il vient de remporter en defendant Dakar. Hitler conclu en acceptant une collaboration dont les termes seront discutes... plus tard. Et, question de montrer ce qu'il entends par collaboration, expulse peu apres 100.000 Mosellans des territoires occupes sous pretexte qu'ils ne veulent pas devenir allemands.
Ensuite, il se rends en Italie et rencontre Mussolini qui lui parle, sans resultat, de ses ambitions coloniales en Afrique.
Toutes ses rencontres, largement relayees par la presse internationale qui publie partout dans le monde tout ce que Goebbels lui demande de publier, fait croire a toute la planete qu'Hitler va s'engager en Afrique, expulser les Anglais de Gibraltar, de Malte et de Chypre, voire de l'Egypte.
Mussolini, Franco et Petain n'ont ete dans cette affaire que des figurants de l'operette nazie, artistiquement manipules par le metteur en scene qui donne ainsi au monde une direction d'observation inquiete, l'Afrique, pendant qu'il prepare en secret le prochain acte, l'aggression de l'URSS.
Meme les militaires allemands, au passage, tomberent dans le piege et menerent force conferences d'etat-major avec les puissances latines pour preparer tout cela.
Si Hitler avait vraiment voulu que Franco entre en guerre, il etait fin 1940 en telle position de force qu'il aurait facilement pu faire plier le Caudillo par la ruse ou la menace ou l'habituel subtil melange des deux. Il ne l'a pas fait, c'est donc qu'il ne le voulait pas.
A Londres, Churchill abonde dans son sens, esperant ainsi se rallier tous les colonialistes anglais pour la defense de l'Empire face aux menaces allemandes, mais aussi pour inquieter Roosevelt qui verrait d'un tres mauvais oeil une main mise allemande sur la Mediterrannee propre a couper la route au flux commerciaux des USA.
Donc, oui, il y a bien eu un intense jeu diplomatique durant la 2eme moitie de 1940, mais, comme souvent, du moins comme toujours jusqu'a fin 1941, c'est Hitler qui mene le jeu et avec deux tours d'avance sur tout le monde.
Ce mythe du "Franco resistant" a ete monte a la fin de la guerre grace aux aimables manques de curiosite des USA qui ont tout de suite cherche a "blanchir" Franco, excellent allie dans la guerre froide qui commencait. Il se trouve, par exemple, que le compte rendu allemand de la rencontre d'Hendaye, qui se trouvait dans les archives saisies par les americains, n'a, oh que c'est dommage, jamais ete retrouve en entier. La version donnee dans les memoires de l'interprete allemand Schmidt, qui n'etait pas present a la reunion, est, comme tout son livre, sujet a caution, on le prends souvent en flagrant delit de courte memoire lui aussi.
Je ne poste pas de chez moi, donc ne peux pas citer precisement mes sources, mais j'en ai un wagon. Je peux vous les donner, mais lundi, car, suite a un demenagement, toujours d'Internet a la maison...