Présumé Jean Moulin...une nouvelle histoire de la Résistance
Posté: 28 Jan 2007, 20:58
Présumé Jean Moulin (17 juin 1940 - 21 juin 1943), Esquisse d'une nouvelle histoire de la Résistance, 920 pages de Jacques Baynac va paraître chez Grasset au prix de 33 euros.
Ayant lu deux fois (je l'avais trouvé un peu confus lors de ma première lecture) l'ouvrage très controversé, mais très documenté de Jacques Baynac, Les secrets de l'affaire Jean Moulin (Archives inédites sur la Résistance), Seuil, 1998, dans lequel il innocente Hardy dans l'"affaire de Caluire" et suggère que Jean Moulin, juste avant son arrestation par Barbie, était sur le point de "lâcher" de Gaulle pour les Américains, j'attends avec une certaine impatience la parution de son nouveau livre.
Dans le dernier Historia, Rémi Kauffer, professeur à l'IEP de Paris, écrit : "Fort d'archives inédites (...), (Jacques Baynac porte) un regard différent sur Jean Moulin comme sur la Résistance elle-même. (...) Sur ce point, il est toutefois malaisé de faire la part des éléments objectifs apportés par Baynac et celles de ses inclinaisons personnelles, qui le portent à présenter la Résistance intérieure comme seule source de légitimité future. (...) Le désir de minimiser le rôle du général de Gaulle, l'obsession de déshabiller Charles (de Gaulle) (...) pour habiller Jean (Moulin) constituent d'ailleurs, et de loin, les points les plus faibles du livre. (...)
Baynac tente enfin de résoudre l'énigme de Caluire. Selon sa contre-enquête, Hardy n'aurait pas trahi. Ni lui ni personne d'autre, même si l'auteur s'interroge sur le rôle d'Henri Aubry. Mise sous pression par la "certitude" d'un débarquement allié "imminent" (fruit d'une intox britannique, NDLR), la Résistance accumulait les imprudences. Fuites, filatures, documents saisis et aveux partiels arrachés sous la torture auraient alors permis à Klaus Barbie de connaître la date et le lieu de la réunion.
En bref, il s'agit là d'une oeuvre d'historien originale, mais discutable sur beaucoup de points. Avec polémique à la clé ? Baynac accuse, en effet, Cordier et Crémieux-Brilhac d'avoir caviardé certains passages de documents qui n'allaient pas dans leur sens..."
En tout cas, je suis très intéressé par sa démonstration concernant le rôle de Hardy dans l'"affaire de Caluire", car je n'ai jamais pu totalement suivre ceux qui, en grande partie pour des raisons idéologiques (Hardy était anticommuniste), prétendaient qu'il avait trahi Jean Moulin. En effet, pour faire court, si Hardy, après être tombé aux mains de Barbie, lui a certainement fait croire qu'il acceptait de collaborer, il n'a fait arrêter aucun des dirigeants de la Résistance qu'il a ensuite rencontrés et n'a pas demandé à participer à la fameuse réunion de Caluire, connue de beaucoup de gens dont certains étaient filés par la "Gestapo". Il est vrai que de nombreuses questions restent toutefois posées sur son cas, comme le souligne Henri Noguères dans son excellent compte rendu de la page 409 à la page 474 du tome 3 (1972) de sa monumentale Histoire de la Résistance en France publiée chez Robert Laffont...
Ayant lu deux fois (je l'avais trouvé un peu confus lors de ma première lecture) l'ouvrage très controversé, mais très documenté de Jacques Baynac, Les secrets de l'affaire Jean Moulin (Archives inédites sur la Résistance), Seuil, 1998, dans lequel il innocente Hardy dans l'"affaire de Caluire" et suggère que Jean Moulin, juste avant son arrestation par Barbie, était sur le point de "lâcher" de Gaulle pour les Américains, j'attends avec une certaine impatience la parution de son nouveau livre.
Dans le dernier Historia, Rémi Kauffer, professeur à l'IEP de Paris, écrit : "Fort d'archives inédites (...), (Jacques Baynac porte) un regard différent sur Jean Moulin comme sur la Résistance elle-même. (...) Sur ce point, il est toutefois malaisé de faire la part des éléments objectifs apportés par Baynac et celles de ses inclinaisons personnelles, qui le portent à présenter la Résistance intérieure comme seule source de légitimité future. (...) Le désir de minimiser le rôle du général de Gaulle, l'obsession de déshabiller Charles (de Gaulle) (...) pour habiller Jean (Moulin) constituent d'ailleurs, et de loin, les points les plus faibles du livre. (...)
Baynac tente enfin de résoudre l'énigme de Caluire. Selon sa contre-enquête, Hardy n'aurait pas trahi. Ni lui ni personne d'autre, même si l'auteur s'interroge sur le rôle d'Henri Aubry. Mise sous pression par la "certitude" d'un débarquement allié "imminent" (fruit d'une intox britannique, NDLR), la Résistance accumulait les imprudences. Fuites, filatures, documents saisis et aveux partiels arrachés sous la torture auraient alors permis à Klaus Barbie de connaître la date et le lieu de la réunion.
En bref, il s'agit là d'une oeuvre d'historien originale, mais discutable sur beaucoup de points. Avec polémique à la clé ? Baynac accuse, en effet, Cordier et Crémieux-Brilhac d'avoir caviardé certains passages de documents qui n'allaient pas dans leur sens..."
En tout cas, je suis très intéressé par sa démonstration concernant le rôle de Hardy dans l'"affaire de Caluire", car je n'ai jamais pu totalement suivre ceux qui, en grande partie pour des raisons idéologiques (Hardy était anticommuniste), prétendaient qu'il avait trahi Jean Moulin. En effet, pour faire court, si Hardy, après être tombé aux mains de Barbie, lui a certainement fait croire qu'il acceptait de collaborer, il n'a fait arrêter aucun des dirigeants de la Résistance qu'il a ensuite rencontrés et n'a pas demandé à participer à la fameuse réunion de Caluire, connue de beaucoup de gens dont certains étaient filés par la "Gestapo". Il est vrai que de nombreuses questions restent toutefois posées sur son cas, comme le souligne Henri Noguères dans son excellent compte rendu de la page 409 à la page 474 du tome 3 (1972) de sa monumentale Histoire de la Résistance en France publiée chez Robert Laffont...