ZELLER, au service des Nazis en Bretagne 1940-1944
Un des espions du IIIème Reich
Un français de la L.V.F. au service de l'Abwehr
de Eric Rondel
Présentation par la maison d'édition:
"Originaire d'une famille militaire française, officier de Marine, Maurice Zeller fut pilote d'hydravion à Tréguier pendant la Première guerre mondiale, avant d'être révoqué de la Marine après avoir été surpris à fumer de l'opium. Déchu et revenu à la vie civile. Zeller va multiplier les petits boulots mal payés de commercial en poste de radio pour une société d'Etables. ou celui de peinture en bâtiment, avant d'intégrer le métier du journalisme sportif au Poste de Radio Colonial. Gagnant rapidement une notoriété quasi mondiale, il va se mettre à écrire des pièces de théâtre et va vite devenir l'inventeur du théâtre radiodiffusé moderne avec bruitages et mises en situation. Dans ce nouveau métier, où certains, ne connaissant pas sa vie de collaborateur et d'agent à la solde des nazis, le citent encore de nos jours en exemple, il travaillera pour et avec des grands noms de l'époque, tels Rostand, Farrère ou même Pagnol... Seulement voilà, la guerre arrive et Zeller veut servir. Mais, à cause de son passé, on lui refuse une réintégration avec son grade. Septembre 1940, alors qu'il se promène en canot au large d'Erquy, où il est venu se réfugier dans la villa familiale, un naufrage va lui faire rencontrer des Allemands qui vont vite comprendre l'intérêt pour le Reich de se servir de ce mondain très intelligent qui parle le français, l'anglais, l'allemand et même le vietnamien et qui aime aussi l'argent... Zeller va s'engager dans la L.V.F., et partir sur le Front russe et y rencontrer Doriot, avec qui il va nouer des liens. Renvoyé rapidement en France pour des raisons mystérieuses, il va créer et diriger l'antenne de recrutement de la Légion à Saint-Brieuc, créer celle de Dinan puis organiser celle de Saint-Malo.
Viré de la L.V.F. pour malversations, le cupide Zeller sera recruté par les services de renseignements allemands de Saint-Brieuc, et va tristement s'illustrer dans des affaires d'espionnage et de dénonciations de Patriotes et de Résistants à Saint-Quay, Plouha, Bréhat, Dinan, Guingamp, Loudéac, Plourhan, Saint-Brieuc, Callac, La Hunaudaye..., avant de partir pour Morlaix, puis Quimper où, employé par l'Abwehr, il participa à de nombreuses arrestations de Patriotes à Quimper, Douarnenez, Pont-Aven. Tréboul... en se faisant passer pour un Résistant. Les victimes seront déportées ou exécutées... Mais c'est à partir de juin 1944 que les talents de l'agent allemand Maurice Zeller vont atteindre leur zénith, avec son intégration dans la FAT. 354 de Pontivy : il va participer activement à la chasse aux S.A.S. et aux Résistants échappés de Saint-Marcel, à la traque de Bourgoin à Guillac et à l'assassinat du lieutenant Marienne à Kerihuel...
Arrêté à la frontière Suisse en 1945, il sera jugé à Rennes pour intelligence avec l'ennemi, et condamné à mort.
L'un des agents français les plus actifs au service de la Gestapo en Bretagne, a été certainement l'ex-lieutenant de vaisseau Maurice Zeller... écrira le capitaine Le Cloître, de la subdivision du Morbihan à la Sécurité Militaire."Ce livre constitue une version longue du chapitre que Christian Hamon consacre a Maurice Zeller dans "Agents du Reich en Bretagne". Les deux livres rendent compte et permettent de suivre les actions de Maurice Zeller.Plus de 400 pages contre moins d'une centaine pour Christian Hamon. Les deux livres suivent la trame des PV des interrogatoires de Maurice Zeller et les témoignages cités à son procès. On peut d'ailleurs faire les mêmes reproches au livre de E Rondel que ceux qui ont été fait à celui de Christian Hamon. Il sont écrits sans faire référence aux travaux d'autres historiens. Le livre de E Rondel n'apporte pas de faits nouveaux, ni ne donne une vision très différente du personnage. Cependant comme les citations faites par E Rondel sont beaucoup plus larges, voire in-extenso, son livre soulève des questions intéressantes. M Zeller est un espion d'un niveau supérieur aux agents habituels des SD et de l'Abwher. M Zeller ne va pas à la pêche au Renseignement mais intervient sur la base d'informations souvent précises avec des procédés sophistiqués pour infiltrer les réseaux. Il sait à qui il à affaire, quel est le rôle des personnes qu'il rencontre. Malheureusement la source primaire des informations et des informateurs n'est jamais évoquée. Difficile de croire qu'il s'agisse de bavardages entendus dans des cafés... Ensuite il faut bien voir que M Zeller jour son sort dans ses déclarations. Forcément, mentir, même par omission, minimiser son rôle, charger d'autres... tout cela est à peine souligné par les deux auteurs.
La comparaison des deux textes met également en évidence que les procédés de mise en forme littéraires pour présenter les textes bruts ne sont pas anodins. M Zeller parle sans notes, ni archives devant lui. Il ne se rappelle pas forcément les noms, ou dit ne connaître que les alias et pas les vrais noms des agents du SD, voir des militaires allemands. Peut être aussi cherche t'il à brouiller les pistes, ou couvrir ses complices. On ne peut pas exclure que certains d'entre eux n'ont pas été identifiés et ont échappé aux poursuites après guerre.
Autre exemple, M Zeller évoque avoir touché des primes pour ses actions. Est-ce des primes versées tout au long de sa "carrière" selon un barème établi, comme on le comprend chez Christian Hamon ou bien des primes versées exceptionnellement au vu de l'importance des saisies d'armes effectuées au cours de la bataille de Saint Marcel, comme on le lit dans les citations faites par E Rondel.
Les PV ne laissent pas transparaitre grand chose des opinions de M Zeller. Son engagement dans la LVF laisse supposer un engagement très à droite et anti-communiste, il dit avoir cru jusqu'en 1943 à la victoire des Allemands. Cependant il ne se déclare pas comme un pro-nazi convaincu. L'attrait de l'argent a joué, mais aussi, ce que les deux auteurs ne mettent pas en valeur, la façon dont les Allemands tissent des "liens", des obligations, avec leurs agents pour leur rendre impossible tout retour en arrière ou possibilité de se désengager. En 1944 quand les opérations ne sont plus du travail d'infiltration mais de répression pure et dure, Zeller comme les autres agents suivent aveuglement les Allemands, notamment la torture, les meurtres, crimes de guerre qui ne les dérange pas.
En résumé le livre de E Rondel est très intéressant parce que l'on a un accès direct aux documents d'archives mais si l'on est pas au fait de certaines questions, je pense notamment au lecteur non-spécialiste, on peut en retirer une compréhension faussée.