Ceci dit chez Osprey aussi la qualité n'est plus tout-à-fait ce qu'elle a pu être, en témoigne l'omniprésence d'un Shumate.
Non, là, je ne suis pas d'accord, car il convient d'effectuer une distinction entre les différentes lignes d'édition Osprey. Il n'y a pas photo, entre ses publications "populaires" d'une cinquantaines de pages - Men at Arm, New Vanguard, etc. - et ses nouveaux ouvrages, publiés, par exemple, depuis une petite dizaine d'années, dans le cadre de sa collection "Général Military History", mais qui, eux, coûtent 4 a 5 fois le prix de l'aimable fascicule de notre jeunesse.
Je vais prendre un exemple d'auteur, celui de Thomas Anderson, en réalité, un allemand pur et dur, mais qui se débrouille très bien en français, comme Zaloga, cause et écrit en anglais, comme un anglo-saxon, et avec lequel j'ai eu le plaisir de travailler, au cours de ces dix dernières années, pour traduire et de développer, en français, un certain nombre de ses travaux, publiés, à l'époque, chez Caraktère. Techniquement et militairement, en ce qui concerne l'arme blindée allemande, c'est une vraie pointure, qui ne travaille qu'à partir de sources primaires (BA/BAMA et Nara), mais, en œuvrant régulièrement pour Osprey - il y a, quand même une question de pépètes dans cette histoire! -, il s'est adapté à la méthode anglo-saxonne, à savoir texte essentiel et "limité" et un max de jolies photos, souvent, pleine page, voire bouffant sur la page suivante!
En France, le lectorat est plus compliqué, car il souhaite des développements plus fouillés, tout en appréciant, c'est normal, les photos de grande dimensions sur une demi-page, voire une page. Le problème est que, là, quand on est éditeur, on flirte très vite avec la quadrature du cercle économique, car si on souhaite "associer" des textes fouillés et une iconographie appétissante et spacieuse, le nombre de pages nécessaires grimpe en flèche, son coût d'impression et son PVP final , aussi! Dans le pire des cas, pour un "Bouquin" français, avec couverture cartonnée, 200 pages, etc., il est impératif de ne pas dépasser un PVP final de 50 roros, alors que, déjà, on flirte avec la catégorie des ouvrages "riches", qui se vendent à 50/100 roros, dans les rayons de la FNAC, souvent, la mieux fournie - 50% du marché du livre , à la FNAC, s'effectue sur Paris! -, où on trouve de superbes albums iconographiques, traitant, ainsi, de l'antiquité assyrienne, grecque, romaine, etc. que certaines grosses boites d'édition veulent bien publier, mais que bien souvent les auteurs publient à leur compte!
Amusez-vous à poser la question à Eric Denis, qui est publié par les éditions Economica, et, à mon avis, en connait, lui-aussi, un rayon sur les contraintes de publication de son éditeur!
Les ouvrages de qualité, avec large iconographie et tout le tintouin, coûte la peau des fesses, or il existe un plafond psychologique pour l'acheteur lambda, celui, de nos jours, des 50 roros ; les 300 balles du temps passé, coût qui n'a, hélas, pas progressé, mais je dirais même qu'il a régressé, au cours des 20 dernières années!
Il convient de ne pas mourir "idiot", les superbes "encyclopédies" Elsevier - navires de combat, la Luftwaffe, etc. -, qui nous ravissait, par leur qualité, quand nous étions jeunes, dans les années 1970/1980 et les rayons de la FNAC ou de librairies très spécialisés, avaient amorti leurs coûts de publication dans les rayons, puis le gros des ouvrages publiés finissait à prix cassé chez des enseignes de soldeurs (Dinali, etc.) ! Au début, j'avais consciencieusement raqué le prix "plein pot" - je ne parle, même, pas du prix du Squadron Signal, vendu chez le vendeur de boites de maquettes, pour eux, c'était le bon temps! - , puis, dans les années 80, j'avais fini par effectuer l'essentiel de ma récolte chez ces soldeurs, mais j'avais le bol, alors, de couvrir professionnellement le 1/3 de la France - çà aide! -.
Le "fascicule d'appel" de 50 pages Osprey, depuis les années 70, a fait l'objet de nombreuses "réactualisations" qui ont, sérieusement, affiné et amélioré son propos - par exemple, choix des auteurs et des dessineux-, mais, en parallèle, la "boite" a, aussi, développé, tout azimut, ses prestations.
Aux dernières nouvelles, en 2018 ou 2019, Osprey avait racheté les droits de la célèbre ligne d'édition navale "Anatomy of the Ship", jusque-là publiée, depuis les années 70, par Conway Maritime Press!
Sur le seul plan de la réussite économique, Osprey est un exemple, même si , en gros, cette dernière décennie, elle soustraite la partie technique (impression et reliure) en Inde - ancien dominion britannique... ! -.
En France, les éditeurs de magazines et, accessoirement, de bouquins, eux, s'étaient pris en pleine tronche, juste avant la pandémie de Covid-Machin, les déboires financiers de Presstalis - ex-NMPP (Nouvelles Messageries de la Presse Parisienne), crée en 1947 et niche de la CGT du Livre! Cette tentative de sauvetage gouvernementale - pour faire plaisir à la CGT! - aura coûté, en 3 ans, au global et, ce, très récemment, plusieurs millions d'euros aux éditeurs - hors presse quotidienne, elle, non touchée! -.
Je connais, ainsi, plusieurs boites d'édition qui se sont, ainsi, assises sur 100 000 roros ou plus, payés rubis sur ongle, mais volontairement gelés sur décision gouvernementale, dans les caisses de Presstalis, et qui n'en reverront jamais la couleur, après la liquidation judiciaire!
Dès lors, il ne faut pas trop s'étonner des difficultés que peuvent rencontrer, actuellement, nos éditeurs préférés, dans le domaine de la publication historico-technique!