De avril 1938 à fin 1942, Habib Bourguiba était en tôle, en France. Début 1943, les Allemands l'avait, parait-il, libéré, puis s'en était suivi un séjour en Italie et un retour en Tunisie, tout début 1943, où il était reparti croupir, quelques temps, dans un "cul-de-basse-fosse", dont il n'était sorti que le 23 juin 1943.
Après l'indépendance de la Tunisie, il s'était, effectivement, construit une "légende", mais çà n'a empêche que passer 7 ans, en tôle et en semi-exil, à l'époque, ce n'était pas bon pour la notoriété. En plus, il était tellement surveillé, après sa libération, qu'il pouvait tout juste aller pisser seul! En mars 1945, il s'était enfui en Égypte, via la Libye, et n'était rentré en Tunisie qu'en mars 1949 ! En gros, il s'était écoulé onze ans, durant lesquels, il n'avait pas eu de rôle "local" sérieux.
En plus, il était un partisan inconditionnel d'une accession "apaisée" à l'indépendance, négociée avec la France - ce qui avait, finalement, été le cas - et était opposé aux actions "dures". Lors de la Crise de Bizerte, en 1961, il avait été "coincé" entre les "durs" du régime (influencés par le FNL algérien), la nécessité de ne pas passer pour une truffe aux yeux du monde arabe (notamment Nasser) et l'attitude de la France qui en avait marre de devoir "baisser culotte", pour un oui ou un non - face à une ONU "hostile" et manipulée -, alors que l'évacuation de la base navale, sans être fixée, avait, déjà, été programmée - le plus beau de l'histoire est que ce sont la main d’œuvre et le commerce locaux tunisiens qui en pâtiront le plus... et pas qu'un peu ! -.
Les "troubles " évoqués s'étaient déroulés après la libération de Tunis (13 mai 1943), fin mai-début juin, et avaient été fomentés par des partisans et collaborationnistes pro-Axe, qui avaient fait miroiter un projet d'indépendance à leur seul profit. A cette époque, les forces de police allemandes , elles, étaient soit dans un camp de prisonniers, soit avaient été rembarquées direction l'Italie!
Certes l'armée & la police française n'avaient pas été d'une grande tendresse, mais, un, on était en pleine guerre mondiale et, deux, le bilan s'était limité (tout est relatif!) à 200 exécutions et 5000 peines d'emprisonnement ... que De Gaulle sera le premier, dès le 27 juin 1943, à reprocher à l'état-major français en place!
Il y avait eu , le 4 juillet 1943, une autre manifestation réprimée par les tirailleurs sénégalais ( 20 morts, 60 blessés), mais le parti tunisien Néo-Destour, dont le gros de ses membres s'était, déjà, cassé avec les forces de l'Axe (!), n'avait plus, après la succession d'arrestations, d'influence locale pour tenter de poursuivre la "lutte"!
Il y a des "légendes" qu'il convient de corriger, en lisant certains écrits à vocation historique pure et non empreints de partisanerie excessive.
Celui-là en fait partie...
https://www.persee.fr/doc/outre_0300-95 ... 0_260_2415. ...