...laissait présager d'un nouveau point de vue...
La première moitié du livre est consacrée à la genèse du plan de l’offensive d’été 1943 de la
Wehrmacht comme la déjà recensé Benoît RONDEAU. Le moins que l’on puisse dire est le doute qui règne dans les plus hautes sphères du commandement allemand, à commencer par HITLER lui-même. Si le saillant de Koursk se pose comme une évidence pour tous (à Rastenburg comme à Moscou), faut-il attaquer ou au contraire attendre l’attaque de l'autre pour la balayer d’un revers ? Les lourdes pertes de l’hiver, la lente reconstitution d’une masse d’attaque, la météo, puis les doutes, de HITLER surtout, reportent l’opération de semaines en semaines. Le renforcement continu du saillant par les Russes, dans des proportions telles qu’elles n’échappent pas aux Allemands, manque même de faire abandonner l’opération. Bref, un gros travail de recherche historique (TÖPPEL repart littéralement de zéro) pour montrer à quel point cette offensive d’été était une sorte de nœud gordien pour HITLER qui finira par suivre l’avis de ses généraux. La planification russe y trouve également sa place avec la première véritable tentative d’application de la doctrine de l’art opératif développée dans les années ’30.
Les opérations tiennent en 100 pages (le livre en fait 260). C’est relativement condensé dès lors que TÖPPEL relate la bataille dans son ensemble (contre-attaques soviétiques vers Orel et Kharkov comprises). Après les opérations préliminaires et contre-préparations soviétiques, l’auteur nous relate une analyse quotidienne à l’échelle corps d’armée, tour à tour aux
9.Armee et
Armee-Abteilung Kempf, détaille la bataille de chars de Prokhorovka puis l’arrêt de
Zitadelle (dont les causes sont bien détaillées) et enfin les contre-attaques russes vers Orel et Kharkov. On est loin d'une narration superdétaillée qui peut rapidement noyer le lecteur qui n’a pas déjà une connaissance précise. Le niveau « corps » permet de suivre aisément sur les quelques cartes proposées dans le livre ou que l’on peut glaner à d’autres sources.
L’auteur conclut par un chapitre sur le bilan et surtout les pertes (25 pages) qui mériteraient un ouvrage à elles seules après 65 ans de littérature sur le sujet, pertes qui introduisent naturellement le dernier chapitre d’une quinzaine de page sur «
le mythe Koursk ». Les mémoires des généraux allemands et «
la mystique officielle soviétique » en prennent pour leurs grades passées à la critique de l’historien.
En conclusion, TÖPPEL nous offre bien un nouveau point de vue. Celui d’un ex-Allemand de l’Est d’une quarantaine d’années (si j’ai bien compté !) nourri au mythe soviétique de la bataille de Koursk. Sujet de sa thèse de doctorat.
Un petit+ non négligeable : en annexe, une chronologie des 8 premiers mois de l’année 1943 sur le front de l’Est est ailleurs remet bien en perspective le contexte de la bataille.