Cat a écrit:Ce documentaire était très intéressant, autant par le fait qu'il est très bien expliqué, mais aussi on découvre bien les moyens dont ils disposaient.
Honnêtement, c'est le point faible du reportage. On a tendance à y grossir le trait à propos des moyens militaires terrestres des troupes nationalistes... Ouh, les vilains fachos surarmés! A l'inverse, ceux qui existaient chez les républicains sont quasiment "escamotés". La légende des héroïques espadrilles face aux méchantes bottes a la vie dure.
A un moment, le narrateur souligne (tristement) le manque patent de fusils-mitrailleurs dans les Brigades Internationales, sauf que, une ou deux minutes plus tard, on les voient en train de trimbaler une bonne vieille mitrailleuse Hotchkiss Modèle 14, avec son trépied, matériel, alors, en service dans l'armée française, et, un peu plus loin, un FM qui ressemble, furieusement, à notre 24/29 ou à une arme équivalente, alimentée par boitier chargeur droit au-dessus de la culasse ... un ZB 26 tchèque? En plus, le FM, hormis en France, GB, Tchécoslovaquie et USA (Bren), n'était pas une arme aussi courante que çà... les allemands n'en avaient pas, les italiens avaient, eux, déjà, suffisamment, de problèmes avec leurs mitrailleuses "merdiques"
, et les russes, non plus - par contre, on voit, souvent, dans le reportage des Maxims Modèle 1910, avec leur bouclier caractéristique -.
Dans un même esprit, on nous y rebat, régulièrement, les oreilles avec les "chars" nationalistes, sauf que, de mémoire, les Allemands n'avaient pas livrés plus 92 Panzer I Ausf.A/B ( 2 MG de 7,92), dont quatre Befehlswagen, sur toute la durée du conflit - dont trente-deux , dès l'engagement des "conseillers " allemands, en 1936 -, que les italiens alignaient leurs trottinettes CV 33 - 2 Fiat 8 mm ou une Breda de 13,2 mm, selon le modèle -, alors que les Républicains, eux, avaient perçu des T-26 soviétiques, armés d'un canon de 45 mm, le seul véhicule, alors, sur le terrain, digne de la désignation de "char"... et, quand il était bien manœuvré, avait très sérieusement enquiquiné ses adversaires.
Les troupes marocaines, les
Regulares, qui avaient constitué le gros des forces nationalistes, lors du début des opérations, en 1936, étaient dans un état lamentable, mal armées, mal équipées - c'était, déjà, le cas, durant la Guerre du Rif, 10 ans plus tôt, et çà ne s'était pas arrangé, l'espagnol continental s'en méfiant comme de la peste !-. La réputation de la
Bandera (la légion étrangère espagnole, créée en 1920!), même si Julien Duvivier et Jean Gabin l'avaient immortalisée dans un film de 1935 - Ah, l'exotisme africain! - était très surfaite, sa valeur militaire réelle n'arrivait pas aux chevilles de notre Légion Étrangère et la troupe était priée, en gros, de ne pas mettre les pieds en Espagne ! Quant à l'état-major espagnol marocain, il était d'une incompétence crasse notoire et passait l'essentiel de son temps à se faire des croche-pieds, voire pire, pour l'obtention d'un galon ou, surtout, d' une étoile supplémentaire. Si , nous, les français, nous ne leur avions pas filé un très sérieux coup de main logistique & militaire , en 1925 - vu que leur incompétence menaçait sérieusement notre protectorat marocain - ils se seraient fait laminer au "Maroc Espagnol", par la rébellion rifaine.
La Seconde République espagnole était installée depuis avril 1931, suite à la démission de Primo de Rivera, accédé aux affaires, après le pronunciamiento de septembre 1923, et le départ d'Alphonse XIII. Donc, en 1936, le gouvernement légal avait "4 ans d'âge", sauf que ses dirigeants n'avaient cessé d'empiler couennerie sur couennerie, s'étaient appuyé sur la seule population urbaine, en oubliant les campagnes, pour, au final, se faire déborder par les anarchistes et les communistes! ... Au point que, même, le Front Populaire, en France, majoritairement, socialiste "modéré" se méfiait de ses encombrants "camarades" espagnols et, surtout, des conséquences néfastes de leur gouvernance, qui pouvaient, vite, se propager chez leurs "voisins".
Pierre Cot, Ministre de l'Air entre 1933 à 1938, - celui-là, même, qui filera un coup de main à Malraux, pour l'aider à constituer la force aérienne des Brigadistes - était sérieusement embringué dans des amitiés soviétiques assez compromettantes, même, si Wiki, par exemple, se garde bien de les évoquer! Cela dit, le parcours d'André Malraux est, lui, aussi erratique et assez emblématique de la confusion de l'époque.
Le documentaire, diffusée, hier soir, donne l'impression que toute la gentry parisienne du Café de Flore s'était donnée rendez-vous à Madrid et Barcelone... et ce n'est pas qu'une impression! Il était, semble-t-il, de bon ton, d'être "pro-républicain". Ernest Hemingway - Dieu sait que j'en ai bouffé du Hemingway -en traduction française -, au lycée, à l'instigation de mes profs de lettres! - qui cantinait, régulièrement, dans le meilleur hôtel 4 étoiles de Madrid et n'hésitait pas se faire photographier, par Robert Capa, faisant (semblant de faire) "le coup de feu" (pour la postérité!) - , qui fera sa notoriété et sa fortune en romançant la Guerre d'Espagne, Malraux - même motif, même punition! - , Saint-Ex - pilote médiocre mais à la verve "réputée -, etc. .. Ils y étaient, tous, plus ou moins longtemps! Ah, les belles causes "humanistes"! C'est beau, çà avait fait pleurer dans les chaumières et, au passage, rapporté du pognon à certains ! N’empêche que le "petit" peuple espagnol en avait pris plein la tronche et nous, en 1939, la Seconde Guerre Mondiale ! Ernest ne remettra pas les pieds, en France, avant l'automne 1944, dans les traces de godasses des GI ; Malraux ne rejoindra la Résistance qu'au printemps 1944, etc.