Post Numéro: 26 de François Delpla 27 Mar 2014, 05:42
Hitler veille personnellement à la mise au point de la feuille de route, autrement dit de la convention d’armistice. Ce traité, à la fois, préserve des apparences de souveraineté, et donc un peu de prestige, pour le « vainqueur de Verdun », et permet à l’Allemagne, notamment par l’intermédiaire de la commission d’armistice qui siège à Wiesbaden, d’orienter les choix de Vichy, jour après jour et dans le détail. Formée essentiellement de militaires, cette commission prend ses ordres auprès du maréchal Keitel, un familier du Führer qui se réclame souvent de ses avis.
Les décisions vichyssoises de l’été 1940 sont trop souvent présentées (et plus encore après la parution de la France de Vichy de Paxton -1973) comme des initiatives françaises : par exemple, la création début août de la cour de Riom pour juger les dirigeants de la Troisième République en général, et du Front populaire en particulier. Or elle n’est nullement réclamée par des Français (sinon les plus inféodés, déjà, à l’Allemagne, comme Gaston Bergery) mais suit de bien près la première rencontre Abetz-Laval, le 19 juillet.
Ce qui complique le problème et favorise une histoire positiviste, mettant bout à bout les documents qui surnagent sans les mettre en perspective, c'est que les deux parties avaient intérêt à ne pas faire de battage autour des pressions allemandes.
Pour commencer, il faut voir Hitler comme le dessinateur en chef de la ligne de démarcation, par les impulsions données à ses armées essentiellement, par les ajustements de Rethondes accessoirement.
Autre chose : le rôle protecteur de la ligne doit être, dans nos présentations, équilibré par sa fonction d'attraction sur les colonies. C'est bien parce qu'il y a une zone dite libre que celles-ci ne tombent pas tout de suite dans l'orbite anglo-gaulliste, et que leurs marchandises déferlent jusqu'à Berlin.