Post Numéro: 4
de norodom
15 Mar 2012, 18:05
Bonsoir,
J'ai tenu à visionner ce documentaire parce que les commentaires sur sa présentation m'ont heurté... je cite: "Les Français ont massivement dénoncé sous l'Occupation. Des centaines de milliers de lettres, le plus souvent anonymes, sont parvenues aux services répressifs allemands et français".
Voilà qui aux yeux des non initiés peut faire apparaître le peuple de France de l'époque, comme étant converti à la collaboration.
Bien heureusement le contenu du film dévoile différents aspects de ce que furent les motifs de délation... pas tous, loin s'en faut !
L'accent a été mis en excès sur les dénonciations à l'encontre des juifs et par exemple, la relation entre les dénonciations qui ont réellement existé et la rafle du Vel'd'Hiv ne s'imposait pas.
La grande majorité des juifs qui y ont été conduits étaient des personnes recensées, pas dénoncées.
Les cas de dénonciation des juifs, par lettre, n'étaient pas majoritaires eu égard à l'ensemble des dénonciations de toutes sortes, qu'elles soient anonymes ou pas.
J'écris celà parce que j'ai eu connaissance en 1949 de détails précis sur des opérations de dépistage des délateurs, effectuées par des personnels des services de tri, particulièrement à l'intérieur des wagons postaux. A la poste centrale de Toulouse où j'étais employé en 1942 en qualité de télégraphiste, les lettres adressées à la police française et à partir de 1943 à la police allemande étaient soigneusement scrutées. Lorsque c'était possible et qu'il s'agissait de risques d'arrestation, tout un dispositif d'alerte des personnes visées était mis en place.
Il y aurait beaucoup à écrire sur la délation lors de cette époque sombre de notre histoire, mais chacun trouvera l'essentiel que ce soit au cours du film ou du débat qui l'a suivi.
J'ajoute cependant que toutes les victimes, n'ont pas fait l'objet de dénonciations mais bien souvent ont été les victimes d'imprudences, soit de leur part, soit de la part de personnes qui bien malgré elles ont laissé filtrer des renseignements mis à profit par d'autres à l'affût.
Cela a été le cas en particulier lorsque des ruraux parfois excédés par les exigences matérielles de tel ou tel Maquis, ont eu "la langue trop longue"
Et puis la délation n'a pas été à sens unique... nombre de collaborateurs ou supposés tels ont été désignés à l'attention des maquisards qui dans la majorité des cas ne se sont pas embarrassés de fioritures... Là comme dans l'autre cas de figure, les règlements de comptes ont fait légion...
Je m'abstiens de commenter la période de l'épuration sauvage où là encore la délation a fait d'énormes dégats!
Je conclus sur l'idée avancée que certains délateurs pouvaient ignorer le sort qui attendait leurs victimes... il n'en reste pas moins qu'un acte de délation est effectué dans l'intention évidente de nuire et ne doit pas donner lieu à des circonstances atténuantes.
Cordialement,
Roger