Posté: 09 Juil 2007, 17:06
[hide]Le pari de Lénine répond à un contexte. Il a promis au peuple russe épuisé la fin de la guerre étrangère. Il a besoin de la paix avec Berlin pour mieux écraser les oppositions à son projet totalitaire. Il n'a enfin pas les moyens de s'opposer à une invasion allemande, même menée par des Truppen fort réduites. Bref, il y a urgence, que vient justifier sa propre théorie révolutionnaire : à quoi bon continuer une guerre avec l'Allemagne sachant qu'il suffira de la vaincre, en temps et en heure, par une Révolution intérieure ?
La situation n'est pas transposable à notre histoire alternative de 1941. Tous les efforts imposés aux Soviétiques (pour ainsi dire réduits en esclavage par les plans quinquennaux) sont justifiés par l'édification d'un paradis socialiste défendu par une formidable puissance idéologique et surtout militaire. La militarisation de la société est un fait acquis. Staline signe certes le pacte germano-soviétique, qui lui vaut une crise mémorable parmi les appareils communistes de la planète, mais peut s'en d'autant plus s'en vanter qu'il joue au faiseur de paix qui ajoute à l'empire une poignée de territoires : bref, un genre de Hitler annexionniste mais pacifiste de l'époque 1936-1939. Va-t-il pour autant céder des territoires soviétiques sans se battre ? L'Ukraine fait partie de l'URSS, et même, si je puis dire, de la nation soviétique. La famine de 1933 a accéléré la soviétisation de cette région. Si Staline devait abandonner ce vaste territoire, il perdrait toute considération auprès de son peuple, qui ne pourrait que constater le caractère frauduleux des purges sanguinaires : à quoi bon arrêter, déporter, fusiller, si c'est pour capituler sans se battre à la première menace allemande ?
Staline n'a pas le choix. Sous peine de perdre toute légitimité, il ne peut raisonnablement donner l'Ukraine - et les Etats baltes, et la Biélorussie, et la Crimée, et le Caucase, autres objectifs hitlériens. Ce serait l'aveu d'un échec. Le réarmement de l'URSS aurait perdu tout intérêt. Les sacrifices consentis auraient été inutiles.
Dans la réalité, Staline a certes envisagé un tel Brest-Litowsk, mais en plein été 1941, alors qu'il a tout lieu de croire que la guerre va être perdue. Mais cette offre de paix, qui transitera par la Bulgarie, sera rejetée par Hitler.
Non, soyons sérieux : une guerre à l'Est était inévitable. Et le plus tôt possible, pour profiter de l'affaiblissement militaire soviétique consécutif aux purges et aux déboires finlandais. Une autre preuve de ce que j'avance réside dans les efforts désespérés de Hitler de conclure la paix avec la Grande-Bretagne entre le 22 juin 1940 et la mission Hess de mai 1941, en passant par la tentative d'anéantissement de la R.A.F., puis le bombardement des villes, de même que la tournée méditerranéenne de l'automne 1940 (pseudo-alliances avec Franco, Pétain, Mussolini), la signature du pacte tripartite, les contacts pris avec le Duc de Windsor, l'écrasement de la Yougoslavie et de la Grèce, le soutien apporté à Rachid Ali en Irak, les pourparlers avec le Japon pour que ce dernier attaque immédiatement Singapour, etc. Une telle campagne a cohabité avec la préparation de Barbarossa : c'est la preuve ultime et décisive que Hitler comptait éliminer l'Union soviétique dès 1941, et d'un coup, malgré une paix conclue entre-temps avec Londres.[/hide]
La situation n'est pas transposable à notre histoire alternative de 1941. Tous les efforts imposés aux Soviétiques (pour ainsi dire réduits en esclavage par les plans quinquennaux) sont justifiés par l'édification d'un paradis socialiste défendu par une formidable puissance idéologique et surtout militaire. La militarisation de la société est un fait acquis. Staline signe certes le pacte germano-soviétique, qui lui vaut une crise mémorable parmi les appareils communistes de la planète, mais peut s'en d'autant plus s'en vanter qu'il joue au faiseur de paix qui ajoute à l'empire une poignée de territoires : bref, un genre de Hitler annexionniste mais pacifiste de l'époque 1936-1939. Va-t-il pour autant céder des territoires soviétiques sans se battre ? L'Ukraine fait partie de l'URSS, et même, si je puis dire, de la nation soviétique. La famine de 1933 a accéléré la soviétisation de cette région. Si Staline devait abandonner ce vaste territoire, il perdrait toute considération auprès de son peuple, qui ne pourrait que constater le caractère frauduleux des purges sanguinaires : à quoi bon arrêter, déporter, fusiller, si c'est pour capituler sans se battre à la première menace allemande ?
Staline n'a pas le choix. Sous peine de perdre toute légitimité, il ne peut raisonnablement donner l'Ukraine - et les Etats baltes, et la Biélorussie, et la Crimée, et le Caucase, autres objectifs hitlériens. Ce serait l'aveu d'un échec. Le réarmement de l'URSS aurait perdu tout intérêt. Les sacrifices consentis auraient été inutiles.
Dans la réalité, Staline a certes envisagé un tel Brest-Litowsk, mais en plein été 1941, alors qu'il a tout lieu de croire que la guerre va être perdue. Mais cette offre de paix, qui transitera par la Bulgarie, sera rejetée par Hitler.
Non, soyons sérieux : une guerre à l'Est était inévitable. Et le plus tôt possible, pour profiter de l'affaiblissement militaire soviétique consécutif aux purges et aux déboires finlandais. Une autre preuve de ce que j'avance réside dans les efforts désespérés de Hitler de conclure la paix avec la Grande-Bretagne entre le 22 juin 1940 et la mission Hess de mai 1941, en passant par la tentative d'anéantissement de la R.A.F., puis le bombardement des villes, de même que la tournée méditerranéenne de l'automne 1940 (pseudo-alliances avec Franco, Pétain, Mussolini), la signature du pacte tripartite, les contacts pris avec le Duc de Windsor, l'écrasement de la Yougoslavie et de la Grèce, le soutien apporté à Rachid Ali en Irak, les pourparlers avec le Japon pour que ce dernier attaque immédiatement Singapour, etc. Une telle campagne a cohabité avec la préparation de Barbarossa : c'est la preuve ultime et décisive que Hitler comptait éliminer l'Union soviétique dès 1941, et d'un coup, malgré une paix conclue entre-temps avec Londres.[/hide]