Clem*** a écrit:Même si Himmler par exemple est quand même celui qui a préconisé la Solution Finale...
Non. Himmler se serait contenté d'un Apartheid antisémite, voire d'une concentration des Juifs d'Europe à Madagascar ou en Pologne. En mai 1940, il considérait
"la méthode bolchevique de l'élimination physique d'un peuple comme contraire à la germanité et impossible". Il semble que Hitler ait laissé entendre, à cette époque, que les Juifs devaient être expédiés en Afrique, car le
Reichsführer SS proposera cette solution, de même que le Ministère allemand des Affaires étrangères et, pour finir, Reinhard Heydrich, lequel a, de toute évidence, cherché à s'aligner sur ce qu'il croyait être la pensée intime de Hitler, matérialisée par Himmler :
Les juifs sont nos ennemis vu notre conception de la race. Nous devons les éliminer. Une extermination biologique serait cependant indigne de l'Allemagne comme nation de haute culture. Après la victoire, nous demanderons par conséquent aux puissances ennemies de faire servir leur flotte à l'envoi des juifs et de leurs effets à Madagascar.
Un homme comme Himmler, à la fois impitoyable et féroce dans l'exécution, et absolument trouillard face au
Führer, voire totalement ridicule dans sa foi néo-païenne, n'aurait jamais, de son propre chef, pris l'initiative de proposer une extermination. Il n'avait pas le cerveau taillé pour. En août 1941, il a manqué de tomber dans les pommes en assistant à une exécution de Juifs par les
Einsatzgruppen. Ses discours de Posen, et notamment celui du 4 octobre 1943, témoignent également d'un certain malaise devant la difficulté "morale" de la mission à accomplir :
Je me réfère à présent à l'évacuation des juifs, à l'extermination du peuple juif. C'est une des choses qu'il est aisé d'exprimer : "Le peuple juif est en train d'être exterminé," déclare chaque membre du Parti, "Effectivement, c'est une partie de nos plans, l'élimination des juifs, l'extermination, nous l'accomplissons... peuh! Une bricole! Et puis ils viennent, 80 millions de braves Allemands, et chacun a son « bon » Juif. Evidemment, les autres, ce sont des porcs, mais celui-là, c'est un Juif de première qualité. Pas un d'eux n'a vu [les cadavres], pas un n'était sur place. La plupart d'entre vous savent ce que c'est que de voir un monceau de cent cadavres, ou de cinq cents, ou de mille. Etre passés par là, et en même temps, sous réserve des exceptions dues à la faiblesse humaine, être restés corrects, voilà ce qui nous a endurcis. C'est là une page de gloire de notre histoire, une page qui n'a pas été écrite et qui ne le sera jamais.
Non, Himmler n'avait ni la volonté, ni le cran de franchir le pas. C'était un exécutant, aussi brillant et imaginatif dans l'exécution que dépourvu du moindre "talent visionnaire". Comme ailleurs, c'est Hitler qui a conçu l'opéra et dirigé la mise en scène - puisque ce dernier se revendiquait artiste, autant voir sa stratégie comme un art pervers.