Voilà un film incontournable .
Plus qu'une fiction majeure du cinéma Français , Le Vieux Fusil marque le début d'une nouvelle ère de films sur la Seconde Guerre Mondiale . Sorti a une époque où les premiers travaux sur le sombre rôle de Vichy et des collaborateurs sous l'occupation commencent à paraitre
( La traduction en 1973 de l'ouvrage La France de Vichy de Robert Paxton marque une rupture souvent considérée comme décisive dans l'historiographie de la France sous le joug Hitlérien . ) le film de Robert Enrico met le doigt où ça fait mal dès les premières minutes du film à savoir :
La Milice Française organisation paramilitaire aux idéaux proches des nazis .
Le Spectateur n'a aucun répit , nous sommes directement plongés dans l'ambiance de plomb qui régnait dans le Limousin au printemps 1944 .
Le Vieux Fusil est librement inspiré d'un fait historique réel :
Le 10 Juin 1944 , à Oradour sur Glane en Haute Vienne , des troupes SS de la division Das Reich massacrent 642 personnes et incendient le village .
( http://memoiredoradour.site.voila.fr )
Des bruits sporadiques de partisans à la pression constante de l'occupant sur les civils l'immersion est totale .
Si les premières minutes du film suivent une ligne directive des plus classiques ( Introduction des personnages ) tout bascule dès le climax de l'intrigue et tout s'enchaine très vite .
Ce qui n'était qu'un film sur l'occupation se transforme en un jeu du chat et de la souris extrèmement sulfureux .
Le Vieux Fusil est un film qui fait mal et ce mal ne vient pas tant des effusions de sangs que des moments où le spectateur est confronté à l'Histoire et si nous sommes à certains moments tentés de détourner le regard , l'ambiance sonore nous rappelle à l'ordre , qu'il s'agisse d'un lance flamme crépitant où d'un glaçant silence qui ne laisse place qu'aux sons des tsf encore allumées témoins directs du massacre .
La deuxième partie du film est construite sous forme de puzzle temporaire jonglant entre les moments de présent historique et flashs backs .
Ce puzzle à l'ordre chronologique volontairement inversé accentue non seulement le dramatique de l'intrigue mais permet de comprendre peu à peu la détresse psychologique de Julien pour parvenir à un final qui ne laissera personne de marbre et qui peut être une allusion évidente à certaines familles de victimes d'Oradour sur Glane et de biens d'autres villages martyrs :
Le déni de la mort .
Ce final plus que bouleversant laisse entrevoir un message subliminal .
A la fin du film , une Jeep américaine arrive sur les lieux , Julien secouru , porte une veste de l'armée Américaine datant de....1965 ! De là à penser qu'il s'agissait pour Robert Enrico de faire allusion à certains massacres commis par l'Armée Américaine à l'encontre de la population vietnamiennes il n'y a qu'un pas .
Si Le Vieux Fusil est un film on ne peut plus dramatique , il est également une belle réflexion sur une des choses essentielles à ce monde : L'Amour triomphe toujours .