Post Numéro: 10 de Loïc 27 Jan 2020, 16:14
J'avais déjà vu ce film il y'a trés longtemps et ce fut l'occasion de le revoir
de grands acteurs, Jean-Pierre Marielle impeccable commandant du 154e Réserve Régional (sic! non perdu c'est 154e RR pour Régiment Régional successeur des Régiments Territoriaux de 14-18) d'autres grands noms (Noiret, Berléand, Holgado, brièvement la sublime Kristin Scott Thomas la seule capable de nous réconcilier avec l'Angleterre)...
mais alors petit film...petit, petit, je comprends pourquoi il ne m'avait pas laissé de souvenirs impérissables
l'Armée Française de 1940, la défaite, un camp de réfugiés, evidemment le milieu bien-pensant du cinéma hexagonal trouve là ses ingrédients idéaux matière à son anti-militarisme anti-franchouillard bien connus
au bout de 5 mm on passe déjà à juin 1940...un instant, rappel, on a interné les allemands en septembre 1939 comme ressortissants d'une puissance ennemie, mesures pratiquées dans de nombreux pays jusqu'en Amérique Centrale et même pendant les deux guerres (cherchez dans votre Région vous en trouverez aussi en 1914-1918)
l'ironie à peine évoquée dans le film c'est que les ressortissants allemands ont été libérés quelques semaines ou mois plus tard...avant que vers mai 1940 les autorités s'aperçoivent sur fond de cinquième colonne omniprésente dans les esprits qu'il serait éventuellement pertinent de les surveiller et réinterner vu que leurs compatriotes à panzers n'avaient visiblement pas l'intention de rester chez eux
un aspect assez bien vu, sur fond de la sortie de Dreyfus par Polanski qui caricature à souhait la France comme si c'était la Pologne ou l'Allemagne d'aprés ce que j'ai lu, c'est que le film montre bien que les militaires Français ne semblent pas animés de mobiles antisémites ni vraiment distinguer ou bien évaluer le sort particulier des juifs allemands, ils voient en tous des simples boches et rien de plus que l'ennemi, ce qui aura des conséquences tragiques pour certains d'entre-eux qui sont des éxilés politiques (c'est le fond du film) la fameuse phrase de Einstein sur la différence entre Français et Allemands n'est pas démentie
on reste quand même un peu perdu dans la chronologie, le discours de Pétain vient à un moment mais sans plus...et surtout la dimension paroxystique du chaos de juin 1940 qui est une clef essentielle n'est pas du tout rendu ou si mal et tout au plus dans les dernières minutes vers Bayonne,
on est en Provence où tout a l'air paisible, l'Exode de millions de gens et la retraite de l'Armée Française qui drainent des millions de déplacés jusque dans le Midi...ben non c'est plus belle la vie quoi
sans doute la faiblesse des moyens (pour l'anecdote je crois bien que les soldats qui minent le pont sont même vêtus d'uniformes de l'Armée Belge - pattes de collet rouges au n°16 et une proportion incroyable de soldats-figurants vêtus on ne sait pourquoi comme dans l'Armée d'Afrique jusqu'au sein du 154e RR pourtant rien d'autre qu'une unité de réservistes "Territoriaux" Ardéchois)
et puis alors la scéne à l'Etat-Major (de la 15e Région Militaire je suppose) grand moment d'antimilitarisme benêt, les allemands sont dans le couloir Rhodanien, les Italiens ont déclaré la guerre et attaquent à l'est, ce qui passe pratiquement inaperçu dans le film alors qu'on est en Provence rappelons-le encore, mais le film campe un aéropage de dilettantes hors du monde comme si de rien n'était...
par moment on croit voir des accents de la 7e compagnie
Perplexes Salutations
Loïc
A Moi Auvergne