romualdtaillon a écrit:Oui, Hiro Hito tenait mordicus à la prise de Nanking comme plus tard à celle de Chungking et c'est certain que le sac de la capitale était destiné à impressionner Chang.
En ce cas, une question me vient. Tokyo veut massacrer Nankin pour contraindre Tchang Kaï-chek à se rendre. En 1945, Washington rase Hiroshima et Nagasaki pour pousser Tokyo à signer. Même sans faire abstraction 1) du contexte très violent, très raciste aussi, de la Guerre du Pacifique, 2) du parcours criminel de l'armée du Soleil levant et de ses répercussions aux USA, et 3) sans vouloir aucunement réhabiliter les négagas nippons, ne peut-on pas dire, en l'occurrence, que l'objectif, pour les uns comme pour les autres, était le même ?
A toutes fins utiles, histoire d'éviter tout malentendu : non, je ne cherche pas à relativiser les atrocités nippones ; non, à la différence de Nankin, Hiroshima ne s'inscrit pas dans le cadre d'une guerre d'agression menée par les Etats-Unis ; et non, Truman n'était pas une pourriture de la trempe des criminels de guerre japonais jugés et non jugés (à la manière d'André Kaspi, je le considère comme l'un des plus grands POTUS). Mais au final, la stratégie n'est-elle pas la même, à savoir susciter la peur d'une Apocalypse par la commission d'un massacre ?
Je ne me porterai certainement pas à la défense de cet isopode de Hiro Hito, mais toutes ces nominations ne prouvent pas qu'il ait personnellement ordonné le massacre de Nanking. Suivant votre raisonnement, s'il voulait s'assurer du massacre des populations civiles, l'empereur aurait dû confier la responsabilité de l'armée du Kwantung ou de la Chine ou encore l'exécution de l'opération tue tout, vole tout, brûle tout (sankô sakusen) à un membre de sa famille.
De plus, compte tenu de l'aversion ouverte que lui portait certains de ses proches, notamment ses frères, je ne crois pas que le fait de placer des individus de sa famille eut été une garantie pour Hiro Hito de voir ses ordres srupuleusement exécutés. Asaka était bien plus près de Chichibu que de Hiro Hito.
Le massacre de Nanking constitue plutôt à mon avis une initiative personnelle et improvisée d'Asaka, qui s'entendait comne larron en foire avec ses vieux compagnons Nakajima et Yanagawa avec qui il avait visité Paris quelques années auparavant. Cette initiative a toutefois été encouragée par la décision prise par Hiro Hito en août 1937 de suspendre l'application des lois internationales pour la protection des prisonniers de guerre et des civils.
Remarques pertinentes. Cela dit, le massacre ne s'est pas tenu sur une journée, mais sur plusieurs semaines - preuve que Hiro Hito n'a rien fait pour l'empêcher. Or, une telle action relève, malgré la Première Guerre Mondiale, de l'inédit au XXe siècle. Toute une capitale sera passée au fil de l'épée, comme du temps de Genghis Khan et ce, sous les yeux de la presse mondiale, car l'endroit regorge de consulats et autres établissements occidentaux. De toute évidence, les motivations sont bel et bien politiques, puisqu'il s'agit de terroriser le camp d'en face.
Dans ces conditions, comment un événement d'une telle importance, aux implications psychologiques, diplomatiques, militaires si lourdes n'a-t-il pas pu résulter d'un ordre de l'Empereur lui-même ?