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Midway, les causes d'un échec !

Moins connue que les batailles du front Européen, la guerre du Pacifique n'en reste pas moins tout autant meurtrière et décisive dans la fin de la seconde guerre mondiale.
MODERATEUR ; alfa1965

Midway, les causes d'un échec !

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 28 Nov 2005, 07:31

Le titre peut porter à confusion, mais il s'agit de la bataille selon une vision japonaise:
Midway fut une “victoire du service de renseignements”, a écrit Sammuel E. Morison, le distingué historien américain de la guerre navale. Nous partageons entièrement cette opinion. Indiscutablement, la découverte du plan japonais, assez longtemps avant sa mise à exécution, fut la cause principale de la défaite nippone. Mais ce succès des services de renseignements américains implique une faute de notre part: nous eussions dû mieux protéger le secret de nos intentions.

Mais à ce succès américain correspond une carence de nos propres services de renseignements qui ne tirèrent aucune conclusion de l’augmentation du volume des communications radiotélégraphiques constatée dans le secteur des îles Hawaï aux environs du 30 mai et qui n’en avertirent même pas le vice-amiral Nagumo.

Mais le plan lui-même péchait dans sa conception. La répartition des forces navales en constitue l’erreur la plus flagrante. Au lieu de masser ses forces pour rassembler la plus puissante armée navale jamais vue jusque-là, l’état-major les émietta en petits groupes vulnérables. Le manque de concentration constitue toujours une faiblesse, sur terre, sur mer ou dans les airs. À Midway, il facilita la destruction de l’escadre Nagumo, les autres groupes se trouvant trop loin pour intervenir, et, une fois cet escadre détruite, la faiblesse causée par la dispersion fut irrémédiable. Quant aux Américains, concentrés dès le départ, ils le restèrent, réalisant ainsi la puissance maximum, aussi bien défensive qu’offensive.

Les dispositions prises pour la reconnaissance préalable furent également défectueuses. À cause de ces défauts fondamentaux du plan, notre commandement se trouva désavantagé dès le début, mais il est permis de penser que, sans les fautes tactiques commises dans l’exécution, les résultats n’eussent tout de même pas été aussi lamentables. D’après un dicton, les batailles sont une succession d’erreurs faites dans les deux camps, la victoire allant à celui qui en commet le moins. À Midway, il n’y a même pas à discuter pour savoir qui se rendit coupable du plus grand nombre d’erreurs. Une étude des opérations donne même à conclure que toutes furent commises par le camp japonais.

Contrairement à nous, les États-Unis surent profiter de l’amère leçon apprise au cours des premiers mois pour adapter leurs forces, présentes ou à venir, au nouveau caractère de la guerre. On le voit, en particulier, dans l’emploi qu’ils firent des cuirassés. Ils ne les gardèrent pas oisifs, dans l’espoir nébuleux de livrer un jour une grande bataille à l’ancienne mode, mais les utilisèrent très habilement pour bombarder les îles où des débarquements devaient s’effectuer. Ceux qui ont survécu savent quelle besogne terrifiante ces cuirassés accomplirent alors. Ils servirent aussi à protéger les porte-avions, et leur extraordinaire volume de feu empêcha bien souvent nos avions d’approcher ceux-ci.

Dans le domaine technique, le Japon avait également, au début des hostilités, un retard qu’il ne put jamais combler. L’exemple le plus éclatant est le fait que nous ne possédions pas le radar. Deux jours avant l’appareillage pour Midway, on en installa sur deux cuirassés qui furent ainsi les premiers navires nippons à en recevoir. Les autorités navales en réclamaient depuis plusieurs mois pour les porte-avions, mais notre industrie électronique était si peu développée que ces deux premiers appareils furent seulement des modèles d’essai.

Depuis l’incident de Mandchourie jusqu’au début de décembre 1941, le Japon ne remporta que des victoires faciles sur des ennemis faibles, et ce fut avec quelque appréhension qu’il s’embarqua dans la guerre du Pacifique. Les grandes victoires qu’il moissonna au cours des premiers mois le stupéfièrent autant que les autres pays, et ses premières craintes se dissipèrent vite. La population civile aussi bien que les soldats ne tardèrent pas à concevoir un certain mépris pour l’adversaire. Il en naquit une attitude arrogante qui, au moment de Midway, imprégnait la pensée et les actes des officiers et des hommes dans les unités combattantes. Cet excès de confiance en soi a été très justement appelé la “maladie de la victoire”.

Tout s’était si bien déroulé jusque-là que nos stratèges navals semblent avoir conçu l’attaque sur Midway en tenant davantage compte de leur intuition que des moyens réels et tactiques de l’ennemi. Nous cherchions une bataille entre flottes et le plus sûr moyen de l’obtenir consistait à attaquer sa position la plus vitale. S’il refusait de sortir pour défendre Midway, eh bien ! tant pis ! nous occuperions cette île comme poste avancé ainsi que les bases des Aléoutiennes. Nous élargirions ainsi notre périmètre défensif et pourrions ensuite agir le long de la chaîne des Hawaï, chaque avance servant de tremplin à la suivante. L’ennemi serait bien obligé d’accepter la bataille. C’était fermer les yeux sur le fait qu’il pouvait agir autrement que nous l’escomptions. Cette cécité n’était pas particulière à la flotte combinée. Au cours d’une conférence préliminaire, un des représentants de l’État-Major général déclara:
- La seule chose qui pourrait nous ennuyer dans cette opération, c’est que l’ennemi n’osât pas affronter notre flotte et refusât de sortir de ses bases.

Les jeunes officiers, voire les matelots, ne souffraient pas moins que les chefs de cette “maladie de la victoire”. Le 4 juin, la grande majorité provint non des explosions ou des éclats de bombes, mais des brûlures. Beaucoup de celles-ci eussent été évitées si les hommes avaient été convenablement habillés. Ils portaient des chemisettes à manches courtes et des shorts. Et pourquoi pas ? Il fait chaud sous les tropiques et, quand on n’a rien à craindre de l’ennemi, pourquoi s’empêtrer de lourds et encombrants vêtements ignifugés ? La même idée présida au remplacement des bombes par des torpilles. À quoi bon placer les bombes dans des endroits protégés ? Pourquoi ne pas les empiler tout simplement en abord ? Jamais l’ennemi ne touchera nos navires.

Nulle part cette arrogance ne prit une forme plus stupide qu’au cours des exercices sur la carte qui précédèrent l’opération. L’application des règles donnant neuf coups au but et deux portes-avions coulés, ces résultats furent arbitrairement réduits à trois coups au but et un porte-avions coulé et même celui-ci fut ultérieurement ressuscité. Le même arbitraire joua en ce qui concernait les pertes en avions.

En dernière analyse, c’est dans le caractère national japonais qu’il faut chercher la raison profonde non seulement de la défaite de Midway, mais de la perte de toute la guerre. Ce caractère a quelque chose d’irrationnel et d’impulsif qui rend les actions de notre peuple souvent imprévisibles et contradictoires. La tradition du provincialisme nous donne de l’étroitesse de vues et du dogmatisme, une répugnance à abandonner les préjugés, une lenteur à adopter même les changements les plus nécessaires s’ils réclament un nouveau mode de conception. Indécis, hésitants, nous succombons souvent à la vanité. Opportunistes, mais dépourvus d’audace et d’initiative, nous sommes enclins à placer notre confiance en d’autres et à trop nous courber devant les supérieurs. Notre manque de raison nous amène souvent à confondre le désir et la réalité. C’est seulement lorsque notre précipitation nous conduit à l’échec que nous nous mettons à raisonner logiquement, en général pour nous trouver des excuses. Bref, en tant que nation, nous manquons de maturité d’esprit et ne savons jamais quand il faut consentir des sacrifices et lesquels pour atteindre notre but principal.

Telles sont les faiblesses du caractère national japonais. Elles se reflétèrent dans la défaite de Midway, qui rend stériles les hauts faits et l’abnégation des hommes qui s’y battirent.


Voilà l’analyse du capitaine de vaisseau Fushida (sur l’Akagi) et du capitaine de frégate Okumiya (sur le Ryujo) sur les raisons de la défaite de Midway.

Source: Mémorial de la Seconde Guerre mondiale Tome 2 (De Pearl Harbor à Stalingrad) du Sélection du Reader’s Digest. L’extrait est un copyright 1959 M. Fuchida et M. Okumiya traduit de l’anglais et condensé du livre Midway, tournant de la guerre du Pacifique, publié par les Presses de la Cité.


 

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Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Chindit  Nouveau message 28 Nov 2005, 09:21

Merci beaucoup Audie pour ce texte très interessant.
2 choses m'intriguent:
Nulle part cette arrogance ne prit une forme plus stupide qu’au cours des exercices sur la carte qui précédèrent l’opération. L’application des règles donnant neuf coups au but et deux portes-avions coulés, ces résultats furent arbitrairement réduits à trois coups au but et un porte-avions coulé et même celui-ci fut ultérieurement ressuscité. Le même arbitraire joua en ce qui concernait les pertes en avions.


J'ai un peu de mal à comprendre ce passage. Ils ont fait un Kriegspiel comme un gamin de 4 ans et non comme des officiers responsables? C'est ça en gros?

l’étroitesse de vues et du dogmatisme, une répugnance à abandonner les préjugés, une lenteur à adopter même les changements les plus nécessaires s’ils réclament un nouveau mode de conception.


Curieux, étant donné la vitesse de modernisation du Japon, après le passage du commodore Perry.
C'est bizarre, j'ai l'impression que c'est à la fois vrai et faux.

Cordialement.


 

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Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de nad  Nouveau message 28 Nov 2005, 16:41

Cet article démontre en tout cas que certains ont su faire une autocritique sévère des evenements.



Par contre et j'ignorais celà est-ce vrai???
dans le domaine technique, le Japon avait également, au début des hostilités, un retard qu’il ne put jamais combler. L’exemple le plus éclatant est le fait que nous ne possédions pas le radar. Deux jours avant l’appareillage pour Midway, on en installa sur deux cuirassés qui furent ainsi les premiers navires nippons à en recevoir. Les autorités navales en réclamaient depuis plusieurs mois pour les porte-avions, mais notre industrie électronique était si peu développée que ces deux premiers appareils furent seulement des modèles d’essai.


Si c'est vrai, on comprend pourquoi Midway et plus généralement la guerre furent un echec pour eux.


 

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Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 28 Nov 2005, 20:28

La vision que nous avons aujourd'hui du Japon nous laisse incrédule sur le fait qu'ils puissent avoir eu un retard technologique sur les USA. C'est sans compter sur le désir des Japonais de toujours s'élever à un niveau supérieur. Avec les années, le Japon a évolué de façon incroyable, à commencer par sa mentalité, et est devenu ce qu'il est de nos jours. On peut dire que les Japonais ont fini par apprendre de leurs erreurs !

Et Chindit, l'ère de l'informatique ne s'étant pas pointé le nez en 42, aussi incroyable que cela puisse paraître, les Japonais avaient bel et bien fait des simulations sur cartes !


 

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Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de Shiro  Nouveau message 29 Nov 2005, 12:48

Chindit a écrit:Curieux, étant donné la vitesse de modernisation du Japon, après le passage du commodore Perry.C'est bizarre, j'ai l'impression que c'est à la fois vrai et faux.


La technologie oui, mais la mentalite ne peut evoluer si vite.

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Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de EPICURE  Nouveau message 29 Nov 2005, 14:51

Le Japon a été un état féodal dans les faits jusqu'au milieu du XIX°siècle, et a adopté des institutions au caractère démocratique mais dans une société qui est restée profodément marquée par la féodalité et le système des castes (on en voit encore des indices aujourd'hui !). Il a importé des technologies anglaises surtout et a formé son armée à la Prussienne en conservant l'indéfectible obéissance des guerriers à l'empereur, d'où l'esprit de sacrifice qui a beaucoup marqué et choqué les Américains. Egalement, l'obéissance stricte aux supérieurs hiérarchiques a certainement paralysé des initiatives, et provoqué sans doute des actions absurdes, sans compter une méconnaissance globale et profonde du monde hors du Japon, d'où cette arrogance et ce complexe de supériorité à l'égard des autres peuples (les Chinois entre autres !). D'ailleurs, il est intéressant que l'armée japonaise dispose de matériels modernes (aviation, marine) et quasi archaïques (fusil à verrou, peu de PM, pas de chars comprables aux modèles européens ou américains, artillerie ancienne, sous-motorisation ; les spécialistes pourront confirmer ou infirmer 8) ). La guerre a montré aussi la faiblesse du haut commandement en particulier sa rigidité (l'armée japonaise progresse peu techniquement et tactiquement). Si, au début du conflit, il y a eu une accumulation de victoires, les raisons sont assez faciles : les Britanniques étaient en guerre depuis deux ans, les Hollandais occupés par les Allemands tout comme les Français, l'armée américaine est peu préparée, sans compter l'effet de surprise, la planification des opérations combinées japonaises, et le fait que le Japon est en guerre depuis de nombreuses années en Chine. Dès que les Alliés ont pu se réorganiser, les succès japonais ont disparu et l'engrenage des victoires s'est arrêté avec en plus le considérable allongement des voies de communication (Birmanie, Salomons orientales, Midway ...). Les Alliés disposaient de plus en plus d'une supériorité technique, numérique et logistique tout en ayant récupéré l'initiative stratégique. Les Japonais ne firent plus que subir sans pouvoir reprendre le jeu en main (grave défaite à Imphal, contre-offensive stoppée dans les Mariannes ou à Leyte etc etc).


 

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Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 29 Nov 2005, 23:48

Assez d'accord avec toi EPICURE, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'une victoire japonaise à Midway aurait eu des conséquences absolument catastrophiques pour les Américains.


 

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Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Nimitz  Nouveau message 30 Nov 2005, 08:54

Audie Murphy a écrit:Assez d'accord avec toi EPICURE, mais je ne peux m'empêcher de penser qu'une victoire japonaise à Midway aurait eu des conséquences absolument catastrophiques pour les Américains.


Certes les conséquences auraient été désastreuses ... sur le plan moral.
Côté matériel, une fois la machine américaine en route, mieux vaut être de son côté que contre elle.
La guerre aurait duré plus longtemps mais l'issue était inéluctable.

La première défaite du Japon reste la Mer de Corail, bien trop sous-estimée et renvoyée au rang de match nul...

Les japonais y ont perdu (sans les perdre) 2 PA lourds qui devaient être engagés dans l'opération de Midway. L'erreur japonaise a été de na pas tenir compte de ce facteur et de poursuivre le plan initial de diversion sur les Aléoutiennes. Ce plan était jouable si l'on comptait dans l'escadre principale (force Nagumo) les 6 PA qui avaient participé au raid sur Pearl Harbor.

Avec "seulement" 4 PA, Nagumo n'a pas su (pas été en mesure) d'assurer le double objectif qui lui était assigné : Midway ET les PA américains.

Pour en revenir au texte, il reste fort intéressant pour le point de vue des japonais (Fuchida sait de quoi il parle).

Encore merci pour cette approche différente de ce tournant de la guerre du pacifique.
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Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de Audie Murphy  Nouveau message 30 Nov 2005, 23:17

Merci Nimitz d'apporter ces précisions. La bataille du Pacifique est trop souvent négligée lorsqu'il est question de WWII.


 

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Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de Grand Slam  Nouveau message 30 Nov 2005, 23:32

Audie Murphy a écrit:Merci Nimitz d'apporter ces précisions. La bataille du Pacifique est trop souvent négligée lorsqu'il est question de WWII.


Un Océan Pacifique qui acceuille une guerre aussi dure c'est un tantinet paradoxal :lol: :lol: :lol: :lol: :lol:


 

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