Le Japon et l'Allemagne ont signé des accords de collaboration technologique militaire, à la fois avant le déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ainsi que pendant le conflit.
Après la fin de la Grande Guerre, les Japonais avaient acheté des licences pour le Hansa-Brandenburg W.33 qui a été construit sous le nom de Yokosho Navy Type Hansa en 1922, et sous le nom de Aichi Type 15-ko "Mi-go" en 1925.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, la marine japonaise a envoyé un hydravion de reconnaissance (lui-même un développement du Vought O2U américain) vers l'Allemagne. Certaines sources mentionnent l'envoi ‘probable’ d'un Mitsubishi Ki-46 "Dinah" mais aucune preuve n’a corroboré ce fait.
Dans l'autre sens :La société allemande Focke-Wulf a livré un Focke-Wulf Fw 190 A-5 . De même la firme a été sollicitée pour acquérir un Focke-Wulf Fw 200 V-10 ou encore un Focke-Wulf Ta 152 mais aucune preuve n’a pu être apportée.
Le voici...La société Heinkel a livré des Heinkel He 50 A (qui furent par la suite construits au Japon par Aichi sous le nom de Aichi D1A1 (nom de code chez les Alliés "Susie") puis également des :
Heinkel He 70 "Blitz",
Heinkel He 111fs,
Heinkel He 112 (V12,12 B-0, Désignation japonaise A7He1),
Heinkel He 100 D-1 (au Japon désigné AXHe1),
Heinkel He 116 (V5/6)
Heinkel He 118 (DXHe/Yokosuka D4Y Suisei),
Heinkel He 119 V7 et V8,
Heinkel HD 25,
Heinkel HD 62,
Heinkel HD 28,
Heinkel HD 23,
Heinkel He 162 "Volksjäger" sous la variante nommée Tachikawa Ki 162-1
Heinkel He 177 A-7 "Greif"
Notez que bon nombre de ces appareils ne fut jamais ‘envoyé’ au Japon mais les plans et les techniques s’y rapportant furent communiqués.
La société Bücker a envoyé un Bücker Bü 131 Jungmann qui au Japon fut renommé
Kokusai Ki-86 (pour l’Armée) ou Kyūshū K9W (pour la Marine).
Voici la version japonaise:Dornier a envoyé
un Dornier Do 16 Wal (fabriqué sous licence au Japon par Kawasaki sous le nom de KDN-1),
le Dornier Do N construit comme le bombardier lourd Kawasaki Army Type 87 et
le Dornier Do C.
Fieseler a envoyé le Fieseler Fi-103 Reichenberg dont nous reparlerons.
le Fieseler Fi 156 Storch (revu et redessiné par les Japonais et produit sous le nom de Kobeseiko Te-Gō).
Ca y ressemble oui mais...La société Junkers a envoyé ses Junkers K 37 (développés par les Japonais sous les noms de Mitsubishi Ki-1 et Ki-2),
Junkers G.38b K51 (conception japonaise Mitsubishi Ki-20),
Junkers Ju 88 A-1, Junkers Ju 52, Junkers Ju 87 A, Junkers Ju 86 et a vendu ses modèles Junkers Ju 290, Junkers Ju 390 et Junkers Ju 488.
Ces modèles n’ont pas été construits.La société Messerschmitt a vendu les plans des
Messerschmitt Bf 109 E-3/E-4,
Messerschmitt Bf 110,
Messerschmitt Me 210 A-2,
Messerschmitt Me 163 A/B "Komet" (une conception japonaise basée uniquement sur les dessins partiels reçus fut le Mitsubishi J8M ou encore l’intercepteur Rikugun Ki-202 Shūsui-Kai )
Messerschmitt Me 262 A-1a dont la conception a influencé (influencé seulement) le Nakajima Kikka,
Le Japon a même étudié la possibilité d'utiliser le Messerschmitt Me 264 quadrimoteur.
Les plans du projet de Messerschmitt Me 509 ont également été envoyés, ce qui a peut-être influencé la conception de l’avion de reconnaissance Yokosuka R2Y1 « Keiun » mais rien n’est moins sur.
La société Arado a livré un exemplaire d'Arado Ar 196 A-4 qui fut échangé contre un Nakajima E8N.
Focke-Achgelis a envoyé un Focke-Achgelis Fa 330 ‘Bachstelze’,(Bergeronette) une curiosité entre l’autogyre et le cerf volant destiné à l'observation aérienne pour sous-marins ! Un fil a été consacré à son étude sur le forum ici:
viewtopic.php?f=65&t=55149En ce qui concerne l'équipement aéronautique, le chasseur japonaise Kawasaki Ki-61 « Hien » ("Tony" dans le code américain)) était équipé d’un moteur Daimler-Benz DB 601A construit sous licence, ce qui a amené les Alliés à croire qu'il s'agissait soit d'un Messerschmitt Bf 109, soit d'un Macchi italien MC.202 ‘Folgore’ qui, lui aussi était équipé d’un Daimler Benz jusqu'à ce qu'ils examinent quelques spécimen de Kawasaki capturés. Il était également équipé de canons Mauser MG 151/20 20 mm également construits sous licence.
Kawasaki Ki 61
Bf 109 EMacchi 202 pour comparaison
En ce qui concerne les avions-fusées, le Me 163 ‘Komet’ fut décliné au Japon par la société Mitsubishi avec son modèle J8M1.
En 1944 le Japon avait demandé à l’Allemagne de lui fournir les données susceptibles de construire sous licence le chasseur Messerschmitt Me-163 Komet. Cet avion représentait en effet le meilleur choix possible pour intercepter les B-29 qui, quasi quotidiennement déversaient des tonnes de bombes sur les populations civils et les installations militaires nippones. Cet accord germano-japonais prévoyait la fourniture en deux temps de pièces et de plans divers. Un premier sous-marins allemand livra à la fin de l’année un moteur fusée Walter HWK-109 et un manuel d’instruction à destination des pilotes. Toutefois ce dernier était en allemand. Un second sous-marin partit secrètement d’Allemagne quelques jours plus tard avec à son bord un Me-163B démontés dans des caisses et son manuel d’assemblage. Toutefois ce U-Boot fut coulé par l’aviation soviétique quelques jours avant son arrivée. Le Japon perdit ainsi son chasseur allemand.
C’est donc à partir du manuel d’instructions et de photos fournies par le RLM (ministère de l’air allemand) que Mitsubishi décida de se lancer dans le développement et la production d’une version dérivée du Me-163B. L’avion était prévu tant pour l’aéronavale que pour l’aviation militaire nipponne. C’est pour cela qu’il reçut les désignations respectives de J8M et de Ki-200. I
Les Japonais ont ensuite développé leur propre variante du moteur-fusée allemand Walter HWK 109-509A connu sous le nom de Toku-Ro.2 . Le moteur a été construit à l'aide de pièces fabriquées par les sociétés Mitsubishi, Hitachi, Ishikawajima et Washimo. Le premier test du moteur ne s'est pas franchement bien déroulé puisque le prototype de moteur a explosé au démarrage (on pense que c'était le résultat des métaux utilisés - les Allemands ont utilisé un alliage nickel-chrome dans des pièces critiques telles que l'injecteur de carburant et les soupapes de régulation, qui n'étaient pas disponibles au Japon, et uite à cette pénurie, de l'acier au chrome ordinaire fut utilisé en remplacement!
Tout comme le Me 163, le J8M1 n'avait suffisamment de carburant que pour une très courte période de vol propulsé – un peu plus de 5 minutes pour le J8M1. Comme pour le Me 163, le J8M1 a été conçu pour larguer son train d’atterrissage après le décollage. Le but, une fois opérationnel était qu'il grimpe très rapidement à l’altitude de l’ennemi, frappe durement les bombardiers alliés, puis revienne en planant (faute de carburant) pour atterrir sur son unique patin en espérant rentrer vivant sans aucune explosion... (si un peu de carburant volatile était encore à bord, il y avait toujours un risque élevé d'explosion, surtout lors de l'atterrissage.
7 avions de production J8M1 ont été fabriqués par Mitsubishi avant la fin de la guerre (6 J8M1 et 1 Ki-200, et six autres J8M1 à divers stades d'achèvement).
Le premier vol motorisé :
Sur l'aérodrome de Yokuku, le J8M1 était prêt, les essais de fonctionnement au sol étaient terminés et le 5 juillet 1945, les difficultés techniques du moteur-fusée étaient surmontées. Le premier vol propulsé du J8M1 fut donc effectué le 7 juillet 1945 mais qui, hélas se termina en tragédie.
Le capitaine de corvette Toyohiko Inuzuka a décollé en seulement 320 mètres. Il a libéré le chariot du train d'atterrissage et a commencé à grimper puis, de manière inattendue, le moteur a coupé. Sur son élan, le J8M1 a continué de grimper pendant environ 500 mètres avant qu'Inuzuka ne puisse faire demi-tour vers l'aérodrome. Alors que sa vitesse diminuait, il a essayé d'éviter un bâtiment mais l'a percuté avec une aile et s'est écrasé. Miraculeusement, bien qu'il lui resta encore la moitié de son carburant volatile, il n'a pas explosé mais s'est enflammé ! Le J8M1 a été détruit mais Inuzuka toujours en vie après le crash avec de graves blessures ne survécu pas .
Le Mitsubishi J8M1Le Nakajima Kikka ( Fleur d'oranger) est le premier avion à réaction japonais.
Développement :
Le Nakajima Kikka avait été inspiré par le succès du Messerschmitt Me 262 allemand, mais, les similitudes avec le Me 262 se limitent à la configuration générale.
Il est développé lui aussi à la fin de la guerre, et son premier et unique vol d'essai a lieu huit jours avant l'annonce de la capitulation du Japon.
Le premier prototype commenca les essais au sol à l'usine Nakajima le 30 juin 1945. Le mois suivant, il est démonté et livré à la base de Kisarazu, où il est ré-assemblé et préparé pour les essais en vol. Le premier vol a lieu le 7 août 1945, L'avion montra de bonnes performances au cours d'un vol d'essai de vingt minutes, avec pour seul souci la longueur de la course au décollage. Pour le deuxième vol d'essai, quatre jours plus tard, des fusées d'assistance au décollage furent installées sous l'avion. Le pilote fut inquiet au sujet de l'angle sous lequel les tubes de roquettes sont fixés, mais le temps manque pour corriger cela et il est donc décidé de simplement réduire la poussée des roquettes de 800 kgp à seulement la moitié. Quatre secondes après le décollage, les roquettes sont activées, faisant immédiatement basculer l'avion en arrière laissant le pilote sans contrôle.
Après un temps de combustion de neuf secondes des roquettes, le nez de l'avion redescend et la roulette de nez reprend contact avec la piste, ce qui entraîne une décélération soudaine, mais les deux moteurs fonctionnent encore normalement. À ce stade, le pilote choisit d'interrompre le décollage, mais les difficultés pour stopper l'avion et effectuer un demi-tour risquent de faire percuter l'appareil sur des bâtiments. Finalement, l'avion entre dans un fossé de drainage où se bloque son train d'atterrissage, et l'avion continue à avancer jusqu'à s'arrêter juste au bord de l'eau. Avant qu'il ne puisse être réparé, le Japon a capitulé et la guerre s'est terminée.
À ce stade, le deuxième prototype était en voie d'achèvement, et 23 avions étaient en construction à l'usine principale de Nakajima ainsi que sur l'île de Kyūshū .
L'un d'entre eux est une version d’entraînement biplace. D'autres sont des avions de reconnaissance, et des chasseurs armés de deux canons de 30 mm avec 50 coups chacun. Il était prévu des moteurs plus puissants sur les futurs appareils.
Le Nakajima KikkaLes fusées Selon des messages décryptés de l'ambassade du Japon en Allemagne, douze roquettes V-2 (A-4) démontées ont été expédiées au Japon.
Ceux-ci quittèrent Bordeaux en août 1944 sur les sous marins U-219 et U-195 et atteignirent Djakarta en décembre 1944. L'expert civil du V-2, Heinz Schlicke, était un passager du U-234 lorsqu'il a quitté Kristiansand, en Norvège, pour le Japon en mai 1945, peu de temps avant la fin de la guerre en Europe.
Le sort de ces fusées V-2 est inconnu.
Il y eu également la bombe volante pilotée Yokosuka MXY-7 ‘Ohka’ (Fleur de cerisier) mais il ne semble pas qu’il y ait eu un rapport avec le Fieseler Fi-103 Reichenberg autrement dit le V1 piloté
qui n’a jamais été mis en pratique. Le pilote était supposé amener le V1 à proximité de la cible, ouvrir la verrière et se parachuter mais c’était sans compter sur l’aspiration de la tuyère située quelques centimètres seulement dans son dos ! Les Allemands ne donnèrent pas suite et préférèrent l’emploi des ‘Mistel’ mais ceci est une tout autre histoire.
La coopération germano-japonaise dans le domaine des techniques n’a jamais vraiment cessé depuis les années 20 jusqu’au printemps 1945. La distance entre les deux alliés était un sérieux handicap d’où l’emploi de sous marins pour les transports ce qui fit qu’en définitive, l’envoi de matériel ne pu qu’être limité des deux cotés de la planète.
A
insi s’achève l’histoire de la collaboration aéronautique entre l’Allemagne et l’Empire du Soleil Levant en 1945.
https://acesflyinghigh.wordpress.com/20 ... terceptor/Francillon, René J. (1979). Japanese aircraft of the Pacific War. chez Putnam
http://jnpassieux.fr/www/html/Ki201.phphttps://aviationsmilitaires.net/v3/kb/a ... 86-cypresshttps://www.avionslegendaires.net/avion ... i-j8m-ki-2