Dog Red a écrit:Pourrais-tu développer Alex ?
Je me permets d'y ajouter mon grain de sel ...
A dater de la modernisation du Japon et de son armée, à la louche, au début des années 1870, la référence tactique militaire terrestre avait été, essentiellement, d'influence allemande, ne serait-ce que par le seul résultat de la Guerre de 1870, et britannique, par la qualité et discipline de ses troupes, y compris en situation d'infériorité patente. Les américains ont beau eu, depuis lors, nous pondre un film sympa, en 2003, "le dernier samouraï", interprété par Tom Cruise, leur influence militaire réelle s'était résumée à des queux de cerises.
Dans le domaine militaire naval, la France, par le biais de notre excellent ingénieur des constructions navales Emile Bertin, missionné au Japon, de 1885 à 1890, avait, alors, influencé favorablement la construction navale locale mais, très rapidement, les capacités de production de l'industrie militaire et navale britannique avaient "flingué" nos propres efforts.
En 1904, durant le conflit russo-japonais, le Japon avait, précédemment, passé en commande, aux chantiers anglais, de ce qu'on pourrait être considéré comme étant la toute première génération de "All big Guns", qu'avait, plus ou moins, symbolisé, deux ans plus tard, la mise en service du HMS Dreadnought, sauf que l'embargo international, alors, mis en place, avait, alors, empêché la construction des canons et tourelles nécessaires et leur fourniture aux japonais. Dès lors, on s'était retrouvé, au Japon, en 1914, d'une part, avec une armée de terre instruite et formée "à l'allemande", qui avait, d'une certaine manière, l'avantage de satisfaire à la rigoureuse tradition militaire nipponne, d'autre part, une marine, désormais, formée "à l'anglaise".
Vu mon âge, j'aime plus ou moins bien, "par essence naturelle", les "Américains", mais il faut bien reconnaitre, que, entre 1898 et 1941 , ils avaient très largement et intentionnellement, afin d'assurer leur zone de prépondérance "commerciale" dans la Mer des Caraïbes et le Pacifique. Il y aurait très long à dire à ce sujet, à propos d'une nation, qui se prétend démocratique, mais qui, pour autant, ne s'était pas gênée de se la jouer "colonialiste" à Cuba ou aux Philippines, au tournant du XIX siècle, et qui, par le biais du Traité Naval ("vérolé") de Washington, début 1922, cherchait, avant tout, à casser les reins de la concurrence japonaise, dépourvue, sur son territoire national, de toute ressource essentielle (charbon, pétrole, acier ), qu'elle était, dès lors, contrainte de devoir acquérir à l'extérieur de leurs frontières... sauf que les Américains, dans l'entre-deux-guerres, lui avaient systématiquement mis des bâtons dans les roues et que, bien avant, l'attaque de Pearl Harbor, début décembre 1941, les deux nations étaient, déjà, sans déclaration officielle de guerre, en conflit.
Certes, dès le début des années 30, la politique nipponne avait viré dans une situation ultra-nationaliste qui, selon les camps, avait, elle-même, trouvée naissance dans une sorte d'autorité "fâchiste" militaire, qui s'était, alors, mise en place. Hormis les éventuelles intentions expansionnistes de certains de ses dirigeants politiques, qui n'étaient pas au pouvoir, le Japon avait, dès lors, bon gré, mal gré, dû se ravitailler, par nécessité en ressources essentielles, en s'emparant des territoires coréens et chinois.
On va appeler un chat, un chat, mais les occupations chinoises, dans les années 1880, de la France, de l'Angleterre et, même de l'Allemagne, n'avaient guère eu une intention différente,que celle qui consistait à protéger leur commerce marchand de la menace chinoise, notamment de ses "corsaires", rétribués, alors, au prorata de leurs prises, par la cour impériale, ce qui, dans le seul cadre de la marine française fait "doucement " marré, sachant que, jusqu'en 1856 et la publication de "supposées" bonnes règles navales internationales, la France était , elle-même, la reine "occidentale" de la Guerre de Course! Dans le domaine de la "fauxculterie", la France avait, alors, fait très fort, car, que depuis 1885 et la mise en construction du croiseur cuirassé Dupuy de Lôme, en cas de conflit ouvert, la course aux "marchands" était désormais, réservé à la seule activité militaire, tandis que, en parallèle, on glissait, discrètement, sous le tapis, le droit des équipages à percevoir une part sur le butin! L’âpreté(légitime) au gain de l'Etat et la raison d'être des corsaires en temps conflit, n'avaient pas résisté aux bonnes intentions du libre échange, que souhaitaient la réglementation navale de 1856. Le plus beau de l'histoire est que les USA, qui avaient alors, fait le forcing pour adopter cette première convention internationale, l'avaient, eux-mêmes, largement "glissée sous le tapis", durant la Guerre de Sécession, certains croiseurs nordistes et sudistes venant s'affronter à l'entrée de ports français.
C'est compliqué à souhait, ne serait-ce qu'à propos du seul Japon. L'introduction des usages de la technique militaires moderne n'y date guère que du dernier tiers du XIXème siècle, où, on s'était alors contenté de mesurer les "effets" et son "l'efficacité" militaire, à l'aune de nos propres critères européens, issus, eux-mêmes, de "20 siècles" de conflits, réglés selon nos propres conceptions!