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Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Moins connue que les batailles du front Européen, la guerre du Pacifique n'en reste pas moins tout autant meurtrière et décisive dans la fin de la seconde guerre mondiale.
MODERATEUR ; alfa1965

Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Nouveau message Post Numéro: 1  Nouveau message de Tomcat  Nouveau message 02 Mai 2016, 17:14

Ci-dessous un article de Slate:

http://www.slate.fr/story/93831/premier ... -allemagne

C’est tardivement que l’Allemagne se lança dans l’aventure coloniale. Bismarck n’y croyait guère –avant de se raviser– et se réjouissait que la France s’y lance à corps perdu: tandis que les militaires français étaient occupés à soumettre l’indigène en Afrique ou en Asie, ils détournaient un peu les yeux de l’Alsace-Moselle, annexée en 1871.

Les choses changent à partir de 1884, lorsque l’Allemagne commence à s’implanter en Afrique australe mais aussi, on l’ignore souvent, dans le Pacifique, où, selon les mots de Bismarck, «les marchands ont précédé les soldats». 1884, c’est en effet l’année où les Allemands acquièrent la Terre de l’empereur Guillaume, en Nouvelle-Guinée. L’année suivante, c’est au tour des îles Marshall de tomber dans l’escarcelle de Berlin et en 1899, l’Espagne vend les Carolines et les Mariannes du Nord à l’Allemagne, après avoir perdu Cuba et cédé Porto Rico, les Philippines et Guam aux Etats-Unis à l’issue de la guerre hispano-américaine de 1898.

Deux ans avant cette date, en 1897, l’Allemagne avait obtenu de la Chine une concession de 99 ans à Kiautschou, dans le nord-est de la Chine, avec le port de Tsing-Tao (Qingdao) pour capitale, que les Allemands allaient fortement contribuer à développer. C’est bien naturellement qu’ils y installèrent, en 1903, une des premières brasseries modernes d’Extrême-Orient.

Comme les autres concessions européennes, Tsing-Tao est naturellement un comptoir commercial où stationne une escadre relativement imposante puisqu’en août 1914, lorsque la guerre éclate, plusieurs croiseurs lourds et légers y stationnent, en plus de canonnières et autres navires auxiliaires.

Depuis la fin du XIXe siècle, le Japon, qui est entré dans la modernité sous l’ère Meiji (1862-1912), lorgne sur la Chine. Au cours de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, il a fait le siège de Port-Arthur avant de s’en emparer en janvier 1905 et de détruire la flotte russe à la bataille de Tsushima. Même si les états-majors européens n’ont guère pris au sérieux ce conflit qui signait l’entrée du Japon sur la scène internationale, il contenait en germe, avec ses longues lignes de tranchées et ses duel d’artillerie, ce qui allait être le quotidien de millions de leurs soldats.

Depuis 1890, le Japon s’est doté d’une Diète, grossièrement calqué sur le modèle britannique de la Chambre des Communes et de la Chambre des Lords. Le Premier ministre dirige un cabinet de dix membres. L’Empereur est également conseillé par un corps intermédiaire, le Genrō, sorte de conseil des anciens. En juillet 1912, le prince héritier Yoshihito succède à son père, l’Empereur Mitsuhito.

Sur le plan extérieur, le Japon ne fait pas mystère de ses visées expansionnistes à l’égard de la Chine, de la Corée et des îles du Pacifique et jouit, depuis sa victoire contre la Russie, d’une excellente réputation militaire.

En 1902, un premier pacte est conclu avec la Grande-Bretagne, que les dirigeants japonais tiennent pour modèle, pacte qui sera renouvelé en 1905 et en 1911. Pour les Britanniques, son objet premier est de garantir la protection du commerce dans le Pacifique et la sécurité de ses enclaves en Chine, dont celle de Hong-Kong, possessions que l’Allemagne s’est engagée à ne pas menacer si le Japon venait à demeurer neutre en cas de conflit.

Mais lorsque la Première Guerre mondiale éclate, le ministre des Affaires étrangères japonais, Takaaki Kato, parvient à persuader le Premier ministre, le comte Okuma, ainsi que le Genrō, que l’occasion est trop belle pour être manquée. L’Allemagne, raisonne-t-il, va devoir livrer bataille sur deux fronts. Ses possessions asiatiques seront une proie facile qu’elle n’aura guère les moyens de défendre et leur prise serait un excellent moyen pour le Japon de commencer à étendre son influence et se tailler un début d’empire colonial.

Avertis des intentions japonaises, les Britanniques se montrent méfiants mais ne font rien pour dissuader les Japonais de participer au conflit. Mi-août 1914, le Japon lance un ultimatum à l’Allemagne, exigeant la cession immédiate de la concession de Tsing-Tao et le départ de la flotte allemande du Pacifique. Berlin ne juge pas même utile d’y répondre et, le 23 août, le Japon déclare la guerre à l’Allemagne.

A l’assaut des colonies allemandes

Au mois de septembre 1914, les Japonais débarquent des troupes à 50 kilomètres du port de Tsing-Tao. Aux hommes de la 18e division d’infanterie japonaise se joignent ceux de la 29e brigade d’infanterie, soit près de 23.000 soldats au total. Fin septembre, ils sont rejoints par deux régiments britanniques (2e South Wales Borderers et 36e Sikhs), Londres désirant participer à l’expédition pour modérer les ardeurs japonaises plus que pour prêter main forte aux soldats impériaux.
C’est au mois de septembre qu’a d’ailleurs lieu, devant Tsing-Tao, la première attaque aéronavale lancée depuis un navire: un hydravion Farman du porte-hydravions japonais Wakamiya attaque le croiseur austro-hongrois Kaiserin Elisabeth. (Oui, c’est bien cette Elisabeth).

Au mois d’octobre, avec l’appui de leur puissante flotte, les Japonais s’emparent des îles Carolines et des îles Mariannes, ce qui n’est pas sans provoquer de vives inquiétudes en Australie et aux Etats-Unis. Les Britanniques, alliés des Japonais et qui comptent sur eux pour protéger leur flotte marchande des attaques des corsaires allemands, ne réagissent pas.

Le 31 octobre 1914, jour de l’anniversaire de l’empereur Yoshihito, l’investissement de Tsing-Tao est complété et le pilonnage en règle de la ville peut commencer. Les Allemands ne disposent que de 4.000 hommes pour défendre leur possession chinoise. Les deux premiers périmètres défensifs de la ville sont abandonnés sans combats car les effectifs sont insuffisants pour les garnir. Les Japonais progressent comme dans un siège classique en creusant des parallèles pour se rapprocher des défenses allemandes. Dans la nuit du 6 au 7 novembre, ils lancent un assaut général. Le lendemain, le capitaine Meyer Waldeck, officier de la marine allemande faisant fonction de gouverneur militaire de la place de Tsing-Tao, est contraint de capituler.

Les mouvements des Nippons agitent la Chine

Le 18 janvier 1915, enivré par ce premier succès, le gouvernement japonais adresse officiellement une liste de 21 demandes au gouvernement chinois. Ces demandes politiques et économiques visent peu ou prou à faire de la Chine un protectorat japonais. Les Japonais exigent notamment que soient confirmées leurs possessions en Chine, que leur soit donné le contrôle des voies ferrées de la province du Shandong mais aussi de celles de Mandchourie et même –clause secrète– que des conseillers japonais soient dépêchés auprès du gouvernement chinois.

La Chine, alors une république, rejette ces propositions. Le 7 mai, le gouvernement japonais présente une liste de treize demandes, moins humiliantes mais tout aussi pressantes. Le président chinois Yuan Shikai, qui doit faire face à une guerre civile menée par plusieurs seigneurs de guerre, est contraint de les accepter. Il n’en résulte pourtant pas une amélioration tangible de la position japonaise en Chine, l’acceptation du gouvernement chinois ne faisant qu’entériner des situations de fait.

Les choses en restent là. Les Japonais se contenteront, jusqu’à la fin de la guerre, de patrouiller essentiellement dans l’Océan indien et dans le Pacifique, leur flotte effectuant même une mission d’escorte de navires britanniques en Méditerranée.

Un traité de Versailles en demi-teinte pour le Japon

Malgré ce rôle minime joué par le Japon, il est tout de même convié à la Conférence de paix de Paris en 1919 et siège dans le camp des vainqueurs. La délégation japonaise arrive en France avec deux revendications principales, dont la deuxième est pour le moins audacieuse.

La première concerne, naturellement, des demandes de confirmations de ses conquêtes territoriales dans le Pacifique. Il convient de rappeler que la conférence dite «de Versailles» est à la fois le théâtre de la négociation de la paix, mais également celui des discussions en vue de l’établissement de la Société des Nations, ancêtre de l’ONU.

Le Japon se voit confirmé dans ses possessions du Shandong (dont Tsing-Tao) et se voit également confier un mandat sur les îles Marshalls, les Carolines, la Micronésie et l’île de Palau. Pour le pays, c’est une belle victoire car ces îles constituent à la fois un excellent rideau défensif pour un archipel qui, de tout temps, s’est senti menacé de disparition, tant par des attaques venue de l’Océan que par les secousses sismiques (dont on minimise trop souvent l’impact sur la psychologie japonaise, véritablement traversée par cette hantise de l’engloutissement), mais également comme un marchepied de premier ordre en vue d’une éventuelle expansion de son empire.

Et son empire, parlons-en, car le Japon entend bien s’en tailler un en Asie, à l’instar des puissances européennes. Voilà pourquoi la deuxième demande de la délégation japonaise porte sur une reconnaissance, par la SDN, d’une «égalité raciale.» Le 13 février 1919, les Japonais proposent l’amendement suivant à l’article 21 de la SDN:

«L’égalité des nations étant un des principes fondateurs de la Société des Nations, les Principales parties contractantes s’accordent pour octroyer aussi rapidement que possible à tous les citoyens des Etats membres de la Société des Nations un traitement juste et équitable en toutes choses et qui ne ferait aucune distinction, ni de jure, ni de facto, fondée sur la race ou la nationalité.»

La proposition japonaise est d’un certain amateurisme, car la délégation n’entend nullement promouvoir l’égalité des races, mais uniquement l’égalité des Européens et des Japonais, afin de pouvoir agir en Asie comme la France et la Grande-Bretagne ont agi en Afrique.

Makino Nobuaki, ministre plénipotentiaire du Japon à la conférence de paix, précise les intentions de son pays lors d’une conférence de presse qui se tient le 2 avril:

«Nous sommes trop fiers pour accepter une place d’infériorité officiellement établie dans nos relations avec les autres nations. Nous ne voulons rien d’autre que la simple justice.»

Le 11 avril 1919, la proposition est soumise au vote. Étonnamment, elle est acceptée. Les deux délégués japonais ont naturellement voté pour, ainsi que deux représentants français, deux représentants italiens, le représentant de la Tchécoslovaquie, celui du Brésil et de la république de Chine… La Grande-Bretagne et les Etats-Unis, le Portugal et la Roumanie se sont abstenus.

Mais c’est alors que le président américain, Woodrow Wilson, qui préside la séance, rejette le résultat du vote. Certes, explique-t-il, une majorité nette s’est dessinée, mais une telle décision doit selon lui nécessiter l’unanimité. Cette décision est notamment motivée par la pression exercée par les Britanniques, et à travers eux par les Australiens, fermement opposés à un tel amendement. La délégation japonaise exige qu’il soit fait mention dans les retranscriptions des délibérations que le vote a été positif avant d’être annulé par le président de séance.

Quand la nouvelle est connue au Japon, la presse enrage. Le peuple japonais vit cette rebuffade comme une humiliation et fustige l’attitude du président américain. Il en naît, au Japon, un profond ressentiment à l’égard des Etats-Unis. Plus fondamentalement, alors que le Japon était entré dans la guerre aux côtés des Alliés en raison de sa fascination et de sa volonté de rapprochement avec les nations occidentales, ce refus va exacerber le nationalisme japonais et détourner le pays de l’Occident et des valeurs démocratiques (autoproclamées).

En 1921, le prince héritier Hirohito devient régent avant de monter sur le trône en 1926. Le règne de Hirohito a beau s’intituler Shōwa («Paix rayonnante»), il est, dès le début des années 1930, marqué par une succession d’assassinats d’hommes politiques modérés par des ultra-nationalistes, par la présence de plus en plus grande des militaires au sein des cabinets ministériels et par des interventions de plus en plus musclées en Chine.

Durant toute cette période, un personnage surnage, celui du Prince Konoe, deux fois Premier ministre du Japon, la seconde fois du 22 juillet 1940 au 18 octobre 1941.

Pourtant artisan de l’intervention militaire du Japon en Chine en 1937, fervent partisan de l’expansionnisme, il est écarté des affaires car jugé trop mou par les militaires et remplacé par Tojo, qui dirigera le Japon jusqu’en 1944 qui et prendra la responsabilité de déclencher la guerre avec les Etats-Unis en décembre 1941.

En 1918, avant même la fin de la guerre, le prince Konoe, qui participa à la conférence de Versailles, publiait un texte intitulé «Il faut rejeter la paix anglo-américaine». On pouvait y lire notamment:

«La paix qu’entendent nous imposer les responsables anglo-américains n’a pas d’autre objectif que de maintenir un statu quo favorable à leurs intérêts. […] La nature véritable du conflit actuel est celle d’une lutte entre des puissances établies et des puissances en devenir. […] La France et la Grande-Bretagne ont eu la possibilité de coloniser les régions les "moins civilisées" du globe avant les autres puissances et ont monopolisé l’exploitation de leurs ressources. Ceci eut pour conséquence d’empêcher l’Allemagne et les puissances ayant émergé sur le tard d’acquérir la moindre terre et le moindre espace pour s’étendre. […] Si cette politique devait l’emporter, le Japon, qui est un petit pays, pauvre en ressources naturelles et incapable de consommer l’intégralité de sa production industrielle, n’aura pas d’autre possibilité, s’il souhaite survivre, que de détruire ce statu quo, comme l’Allemagne y fut contrainte.»

En juillet 1941, après des années d’escalade dues à des demandes réitérées de retrait des troupes japonaises présentes en Chine depuis 1937, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis (ainsi que le gouvernement hollandais en exil) décrètent un embargo pétrolier à l’encontre du Japon. Pour l’état-major japonais, le calcul est vite fait: en l’état actuel des réserves de carburant, à l’été 1942, le Japon ne sera plus en état de mouvoir ses navires de guerre, ses avions et ses véhicules de combat.

Il faut donc plier ou opter pour la guerre, une guerre à laquelle le pays est préparé (il dispose de dix porte-avions contre sept aux Américains, dont trois seulement sont déployés dans le Pacifique), et pour laquelle il dispose désormais d’un bon rideau défensif grâce aux îles dont il s’est vu confier le mandat en 1919, qu’il a «oublié» de rendre en quittant la SDN en 1933. Le choix japonais, les militaires américains stationnés à Pearl Harbor feront partie des premiers à en être tristement informés, à l’aube du 7 décembre 1941…

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Re: Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Nouveau message Post Numéro: 2  Nouveau message de Dog Red  Nouveau message 03 Mai 2016, 12:13

Intéressante mise en perspective de l'expansionnisme japonais au tout début de l'entre-deux guerres.

Merci Olivier.
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Re: Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Nouveau message Post Numéro: 3  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 03 Mai 2016, 12:26

Bonjour et merci Olivier;
Le numéro 78 de 2012 est justement consacré à l'expansion japonaise:
portailv2/download/download-91+histomag-44-no-78-juillet-ao-t-2012.php
Bien amicalement
Prosper ;) ;)
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Re: Le combat du Japon aux côtés des Alliés

Nouveau message Post Numéro: 4  Nouveau message de Tomcat  Nouveau message 03 Mai 2016, 16:36

Bonjour,

Oui tout à fait d'accord avec toi Daniel, de plus je ne savais pas que le Japon avait combattu côté alliés lors de la 1ère GM.

OK merci Prosper pour le lien :-)

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Re: Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Nouveau message Post Numéro: 5  Nouveau message de dynamo  Nouveau message 03 Mai 2016, 20:41

c'est un excellent post.
j'ai appris des choses.
je retiens l'opportunité des Japonais à prendre possession des biens des nations en faiblesse, Allemagne pendant la première guerre et France/Indochine lors de la seconde...
La dictature c'est "ferme ta gueule", et la démocratie c'est "cause toujours".
Woody Allen.

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Re: Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Nouveau message Post Numéro: 6  Nouveau message de Prosper Vandenbroucke  Nouveau message 06 Aoû 2017, 13:22

Oui, excellent sujet mais qui a sombré dans les oubliettes.
Peut-être d'autres réactions et avis?????
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Re: Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Nouveau message Post Numéro: 7  Nouveau message de Loïc Charpentier  Nouveau message 06 Aoû 2017, 18:06

Au cours de la guerre russo-japonaise de 1904-1905, il a fait le siège de Port-Arthur avant de s’en emparer en janvier 1905 et de détruire la flotte russe à la bataille de Tsushima. Même si les états-majors européens n’ont guère pris au sérieux ce conflit qui signait l’entrée du Japon sur la scène internationale, il contenait en germe, avec ses longues lignes de tranchées et ses duel d’artillerie, ce qui allait être le quotidien de millions de leurs soldats.


Oh, si! Le conflit russo-japonais avait été pris très au sérieux par les états-majors occidentaux. Seuls, peut-être, les Américains, même s'ils en avaient fait des caisses en publiant des piles d'ouvrages "technico-stratégiques" sur le susdit conflit, avaient, alors, d'autre chats (plus urgents) à fouetter. Il est vrai, certes, que sur le plan terrestre, toutes les leçons sur l'emploi de l'artillerie et de la mitrailleuse n'avaient pas toujours été bien exploitées - notamment, en France et, aussi, en Grande-Bretagne, déformées qu'elles étaient par la pratique des guerres coloniales; par contre, çà avait beaucoup intéressé les Allemands !-, mais le conflit russo-japonais avait eu des retombées très importantes sur le naval.

La mise en service des "All big guns", notamment, celle du HMS Dreadnought, qui, en réalité, avait été précédée par la mise en chantier de cuirassés américains, satisfaisant à ce concept, sauf que la durée de leur construction n'avait pas pu rivaliser avec la vitesse des chantiers britanniques. Au passage, en France, nous nous étions réveillés pour la construction de cuirassés, en 1905!
L'accroissement des portées pratiques de l'artillerie navale de gros calibre. En 1904, les marines continentales s'exerçait à 4000 m, au grand maximum. Dès 1905, en France, d'abord, puis en Angleterre et en cascade, derrière, on inaugure les tirs à 6000 m, pour atteindre 10 000 m, en 1913.
En parallèle, le développement de la télémétrie et de la direction de tir "centralisée" - de mémoire, les nippons avaient utilisé des télémètres britanniques Barr & Stroud, de 6 pieds d'envergure, que nous avions, nous-mêmes, commencé à installer, à partir de 1902-1903.
Le torpilleur, lui, n'avait, manifestement, pas tenu ses promesses - en France, c'était notre "cheval de bataille" (!) -, ce que viendra confirmer son emploi, en surface, durant la Der des Ders.

Il faut bien se mettre dans la peau d'un "Européen" de l'époque, au tout début du XXème siècle, qui découvre un pays, qui pour lui se résumait, en gros, à des buveurs de thé, des geishas et des gusses en armure, armés de sabres et de vieux mousquets, capable d'administrer une fessée sévère à l'empire russe. Euh, on ne m'aurait pas tout dit ? Le conflit qui n'avait pas fait de bruit, était celui qui avait opposé les Nippons, aux Chinois, quelques années plus tôt (1894-1895).

Autre élément très important, après le Premier Conflit Mondial, les discussions qui débutent le 11 novembre 1921, à Washington, organisées par les USA.
Allez, je vais me citer à partir d'un article non publié (à ce jour...faut pas désespérer! :D )

Habilement, les Etats-Unis ont établi un ordre du jour qui porte sur la question de la limitation de l’arme navale mais, également, selon les subtilités du langage diplomatique, sur les questions du Pacifique et de l’Extrême-Orient, qui, elles, visent directement les intérêts japonais en Chine et en Sibérie. Le but inavoué des américains est de remettre en question l’alliance navale anglo-japonaise de 1902 et limiter le développement de la marine japonaise. Français & italiens n’y jouent, en réalité, que les cautions participatives. Grâce à un service d’espionnage cryptographique, baptisé « Black Chamber », les États-Unis vont, sans vergogne, exploiter les dépêches échangées entre les délégations et leurs gouvernements, particulièrement, celles émises par les Japonais, connaissant, ainsi, par avance, les conditions minimales acceptables par ses derniers, sans les contraindre à quitter la table des négociations. Après trois mois de délibérés, les cinq nations conviennent d’un rapport des forces, qui deviendra célèbre sous l’intitulé de 5 : 5 : 3 : 1,75 : 1,75. En tant qu’Article IV des accords, il correspond au tonnage maximal (exprimés en tons américaines ou britanniques, 1 ton = 911 kg) de cuirassés autorisé pour chaque marine de guerre – USA & GB (Commonwealth): 525 000 tons, chacun, le Japon, 315 000 tons (60%), la France & l’Italie : 175 000 tons (33%) -. Les termes des Articles V & VI, à l’instigation du Royaume-Uni, définissent les limites du déplacement standard– une notion des plus confuses et difficile à calculer avec exactitude – des futurs cuirassés, dorénavant désignés Capital Ships, et le calibre de leur armement principal, soit 35 000 tons, 16’’ ou 406 mm. La durée de service minimale (Chapitre 2 – Partie III – Section 1) est fixée à vingt ans, à partir du commissionnement et la mise en chantier du remplaçant ne peut s’effectuer qu’à dater du dix-septième anniversaire du bâtiment de référence. La Grande-Bretagne, arguant de l’importance de son domaine maritime, s’est arrangée pour que le déplacement standard ne prenne pas en compte les tonnages embarqués de mazout et d’eau douce. Le Traité navale de Washington est ratifié à partir 6 février 1922 mais avec plus ou moins de bonne volonté de la part de certains signataires. Le Japon, malgré l’officialisation de facto de son statut de troisième force navale, se sent floué par rapport aux anglo-saxons, d’autant que l’accord naval anglo-japonais de 1902 est définitivement passé à la trappe, et voit surtout d’un mauvais œil le tonnage que se sont « attribués » les États-Unis. La France, en dépit de son empire colonial se retrouve ravalée au rang de puissance navale mineure, au même titre qu’une Italie, dépourvue de colonie, qui n’en attendait pas tant. La mise en vigueur du Traité de Washington est officiellement fixée au 21 août 1923 mais la France parvient, néanmoins, à imposer une date limite d’application, fixée au 31 décembre 1936. Compte tenu de l’importance de leurs flottes de cuirassés, américains et, surtout, britanniques, pour respecter le tonnage maximal autorisé, se sont engagés à ferrailler plusieurs unités, dûment listées. En sus, les États-Unis et le Japon mettent fin à leurs programmes, respectivement, de six bâtiments de la classe South Dakota et de quatre Amagi, tous d’un déplacement de 48 000 tonnes, armés de 406 ou de 410 mm et mis en chantier entre 1920 et 1921 ; sauf que l’avancement des chantiers américains variait de 10 à 35% dans le meilleur des cas, alors qu’au moins, deux bâtiments nippons avaient dépassé les 40% d’achèvement.

Les japonais ne parviendront pas à avaler la pilule "navale". Sans entrer dans le domaine de leurs visées expansionnistes, je n'ai pas les compétences pour çà, le Traité de Washington, ratifié en 1922, avait (volontairement) pourri la situation. Ils participeront, encore, mais du bout des lèvres, à sa "réactualisation", en 1930; mais le 15 janvier 1936, lors des négociations destinées à pondre une nouvelle mouture, le Japon, constatant que son quota de tonnages reste définitivement indexé sur ceux des USA et du Royaume-Uni, claquera, définitivement, la porte.

Il convient de ne pas être naïf, les volontés d'influence américaine dans le Pacifique, tout en étant plus "démocratiques" que les intentions japonaises, étaient bien réelles. Les américains tablaient, également, sur une usure, à terme, de la présence coloniale européenne dans la zone Asie-Pacifique. Comme par hasard, c'est le développement du communisme asiatique, après la Seconde Guerre Mondiale, avec la victoire de Mao, la défaite de Tchang-Kaï-Chek et le retrait des Anglais, en Inde, qui les amènera à mettre les mains dans le cambouis...avec le "succès" qu'on connait! Jusqu'à cette date, ils nous avaient (avec les Anglais) mis de sérieux bâtons dans les roues, en Indochine.

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Re: Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Nouveau message Post Numéro: 8  Nouveau message de Manu  Nouveau message 06 Aoû 2017, 19:36

Il me semble que l'alliance britannique avec le Japon avait également pour but de contenir l'expansionnisme US dans le pacifique.

Autre point important, le Japon a aussi profité économiquement de la première guerre mondiale en multipliant par 5 sa production industrielle.


 

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Re: Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Nouveau message Post Numéro: 9  Nouveau message de alfa1965  Nouveau message 12 Fév 2018, 00:58

J'avais fait un dossier Histoquiz sur Tsing-Tao que je reporte ici à titre d'info.
Le 15 août, le Japon envoie un ultimatum à l'Allemagne exigeant la remise de la colonie de Kiaou-Tcheou en Chine et le départ de l'escadre du Pacifique.
La garnison allemande était forte de 4500 hommes (avec une centaine d'Austro-hongrois)
5 compagnies d'infanterie
5 sections de mitrailleuses
1 batterie de campagne
1 avion : 1 Taube
Commandant de la garnison et gouverneur militaire : Alfred Mayer-Waldeck.
Après le départ de l'escadre du Pacifique il ne reste comme navires allemands dans la rade de Tsing-Tao : le croiseur autrichien Kaiserin-Elizabeth (8 pièces de 150),
le croiseur Cormoran, en fait c'était une prise de guerre russe(ex-Rezan) de l'Emden
Les canonnières Tiger, Fuchs, Iltisch et Jaguar
Le torpilleur S-90
Le destroyer Taku.

Les pertes :
Le destroyer Taku est coulé par les canons assiègeant Tsing Tao.
Le 8 octobre 1914, les canonnières Fuchs et Tiger ainsi que le Cormoran sont coulés.
Le 12 octobre, la canonnière Iltis est coulée par les croiseurs nippons Chitose et Takachiho.
Le torpilleur S-90 après avoir endommagé le contre-torpilleur Kennet quitta son mouillage, et détruisit le croiseur Takachiho. 254 matelots japonais perdirent la vie, 1 officier et 9 hommes d'équipage furent secourus par la flotte nippone. Ne pouvant rentrer au port, le S-90 se saborda au large.

Les troupes japonaises terrestres étaient commandées par le général Kamio, à ses ordres les généraux Yayamoto, Hesagowa,
et Tùanchi.
Les troupes anglaises et indiennes (2500) hommes étaient sous les ordres du général de brigade Barnardiston.
L'escadre nippone était sous les ordres de l'amiral Kato et comprenait 2 escadres.
une escadre britannique, avec le cuirassé Triumph participa au siège de la colonie allemande.

Les forts de Tsing Tao
Les collines environnant la colonie allemande servirent de points de fortification,  une première ligne, à 5 km est composée des forts  Iltis, Siao-Tchoun-Chan, et la batterie Tai Toung Tchen.
La 2e ligne de forts est composée des forts Moltke, Bismarck et Kaiser.
La rade était défendue par les forts des baies Iltis, Auguste-Victoria et le fort d'Huin-Hvk.
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Gunther Plüschow
Gunther Plüschow fut le seul pilote allemand de Tsing Tao, il s'échappa avec son Taube avant la rédition du port, réussit à atterrir vers Nankin,s'embarque clandestinement pour Shangaï, débarque à San Francisco, prend le train pour New-Yorck, s'embarque à nouveau dans un bateau italien pour Gibraltar où il est arrêté.
Emprisonné à Londres, il réussit à s'évader et rejoint les Pays-Bas puis l'Allemagne où il est détenu dans un premier temps comme espion !
Image
Il termine la guerre comme pilote d'hydravion.
Il a écrit ses aventures dans : les aventures de l'aviateur de Tsing Tao.
http://www.archive.org/details/myescapefromdoni00plusuoft

La fin de la colonie
Dès le 20 août, un contingent japonais débarque, l'attaque nippone débute le 31 octobre avec l'appui de troupes britanniques. Le 7 novembre, la ville de Tsing-Tao tombe et le 10, c'est la reddition  complète de la colonie. Auparavant, le 6 octobre, les japonais s'étaient emparés des iles Marshall, Mariannes et Carolines dans le Pacifique.

ALEX

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Re: Le combat du Japon aux côtés des Alliés lors de la 1ère GM et les conséquences sur la 2ème GM

Nouveau message Post Numéro: 10  Nouveau message de alfa1965  Nouveau message 12 Fév 2018, 01:05

dynamo a écrit:c'est un excellent post.
j'ai appris des choses.
je retiens l'opportunité des Japonais à prendre possession des biens des nations en faiblesse, Allemagne pendant la première guerre et France/Indochine lors de la seconde...

De plus, le Japon entretenait des ressentiments à l'encontre de la France en venant en aide à la flotte du Tsar en 1904, les autres pays occidentaux n'ayant pas réagit ou peut-être s'en étaient réjouis ?
Siamo 30 d'una sorte, 31 con la morte. Tutti tornano o nessuno. Gabriele d'Annunzio, Canzone del Quarnaro.

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