frontovik 14 a écrit:Cher Tri martolod, rassurez vous, je connais tout cela, mais j'ai réagi en craignant déceler quelques propos déclinistes et nostalgiques... En fait me voilà rassuré également.
Concernant l'affaire indochinoise et la fin de la Seconde Guerre mondiale on se situe à la limite entre l'Histoire et la Mémoire, avec une incursion très nette vers la seconde. Certes la guerre s'est achevée en Europe le 8 mai 1945, mais pour la majorité des Français elle le fut début 1945 avec la libération du territoire, bien que les poches de l'Atlantique ne le furent qu'en mai. Mais pour un Normand, un Bourguignon, un Corse ces poches ne représentent rien, dans leur inconscient collectif et leur mémoire en tout cas. Ainsi pour nous Français et Européens le conflit Pacifique est lointain, implique peu ou pas du tout. Et l'Indochine, c'est loin... D'ailleurs la guerre d'Indochine a laissé bien moins de traces dans les mémoires que celle d'Algérie: une colonie très lointaine et quasi inconnue, une présence française très faible numériquement, et une défaite...
Même chose pour les opérations d'Indochine. On le sait, l'Histoire et la mémoire font des choix, et que pèse cette campagne au regard de la Campagne de France de mai-juin 1940, ou des opérations en Normandie, ou de la libération de Paris ou de celles de Lorraine en 1944? Alors autant la présence anglosaxonne s'explique aisément, puisqu'ils furent les principaux opposants au Japon, autant la France fait des choix et préférera sans doute commémorer la fin du conflit par la victoire sur le Japon. En ce sens l'initiative du rédacteur de ce fi est tout à son honneur et mérite d'être diffusée. Cependant ces opérations restent affaire de spécialistes, dont nous faisons partie.
Et quand à l"école, elle fait des choix comme avec les programmes officiels... Et l'historiographie, dont je ne me lasserais de rappeler l'importance, évolue avec le temps, et la recherche. Ainsi, dans les manuels de primaire des années soixante, on mettait en valeur De Gaulle et la Libération, en mentionnant à peine les Alliés, quand à Pétain et la Collaboration, rien...!!! aujourd'hui on insiste sur la Résistance mais aussi la Collaboration et les Juifs. Et aujourd'hui l'Indochine occupe une bien faible place dans les programmes: colonisation, noyée dans des considérations générales; décolonisation quand on aborde la guerre d'Indochine, et aussi dans le cadre de la Guerre Froide. Soit environ... une heure à une heure trente!!! Alors on va à l'essentiel et on fait des choix.
Ah oui, le 2 septembre 1945, c'est la date de la proclamation de l'indépendance du Vietnam par Ho Chi Minh, texte souvent étudié en leçon sur la décolonisation.
A vous!
Je suis en partie d'accord avec ce que vient d’écrire Frontovik .
En partie seulement , car je connais au moins un contre-exemple qui concerne ma famille , ou l'un des cousins fut maquisard, puis ensuite enrôlé dans l'armée Française en 44/45 . Aussi , si le secteur ou vivait la famille avait été libéré en 44 ( sud ouest Français ) , ce n'est qu'en 45 , au retour du cousin que la famille détermina que la guerre était terminée ... pour eux ( il fut démobilisé ayant perdu un pied sur une mine ) .
Mais pour autant , la famille n'allait pas rester longtemps sans guerre , ou sans "fils" envoyés dans les secteurs a risques/en guerre , puisque mon père ( et surement un oncle ou deux ) parti ensuite pour l’Indochine .
Donc il y a deux degrés dans la mémoire , celui qui touche directement certaines familles, et qui ont bien conscience de certaines dates , et ce qui est enseigné a nos jeunes élèves , dans les écoles .
L'histoire a l’école a toujours été critiquée , mais n'oublions pas , par exemple , que l'on enseignait autrefois "nos ancêtres les gaulois" en Algérie , par exemple , qui faisait partie de la France , pas de l'empire colonial . Il ne faut pas négliger aussi l'obscurantisme politique , dans ces années la , ou l'on tait volontairement certains "mauvais passages de l'histoire" , pour en souligner d'autres , a outrance, qui n'avaient pas forcément beaucoup de poids réels .
Je ne critique en rien les enseignants , ils ont fait ce que l'on leur a ordonné de faire .
Je donne juste un exemple : Bir Hakeim apparait dans des manuels d'histoire ( d'une époque que j'ai connu ) , quasiment au meme titre que Midway ou Stalingrad . Nous voyons bien ici une impulsion politique , dans le domaine de l'enseignement , pour un événement assez mineur et de portée tactique , contrairement aux deux autres .
Aujourd'hui , on se rends compte que l'enseignement apporté sur la seconde guerre mondiale est largement imparfait , mais le temps manque , et nos professeurs ne sont pas tous des spécialistes de la seconde guerre mondiale . Ils ont un programme a respecter, et peu de temps avec leurs élèves , donc il ne faut pas imaginer qu'ils vont faire des miracles , jusqu’à amener les élèves a réfléchir sur une autre date de fin de la seconde guerre mondiale ...
Alain