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Le raid de Doolittle : au coeur du Japon.

Nouveau messagePosté: 03 Aoû 2007, 17:38
de Major
Bonjour à tous,

Sept mois après Pearl Harbor , les Etats Unis ont voulu marquer l'opinion américaine mais aussi les japonais en allant bombarder le coeur du Japon. La mission était très délicate car le 15 B25 qui ont décollé des porte-avions positionnés assez près des côtes Japonaises. Malgré la difficulté de la mission celle-ci fût un réel succès. Un seul bombardier fût abattu par la DCA.

Ce qui surprend c'est la stratégie du retour. Un seul B25 s'est posé en Russie alors que les autres atterrissaient en Chine occupée. Là, malheureusement, la plupart des équipages ont été massacrés. Je me demande pourquoi, il n'a pas été possible de diriger tous les appareils en Russie ou éventuellement de les faire se reposer sur les porte-avions. Au pire, dans le cas où ils étaient "short pétrole", ne valait-il pas mieux tenter un saut en mer ?

Major, :|

Re: Au coeur du Japon.

Nouveau messagePosté: 03 Aoû 2007, 20:16
de vandoos_22e_bataillon
Major a écrit:Bonjour à tous,

Sept mois après Pearl Harbor , les Etats Unis ont voulu marquer l'opinion américaine mais aussi les japonais en allant bombarder le coeur du Japon. La mission était très délicate car le 15 B25 qui ont décollé des porte-avions positionnés assez près des côtes Japonaises. Malgré la difficulté de la mission celle-ci fût un réel succès. Un seul bombardier fût abattu par la DCA.

Ce qui surprend c'est la stratégie du retour. Un seul B25 s'est posé en Russie alors que les autres atterrissaient en Chine occupée. Là, malheureusement, la plupart des équipages ont été massacrés. Je me demande pourquoi, il n'a pas été possible de diriger tous les appareils en Russie ou éventuellement de les faire se reposer sur les porte-avions. Au pire, dans le cas où ils étaient "short pétrole", ne valait-il pas mieux tenter un saut en mer ?

Major, :|


Bonjour, Les b25 étaient trop peu maneuvrables et trop balourds pour atterir sur le porte avion.

Mais est tu sur que les équipages ont été abattus?

Nouveau messagePosté: 03 Aoû 2007, 21:19
de Nicolas Bernard
Le rayon d'action des B-25 était insuffisant pour rejoindre le porte-avions Hornet, lequel devait très vite s'éloigner pour fuir la Marine impériale.

Les B-25 ne pouvaient pas atterrir en Union soviétique, car cette dernière n'était pas en guerre avec le Japon. L'équipage a en conséquence été... interné - mais a pu quitter le territoire soviétique fin 1943, via l'Iran.

Des aérodromes avaient été aménagés par les Chinois, lesquels auront à subir la fureur japonaise. L'armée impériale, en effet, s'efforcera de massacrer plusieurs milliers de civils chinois en représailles (250.000 d'après les sources chinoises, chiffres peut-être exagérés), conséquence méconnue et imprévue du raid.

Nouveau messagePosté: 04 Aoû 2007, 14:02
de Major
Bonjour à tous,

Effectivement quand je dis "les équipages ont été massacrés" je dis une bêtise. En fait ce sont les conséquences du raid qui ont conduit à des représailles massives sur la population.
Cependant, le retour de la mission, faute de carburant, malgré quelques réserves embarquées, sera difficile. Il n'y avait plus de liaison radio entre les appareils et même le colonel Doolittle pensait que la mission était un échec.

Mais il me semble bien que le B25 pouvait aussi se poser sur porte-avions.

Nouveau messagePosté: 04 Aoû 2007, 15:21
de romualdtaillon
Comme le souligne Nicolas, les avions ne pouvaient pas atterrir en URSS sans risquer de créer un incident diplomatique avec le Japon. J'ajouterais que des négociations avec les soviétiques pour un retour à Vladivostock ont été menées en vain par les américains.

Pour ce qui est du retour sur le porte-avion, cela a été jugé techniquement trop difficile.

Voici le rapport rédigé en juillet 42 par Doolittle qui traite lui-même de ces éléments. Le document contient aussi les rapports des aviateurs revenus en sol chinois non occupé :

http://www.ibiblio.org/hyperwar/AAF/rep/Doolittle/Report.html

En ce qui a trait à la campagne punitive du Zhejiang-Jiangxi, je me souviens avoir pris connaissance de sources nippones sur le nombre de victimes chinoises et on parlait là aussi de plusieurs centaines de milliers de personnes. Je tente de les retrouver.

P.S.

Le sujet du raid de Doolittle a déjà été traité ici dans cette rubrique. J'y fais entre autres référence à la querelle entre Tôjô et Sugiyama sur le sort des aviateurs capturés et réglée par Hirohito :

http://www.debarquement-normandie.com/phpBB2/viewtopic.php?t=2150

Nouveau messagePosté: 04 Aoû 2007, 17:04
de Nicolas Bernard
Intéressant, j'ignorais que Tojo et Sugiyama s'étaient disputés à cette occasion...

La première réaction de la propagande japonaise avait été de minimiser le raid. Mais devant le battage médiatique fait par les Américains, Tokyo changera son fusil d'épaule - si je puis dire - dans les jours suivants, stigmatisant ces aviateurs "inhumains", "déséquilibrés", "maléfiques", véritables "bêtes sauvages" pour avoir commis cet "acte cruel et inhumain" qu'avait été le raid, puisque lesdits aviateurs étaient tout bonnement accusés d'avoir bombardé et mitraillé des écoles, des hôpitaux et des enfants - la peine de mort fut aussitôt instaurée contre les aviateurs capturés (voir John Dower, War without mercy. Race & Power in the Pacific War, Pantheon Books, 1986, p. 48-50).

La Maison-Blanche en profita pour dénoncer la barbarie nippone, mettant l'accent sur le sort qui attendait chaque Américain s'il était capturé. Trois des aviateurs furent effectivement exécutés, les cinq autres condamnés à la réclusion à perpétuité, et l'un d'entre eux mourut en détention : tous avaient fait l'objet de tortures. Un film de propagande assez efficace, The Purple Heart, sortit également sur les écrans en 1944 et retraçait de manière fictive (quoique...) le fameux procès des pilotes, dénonçant les tortures nippones et la volonté de conquête de Tokyo. Le film Thirty Seconds over Tokyo sortit la même année, avec Spencer Tracy dans le rôle de Doolittle.

Paradoxalement, l'annonce, assez équivoque, que l'équipage capturé allait être passé par les armes, scandalisa les Allemands, mais le porte-parole nippon du Bureau d'Informations leur suggéra d'agir de même pour lutter contre les bombardements alliés (Robert Guillain, La guerre au Japon, Stock, 1979, p. 90-91). Conseil appliqué en 1944, lorsque Martin Bormann autorisa le lynchage des aviateurs alliés par la population civile.

Nouveau messagePosté: 04 Aoû 2007, 17:16
de Nicolas Bernard
romualdtaillon a écrit:En ce qui a trait à la campagne punitive du Zhejiang-Jiangxi, je me souviens avoir pris connaissance de sources nippones sur le nombre de victimes chinoises et on parlait là aussi de plusieurs centaines de milliers de personnes. Je tente de les retrouver.


En tous les cas, l'historien Gavan Daws reprend le chiffre à son compte dans Prisoners of the Sun. POWs of World War II in the Pacific, Quill & William Morrow Company, 1994, p. 277. Jean-Louis Margolin, dans son livre pourtant très complet, ne mentionne pas l'épisode.

Nouveau messagePosté: 05 Aoû 2007, 01:23
de romualdtaillon
Nicolas Bernard a écrit:Intéressant, j'ignorais que Tojo et Sugiyama s'étaient disputés à cette occasion...


Ironiquement, c'est «l'abominable Tôjô», considéré par les occidentaux l'ennemi numéro 1, qui a plaidé la clémence devant Hirohito...

Les archives ne permettent malheureusement pas de savoir pourquoi ce dernier a choisi d'en faire exécuter 3 sur 8. À mon avis, cela illustre l'indécision chronique de Shôwa. En agissant de la sorte, il coupait la poire en deux et n'étant convaincu ni par l'argumentation de Tôjô, ni par celle de Sugiyama, .

Nouveau messagePosté: 05 Aoû 2007, 01:30
de romualdtaillon
Nicolas Bernard a écrit:
romualdtaillon a écrit:En ce qui a trait à la campagne punitive du Zhejiang-Jiangxi, je me souviens avoir pris connaissance de sources nippones sur le nombre de victimes chinoises et on parlait là aussi de plusieurs centaines de milliers de personnes. Je tente de les retrouver.


En tous les cas, l'historien Gavan Daws reprend le chiffre à son compte dans Prisoners of the Sun. POWs of World War II in the Pacific, Quill & William Morrow Company, 1994, p. 277.


et il cite comme source The Doolittle Raid de Carroll Glines, 1990 et Thirty seconds over Tokyo, de Ted Lawson, 1945, que je n'ai pas lu.

Je cherche encore ma source sur l'opération Sei-Go dans mes archives... Je ne serais pas surpris que ce soit Mitsuyoshi Himeta ou Akira Fujiwara.

Nouveau messagePosté: 05 Aoû 2007, 11:42
de Major
Bonjour à tous,

Je suis désolé d'avoir posté ce fil alors que je ne possédais que quelques éléments d'information (les souvenirs d'une lecture lointaine). En espèrant ne pas avoir offusqué les puristes. Le webmaster à même jugé bon d'en changer l'intitulé du sujet. C'est sans doute ma précipitation dû à ma récente inscription.

Après lecture des différentes infos que vous avez fournies, on remarque que c'est quand même une mission très complexe qui a nécessité des mois de préparation et qui apparemment n'a rien laissé au hasard. Ma question de pourquoi ne pas avoir organisé le retour différemment était sans doute un peu déplacée.

En fait tout était bien monté mais il y avait forcément une part d'imprévus comme toutes les missions militaires. Le fait d'avoir dû décoller plus tôt que prévu a eu pour effet d'entammer largement les réserves de carburant. Le mauvais temps au retour était aussi de la partie et un sytème radio devant permettre le guidage des appareils était HS.

Finalement, la mission aura été un succès et les conséquences sur la population chinoise n'était évidemment pas prévisible.