Post Numéro: 13 de pierma 02 Fév 2023, 23:49
RoCo a écrit:pierma a écrit:Paulus peut aussi estimer que ses hommes survivront en plus grand nombre comme prisonniers que dans des combats éparpillés dans la steppe.
Je ne pense pas que Paulus a réfléchi dans ces termes . Par contre, il estime que si l'armée se trouve bloquée en pleine steppe, elle
n'a aucune chance de survie . Mieux vaut se battre alors à Stalingrad .
merci pour tes chiffres sur le carburant. Après peu importe le nombre de chars restants : ils n'avaient plus de carburant à mettre dedans.
Sur le choix de Paulus je lui invente peut-être des préoccupations qu'il n'avait pas. Mais le raisonnement d'Hitler pour refuser toute évacuation, dans les jours précédents, c'était que Stalingrad fixait des armées russes qui risquaient sinon de descendre sur les arrières des troupes allemandes au Caucase. Hors ce raisonnement n'a de sens que dans la mesure où l'armée encerclée était encore en mesure de combattre. Paulus était assez bon professionnel et en savait assez sur la situation de ses troupes pour savoir que ce n'était plus le cas, sinon pour quelques jours encore.
La meilleure preuve se trouve dans le choix qu'il a fait de se rendre : cela est raconté par un jeune lieutenant, Joachim Wieder (ou Wider) dans "Stalingrad ou l'honneur du soldat." Ce lieutenant défendait une place, sur toute la longueur, avec des Russes dans les bâtiments d'en face. Plus guère de munitions, pas d'armes lourdes, et les Russes en face mettent en batterie des pièces antichars légères qu'ils ont tiré à bras dans les ruines pour les amener là. Ils tirent quelques coups d'avertissement, puis demandent aux Allemands de se rendre, sinon ils en feront un massacre avant d'attaquer. On parlemente, et il prend la décision d'annoncer qu'il se rendra le lendemain matin.
Le lendemain matin, parce que derrière lui, dans le même pâté d'immeubles, il y a le QG de Paulus. Il va donc prévenir Paulus de sa reddition prochaine. C'est courageux parce que l'ordre est de tirer sur tout soldat qui se rend. Il prend donc le risque d'être fusillé. Mais ce n'est pas ce qui se passe : Paulus approuve son choix et l'informe que lui-même se rendra dans la foulée le lendemain matin.
Le lendemain il rend son unité et fait savoir aux Russes que Paulus n'est pas loin et est prêt à se rendre. Il les accompagne, et sa surprise du jour est de tomber sur Schmidt en grand uniforme, avec son ordonnance et ses bagages à côté de lui.
Puis il rejoint ses hommes pour partir vers la captivité.
Ce récit me fait dire que Paulus n'était pas du tout dans la disposition de se battre jusqu'à la dernière cartouche pour accomplir la mission de sacrifice voulue par Hitler. C'est pour cela que je pense qu'il n'est pas impossible qu'il ait pensé à la survie de ses hommes, mais c'est pure spéculation de ma part...