Slovak a écrit:Etant d origines slovaque j aimerais savoir si vous aviez des informations sur ce qui ce passat dans ce pays pendant la guerre. J ai appris il y a environ 1 an que la résistance en 1944 avait bloqué plusieurs division allemandes dont une SS blindée dans les Carpates et cela avait permis aux russes de prendre Budapest beaucoup plus facilement. Il a mème été ajouté dans le texte que cette résistance qui fut réprimée dans le sang aurait racourci la fin de la guerre d au moins 6 mois dut faites des unités allemandes bloqués qui ne pure défendre les grandes villes qui tombèrent donc beaucoup plus vites sous l emprise des soviétiques. Merci d avance pour vos réponses
Voici une petite synthèse que j'ai faite par rapport à un article de François de Lannoy, dans 39-45 Magazine, n°136, octobre 1997.
Naissance de la Slovaquie.
a)
Le démantèlement de la Tchécoslovaquie.
Le 7 octobre 1938, au moment où les allemands occupent les Sudètes, Mgr
Tiso, chef du parti populiste qui pendant 20 ans s’est battu pour le respect des droits slovaques contre le centralisme tchèque, déclare l’autonomie de la Slovaquie. Puis le 14 mars 1939, sous la pression d’
Hitler, il proclame l’indépendance. Deux jours plus tard, avec la création du Protectorat de Bohême-Moravie, la Tchécoslovaquie a cessé d’exister.
b)
Nature de l’Etat slovaque.
Le nouvel Etat, avec 3 millions d’habitants qui a pour capitale Bratislava, est dirigé par un prélat et compte, parmi son personnel politique de nombreux ecclésiastiques. Il n’est ni démocratique, ni autoritaire et encore moins fasciste, mais cas unique à cette époque en Europe, fondé sur la doctrine sociale chrétienne. Cela ne l’empêche pas, par la force des choses, d’être étroitement soumis au Reich.
Dès la proclamation de l’indépendance, Mgr
Tiso est contraint de placer la Slovaquie sous la « protection » du Reich. Les modalités de ce protectorat sont définies et signées dès le 17 mars 1939. Cet accord valable 25 ans prévoit :
la prise en charge par l’Allemagne de la défense, de l’indépendance politique et de l’intégrité territoriale de la Slovaquie.
Le droit pour l’Allemagne d’établir des installations militaires sur les frontières slovaques quand bon lui semblera.
La possibilité pour le gouvernement slovaque d’organiser ses propres forces militaires à condition que cela se fasse en étroit accord avec la Wehrmacht.
L’obligation pour la Slovaquie d’aligner sa politique étrangère sur celle du Reich.
Quelques jours après la signature de ce traité, la première clause n’est pas respectée par la nation protectrice. Le 24 mars 1939, trois colonnes motorisées hongroises pénètrent en territoire slovaque. Quelques avions slovaques décollent du terrain de
Spisska Nova Vès, mais en riposte, les Hongrois bombardent le terrain, et le 25 mars, devant l’absence de réaction des allemands, Mgr
Tiso est obligé de signer un cessez-le-feu. Le 30 mars, la Slovaquie est contrainte de céder à la Hongrie 1 700 km2 de territoire peuplé par 70 000 habitants dont une bonne partie hongroise.
Aussi, pour éviter que son Etat soit dépecer par ses voisins, Mgr
Tiso multiplie les gestes d’allégeance envers Berlin. Parmi ses gestes, l’engagement de la petite armée slovaque aux côtés de la Wehrmacht en Pologne et en Russie.
L’armée slovaque.
c)
L’armée de terre.
Dès la déclaration d’autonomie, en octobre 1938, les dirigeants slovaques mettent en place une armée. Les unités slovaques, conformément au 4eme point du Traité avec l’Allemagne, vont participer à l’invasion de la Pologne. Mgr Tiso, en septembre 1939, décrète la mobilisation de l’armée et de la
garde Hlinka, formation paramilitaire du parti populiste slovaque. 115 000 réservistes sont appelés sous les drapeaux. 3 divisions d’infanterie et une division d’infanterie légère motorisée sont constitués. Ces forces sont intégrées dans la
14.Armee du Général
List, alors stationnée en Slovaquie, le long de la frontière polonaise. Outre cette participation directe aux opérations, la Slovaquie met à la disposition de la
Luftwaffe son terrain de
Spisska Nova Vés.
Lors de l’invasion de la Russie par l’Allemagne, le 22 juin 1941, Mgr
Tiso se range aux côtés du Reich. 2 divisions et un groupe rapide sont formés. Ces 3 unités regroupent 1 346 officiers et 40 393 sous-officiers et soldats. Les forces slovaques sont engagées à partir du mois d’août au sein de la
17.Armee, une des composantes du
GA.Sud, sous la direction du Général
Catlos, à la fois chef d’état-major général et Ministre de la Défense. Mais en fait, seuls 18 000 soldats iront au front, constitués en 2 divisions :
une division rapide (
Ryhchla Division).
Une division de sécurité (
Zaistna divizia).
La division rapide est formée de deux régiments d’infanterie, d’un régiment d’artillerie et d’un bataillon de chars. Elle participe à la conquête de la Crimée, mais elle perdra tout son équipement lourd lors de l’évacuation de la tête de pont du Kouban, en 1943. Elle est alors reformée sous l’appellation de la
1re division d’infanterie slovaque. A la tête de la division rapide se succèderont les généraux
Josef Turanec et
Augustin Malar.
La division de sécurité comprend 3 bataillons engagés sur les arrières du
GA.Sud dans la lutte anti-partisans. Dès l’année 1942, elle connaît de nombreux cas de désertion, 800 soldats slovaques rejoignent les partisans ukrainiens. En juillet 1942, à l’occasion d’une réunion de la commission de Défense Nationale de la diète de Bratislava, le général
Catlos constate que le défaitisme gagne tant la troupe que les officiers et que l’influence de Londres et de la propagande communiste se fait sentir.
La situation empire en 1943. Ainsi, à la
1re division d’infanterie, un régiment entier et son encadrement, soit 2 000 hommes, passe à l’ennemi. Un peu plus tard, en Crimée, 140 soldats rejoignent les partisans soviétiques à Odessa.
En septembre 1943, le général
Catlos intervient auprès de l’OKW pour que ses forces soient retirées du front de l’Est.
Hitler refuse et demande au contraire que la Slovaquie augmente son contingent.
Catlos obtint finalement que ses unités soient placées sur un front plus calme.
Les deux divisions sont alors retirées du front russe et amalgamée en une nouvelle unité baptisée « brigade technique ». Cette brigade devint une division et fut envoyée en Italie du Nord.
d)
L’armée de l’air.
En 1940, l’armée de l’air slovaque comprend trois groupes de chasse, trois groupes de reconnaissance et une unité technique. Ces forces interviennent pendant la campagne de Pologne puis en Russie. En URSS ne sont envoyés que deux des trois groupes de chasse, équipés d’avions tchèques
Avia B-534 et un groupe de reconnaissance équipé de
Letov S-328 biplans, matériel, alors complètement démodés.
Aussi, dès octobre 1941, les unités aériennes slovaques sont retirées du front de l’Est et envoyées en Allemagne pour être rééquipées. Au cours de l’été 1942, ces forces, réduites à un groupe de chasse (n°14) équipé de
Me-109E et à un groupe de reconnaissance reviennent sur le front et sont intégrées à la
Luftflotte 4 qui assure l’appui aérien du
GA.Sud. Les aviateurs slovaques du groupe de chasse subissent de lourdes pertes au cours de l’automne 1943 et sont rééquipées de
Me 109G, ceux du groupe de reconnaissance reçoivent des bombardiers He 111.
L’armée de l’air slovaque qui comprenait environ 4 000 hommes, n’a jamais eu plus de 80 appareils en état de combattre.
L’armée slovaque à la fin de la guerre.
En décembre 1943, un groupe d’opposants slovaques au régime de Mgr
Tiso fondent un
Conseil National Slovaque, où siègent les anciens partisans de la Tchécoslovaquie ainsi que des communistes, et se met sous la protection des soviétiques. Il organise des maquis avec des déserteurs, des agents tchèques, des prisonniers évadés, et des partisans soviétiques. Il obtient le ralliement de certains militaires comme le lieutnant-colonel
Jan Golian, commandant les troupes du district de
Banska-Bystrica. Au cours de l’été 1944, le Conseil engage des pourparlers avec le général
Catlos et le général
Malar, commandant les troupes de Slovaquie orientale, pour faire passer l’armée slovaque dans le camp allié.
Le 25 août, la garnison de
Turciansky et son chef, le colonel
Perko, se rallient au maquis après avoir assassiné un général allemand. Le 26 août, Mgr
Tiso est sommé de se débarrasser du général
Catlos jugé peu sûr par les allemands. Dans la nuit du 28 au 29 août 1944, les insurgés capturent le général
Turanec, pro-allemand. Le 29 août, les troupes allemandes rentrent en action, arrêtant le général
Malar.
Catlos s’enfuit à Bratislava. Il rejoint le maquis le 3 septembre. Mais les insurgés, inquiets de son double-jeu, le livrent aux soviétiques qui le fusillent.
En septembre-octobre 1944, 4 divisions allemandes dont deux SS, épaulés par les 15 000 membres de la
garde Hlinka, matent la rebellion, 2 000 slovaques vont trouver la mort. Comme à Varsovie, l’armée rouge ne bougea pas, laissant les insurgés se faire massacrer. Une vaste répression tombe sur le pays. 19 000 personnes sont arrêtées, 2 250 sont fusillées. Toujours en place, Mgr
Tiso refusera de changer de camp, et au moment de l’arrivée des troupes soviétiques, il se replie, avec son gouvernement en Autriche et se met sous la protection des troupes américaines.
En octobre 1945, il est livré aux nouvelles autorités tchécoslovaques. Son procès commence le 3 septembre 1946, il sera condamné à mort et pendu le 19 avril 1947.