La réponse est, selon moi, à la fois politique ET militaire.
Militaire pour une simple raison. L'Armée Rouge a atteint les objectifs de ses offensives dans la région: (qui n'a rien à voir avec Bagration soit dit en passant. Bagration a pour objectif Minsk. Les opérations visant la Vistule sont nommées Lvov-Sandomiertz et Kovel-Lublin)obtenir des têtes de ponts indispensables pour lancer la phase suivante.
Elle va donc faire une pause opérationnelle pour permettre la mise en place de sa prochaine attaque (rameuner l'artillerie qui traine loin à l'arrière, remonter les stocks de munitions, établir les lignes logistiques, regrouper ses unités, remettre ses unités sur pied après un effort long et prolongée etc).
Politique parce que cela arrange Staline que l'AK se fasse casser les reins par les Allemands. DAns une optique plus long terme d'après guerre, la disparation d'une organisation armée hostile rend plus facile la mise en place du régime politique communiste d'après guerre.
Au fond Rokossovski a abandonné un succès tactique mais de 1er importance au profit d'une situation opérationnelle , deux têtes de pont sur la Vistule.
Exercice typique de pensée militaire soviétique.
Je dirais plutot exemple typique de l'excellence soviétique de l'époque. L'Arme Rouge a bien compris qu'un succès tactique même le plus brillant qui soit ne sert à rien (chose que la Wehrmacht n'a jamais compris).
Ce qui compte c'est le succès opérationnelle qui ouvre des perspectives stratégiques tout autre. Les sovietiques pensent en terme d'opération et non de bataille. Ils préparent, en sacrifiant un pion tactique la victoire stratégique en accumulant les gains opérationnelles. Pour les soviétiques on ne gagne pas une guerre via la maitrise tactique (ce que font les allemands). On gagne la guerre via une maitrise opérationnelle et stratégique. L'Histoire montre qui avait raison et qui avait mieux compris les enjeux de la guerre moderne.