Mat02 a écrit:Bonjour,
5000 roubles de 1942-43 ça fait combien en euros et de combien été la paye d'un soldat soviétique ?
C'est assez compliqué à estimer car il n'existait pas de parité officielle rouble/US $ ou autre monnaie européenne.
J'ai réussi à dénicher une revue d'études comparatives Est-Ouest, publiée en 1970, où figure le tableau ci-après... Évolution "programmée" du salaire annuel "moyen" soviétique entre 1928 et 1940
Sachant que :
1) la valeur du rouble, durant ces douze années, passe son temps à fluctuer et, surtout, se casser la gueule, au gré des crises des récoltes, des échecs des plans annuels et quinquennaux, tandis que l'inflation interne frappe de plein fouet les produits de consommation courante . Accessoirement, le salaire moyen soviétique n'avait pas une logique de croissance "capitaliste" en fonction de la profession, un camarade ouvrier touchant bien souvent plus qu'un camarade professeur ou un ingénieur. Les achats à l'international étaient réglés, semble-t-il, sur la base de l'étalon-or, l'URSS disposant, probablement, de la plus grande réserve mondiale d'or (stock et gisements) - de mémoire, c'est toujours le cas -.
2) Entre 1941 et 1945, le niveau de vie de la population soviétique avait été divisé par deux (dans le meilleur des cas) ! On peut en déduire que le salaire moyen annuel de 4000 roubles, en 1940, n'en représentait, au mieux, que 2000 "réels", durant cette période. Là-dessus, il conviendrait de prendre en compte le système de tickets de rationnement, pris en charge, en partie, par l'Etat, les avantages dont bénéficiaient les membres du Parti, etc.. Soljenitsyne, selon ses propres dires, touchait une solde de 10 roubles, en tant que troupier de base dans l'artillerie soviétique.
L'armée étant, en principe, nourrie, logée, habillée, les soldes de base y sont, en général, inférieures aux salaires des civils, en termes d'équivalence de responsabilités et/ou de fonction. Selon le cas, les sous-officiers et officiers règlent une partie de leur logement et de leur subsistance, sauf que le grade de sous-off, au sein de l'Armée Rouge ne valait pas un pet de lapin. Tous les postes assumés, dans les armées occidentales, par des sous-officiers, étaient, chez les Russes, confiés à des sous-lieutenants et des lieutenants - l'équipage de 4 hommes à bord d'un JS-2, en 1944, comptait pas moins de deux officiers! A l'opposée, dans la Heer, un Oberfeldwebel ou Hauptfeldwebel était, couramment, chef d'un peloton de chars -.
La valeur des primes de récupération, proposées en 1942, constituait une somme plus que rondelette, mais elle était partagée, selon le cas :
1) entre les membres d'un équipage ou d'une équipe de remorquage, soit entre 4 et une demi-douzaine de pinpins, suffisamment "burnés" pour aller récupérer un char en territoire ennemi.
2) Au sein d'une compagnie de remorquage (une cinquantaine de pinpins, tout grades confondus) , qui récupérait les chars en panne ou endommagés, en deçà (mais pas très loin) de la ligne de front. ... 10 chars moyens ou lourds " ramenés au garage", sur dix jours, çà nous fait un par jour, 5 chars légers dans le même temps; selon son état, sa situation sur le terrain, l'opération pouvait, facilement, exiger plusieurs heures, pour parvenir à le rendre remorquable, sans compter le temps de remorquage jusqu'aux ateliers les plus proches. Si, en dix jours, l'équipe ne récupérait que 9 T-34 et 48 T-70, elle pouvait s’assoir sur sa prime!