Dog Red a écrit:thucydide a écrit:OUi ils ont pensé que l'ennemi comme durant leur guerre précédente ferait n'importe quoi, sauf que ce fut le cas pour les Français en 1870 et aussi un peu le cas pour les autrichiens en 1866.
Mais ce ne fut pas le cas en avec les français qui se ressaisissent en 14 et arrêtent leurs attaquent en Alsace-Moselle, même si pour coup le haut commandement français en 40, en 1941, les soviétiques feront de grossières erreurs & négligences, mais se ressaisiront et arrêteront leur ineptie (en fait, en partie Staline)
Les allemands pensent le plus souvent que l'ennemi est idiot et qu'ils lui sont supérieurs, tu as bien souligné la trait caricatural de "pensé" de l'em, mais c'est un héritage.
J'ai toujours partagé ce sentiment.
Les partis pris des stratèges allemands après la victoire de 1870 sont saisissants ! En 1914, ils pensent répéter l'exploit de 1870 contre la France et avoir tout le temps de se retourner contre le colosse russe dont il redoute la masse. Finalement, la France tient (comme la minuscule Belgique dont la traversée avait été imaginée comme une paisible excursion militaire) et le colosse russe s'effondre sous son propre poids.
En 1940, la France reste redoutée par de nombreux généraux allemands échaudés et s'effondre en 8 semaines. Sur ce, comme si l'on rejouait la pièce 25 ans plus tard, la victoire contre la France fait croire aux Allemands que le colosse russe sera battu à plate couture.
Quid de cette incapacité à se remettre en question ?
Une incurie propre à l'Allemagne ? au nationalisme débridé (nous vaincrons car nous sommes les meilleurs) ? au nazisme ?
De mon opinion il faut regarder du coté de la seconde de tes explications. L'EM allemand est atrocement imbus de lui même et ne cherche pas à remettre en question ses principes. Le mythe du sous homme slave brutal mais incapable de manœuvrer est récurrent depuis la Guerre de 7 ans chez les prussiens. 200 ans plus tard les écoles militaires allemandes ne sont toujours pas extirpés cette idée de la tête. Pourtant durant la Premiere Guerre Mondiale les russes seront capables de manoeuvrer vraiment bien. L'offensive de Brusilov en 1916 par exemple est un bon exemple. Mais même ainsi la mentalité ne change pas. Plus dérangeant dans les années 30 l'URSS fait montre d'une capacité à manoeuvrer tres supérieurs à ce qui existe ailleurs. Les premieres divisions blindés sont soviétiques. L'encerclement vertical avec les paras vient aussi d'URSS. Et surtout la doctrine opérative est en train de s'imposer de plus en plus. Là encore les allemands vont continuer à totalement méprisés les généraux et les hommes qu'ils affronteront une dizaine d'années plus tard.
Manstein est un pur produit de cette mentalité sclérosée.
L'incurie propre à l'Allemagne? non car les Francais ne seront pas faire mieux. Les Brits seront aussi dans le meme cas en ne cherchant pas à assouplir leurs reglements appliqués trop à la lettre.
Le nazisme n'arrive qu'assez tardivement dans l'armée. De plus le début du réarmement n'est pas le fait de Hitler mais de la République de Weimar. Il y a des tas de programmes qui sont lancés à la fin des années 20 pour moderniser les équipements. Par exemple le programme du He-111 est lancé en 1932...soit avant le nazisme. Pour les blindés c'est en 1929 que s'ouvre l'Ecole de Kazan où les officiers allemands vont se former à la guerre blindé auprés des soviétiques.
thucydide a écrit:La seule décision stratégique a été l'offensive vers Kiev et la prise de tout le centre et sud de l'Ukraine.
Mais qui émane de ah et non de l'okh.
On comprend mieux ses critiques vis à vis de l'okh, mais il n'avait ni les connaissances et les capacités pour le remplacer à lui seul, comme il voulu le faire.
La seule décision stratégique ?
De mémoire, la directive Barbarossa cite nommément Leningrad, l'Ukraine et Moscou comme objectifs stratégiques de la campagne et dans cet ordre.
Certes, Leningrad n'est pas investie mais neutralisée (son potentiel industriel retiré aux Russes) ; la prise de l'Ukraine est importante, celle de Moscou un échec... dû à une analyse erronée de la situation (ce me semble).
Le potentiel industrielle de Leningrad ne fut pas oté aux soviétiques. Les usines vont continuer à tourner et à produire des armes pour les unités qui défendent la zone. L'approvisionnement en matières premières ne sera jamais vraiment coupés car la navigation sur le Lac Ladoga n'est pratiquement pas entravé.
L'échec de Moscou n'est en rien imputable à une analyse erronée de la situation au moment de l'attaque. Elle est le résultat d'une incroyable suffisance de l'EM incapable d'établir une stratégie cohérente et adaptative aux circonstances. Ainsi ils n'ont aucun plan logistique, aucun plan industriel pour soutenir leurs efforts, aucun plan dans le domaine du renseignement, aucune idée des capacités de résilience d'une armée moderne, aucune maitrise des opérations sur de si longues distances etc.
Bref ils sont un peu partie au petit bonheur la chance aveuglés par leur pseudo supériorité. Ils n'avaient pas de stratégie vraiment viable hormis leurs visions étriqués de la bataille décisive qui allait tout emporter.
Dog Red a écrit:@Finril56 "Les allemands sont partis sans plan stratégique"
Oui et non.
Oui, selon moi, dans le sens où la recherche d'une bataille décisive comme condition nécessaire et suffisante à la victoire fut un leurre (et encore... si Moscou était tombé à l'automne ???).
Tout les historiens un tant soit peu sérieux te répondront la même chose. Les allemands n'avaient pas la moindre chance d'atteindre Moscou à l'automne peu importe ce qu'ils auraient fait. Leur "plan" stratégique baclé au possible rendait cette hypothése tout simplement impossible.
Non, dans le sens où Barbarossa est planifié sans tenir compte de l'éventualité d'une prolongation au-delà de l'automne. Effectivement, comme si l'ennemi était idiot, "Un sac de pommes de terre pourries dans lequel il suffira de donner un coup de pied".
Barbarossa est aussi "planifié" sans tenir le moindre compte de la logistique. Les allemands n'ont rien prévu dans le domaine. Du coup, au bout de 300kms de penetration toute la machine tombe déjà en ruine. Ce fut déjà le cas en France. Mais les allemands n'ont absolument pas tenu compte de ce fait. Et ce qui faillit leur couter cher en France leur sera juste fatal en URSS.
C'est cette absence de planification correcte qui me fait dire que les allemands sont partis sans plan stratégique.